DES DÉMOCRATIES PACIFIQUES 7
tie, les gouvernants ont plus besoin que ceux de
jadis de répandre l'erreur. D'où l'accroissement
du nombre des journaux. »
Or le 1er juin 1938, M. Chautemps, vice-pré-
sident du Conseil des ministres, à une réunion
offerte à des journalistes étrangers, leur dit :
« La propagande est une chose dont on ne peut
pas parler dans un État démocratique. C'est
un acte dictatorial. Propagande et régime démo-
cratique sont deux idées qui s'excluent. »
M. Chautemps a dit aussi : « La profession de
journaliste est la plus belle de toutes. Elle peut
être affreuse si elle est au service d'intérêts
et de passions. » Il estime donc que dans notre
démocratie la presse ne se met pas au service
d'intérêts ou de passions. Sans quoi il n'aurait
pas tenu ce langage aux journalistes étrangers.
Voilà deux opinions diamétralement opposées.
Le danger des démocraties, dit le sociologue
anglais, c'est la facilité avec laquelle l'opinion
se laisse prendre à la propagande du gouverne-
ment et des journaux ; il faudrait donc y dévelop-
per le plus possible l'esprit critique. Le privilège
des démocraties, dit l'homme d'Etat français,
c'est que la propagande du gouvernement et des
journaux y est inconnue, et y serait impossible ; on
ne les trompe pas et on ne pourrait les tromper.