Napoléon à Fontainebleau - Château de Fontainebleau

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Napoléon à Fontainebleau
Dossier de presse
Image de couverture : Napoléon en costume de Sacre par le baron François Gérard - © Gerard Blot - RMN - château de Fontainebleau - Conception graphique : des Signes, paris - 2010
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napoléon et fontainebleau
l’empreinte de napoléon à fontainebleau
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p. 24
Sommaire
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François Ier, Henri IV et Louis XV ont aimé Fontainebleau pour sa forêt giboyeuse.
Chacun s’est attaché à embellir l’antique demeure. Attentif à inscrire son propre règne
dans la continuité, Napoléon s’appliqua à faire siennes les résidences de ses prédécesseurs.
À leur exemple, il éprouva très vite une forte prédilection pour Fontainebleau. Premier
Consul, il accomplit le 20 novembre 1803, une première visite offi cielle dont l’objet est
d’inspecter l’École spéciale militaire abritée dans une partie des bâtiments de la cour du
Cheval blanc. Loccasion lui est alors donnée de découvrir la noblesse de l’édifi ce, son
histoire et son implantation privilégiée entre ville et forêt. Après Saint-Cloud, l’Empereur
souhaite faire de Fontainebleau sa deuxième habitation de campagne. Le château
l’accueillera désormais à l’automne. En novembre 1804, pour y recevoir le pape Pie VII,
venu pour la cérémonie du Sacre. Plus brièvement en 1805, 55 jours ; en 1807, à partir du
21 septembre ; 20 jours en 1809, du 26 octobre au 14 novembre, et 51 jours en 1810, du
25 septembre au 16 novembre. L’année 1813 fut marquée par un nouveau séjour, plus bref,
du 19 au 27 janvier, au cours duquel Napoléon retrouva à Fontainebleau Pie VII, mais cette
fois-ci prisonnier. Le 6 avril 1814, l’Empereur y signait l’acte d’abdication. Quelques jours
après, le 20, après des adieux à la garde, il quittait Fontainebleau, sans doute avec le
secret espoir de rapidement retrouver les lieux. Le 20 mars 1815, sur le retour de l’Île
d’Elbe, il s’y arrête quelques heures pour une ultime fois.
Chacun de ces séjours permit à Napoléon de mieux connaître le château, d’en goûter
les beautés et d’en percevoir l’épaisseur historique. Très vite, il a aimé cet ensemble unique,
ce « lieu bien calculé et parfaitement convenable », devenu à ses yeux « ce qu’il y avait
sans doute de plus commode, de plus heureusement situé en Europe ». Pour la « vraie demeure
des rois, la maison des siècles », telle qu’il la désignait en août 1816 depuis Sainte-Hélène,
l’Empereur souhaite dès 1804 un remeublement complet afin de redonner vie aux
40 appartements de maîtres et aux 200 logements de suite. Puis, avec l’aide de son
Premier architecte Pierre-François-Léonard Fontaine, et celle des architectes du palais,
s’engage une remise en état et de nouveaux aménagements. Respectueux de l’architecture
de ses prédécesseurs, Napoléon n’a pas souhaité une reconstruction totale afi n de donner
à l’édifi ce cette unité qui, de prime abord, pouvait cruellement manquer. A l’exception de
la destruction de l’aile ouest (ou aile de Ferrare) destinée à dégager la cour du Cheval blanc
devenue cour d’Honneur, l’effort s’est avant tout porté sur les aménagements intérieurs
avec la création de l’appartement Intérieur de l’Empereur en 1805-1807, celle du Petit
Appartement de l’Impératrice en 1807, la reconstruction de la galerie de Diane en 1810 et
la création du Petit Appartement de l’Empereur en 1810-1811. Les séjours de la cour impériale
et les campagnes de travaux conduisent à des remeublements et à la livraison de nouveaux
ameublements. Pendant un peu plus de cinq ans, Jacob-Desmalter, Thomire, Marcion
ou encore Rode sont sollicités afi n de remeubler les appartements d’apparat et les
appartements privés. Fontainebleau devient alors une magnifi que vitrine du savoir-faire
des artisans français.
Ce passé impérial demeure particulièrement présent au sein du château. Véritable
conservatoire du mobilier Empire, superbe ensemble d’appartements histori-
ques parfaitement restaurés dans les états connus par Napoléon Ier et sa fa-
mille, Fontainebleau s’est très légitimement imposé quand, en 1979, fut prise
la décision de créer un musée dédié à l’Empereur. Une part importante de la
donation et de la cession faites à l’État français par le prince Napoléon, la prin-
cesse Alix, son épouse, et la comtesse de Witt, sœur du prince, des collections
de la famille impériale, trouva au château l’écrin le plus approprié. D’autres
chefs-d’œuvre : une partie du « Grand Vermeil », l’épée du Sacre, des habits d’ap-
parat, le berceau du roi de Rome, pour nen citer que quelques-uns, donnèrent
alors encore plus de force à la présence impériale. François Ier semblait s’effacer
devant Napoléon Ier.
Ces appartements et ces collections, nous les voulons aujourd’hui vivants.
Afi n de mieux les faire connaître, il nous a paru important d’en révéler des aspects
méconnus. Ainsi, trop fragile pour être exposé en permanence, l’Album des cérémonies
et des fêtes célébrées à Paris en 1810 lors du mariage de l’Empereur avec l’archiduchesse
Marie-Louise d’Autriche, ensemble de 18 dessins tracés par Louis-Pierre Baltard
(1764–1846), est-il montré au public et publié pour la première fois dans sa totalité
avant de regagner l’obscurité salvatrice des réserves. D’une fi nesse extraordinaire,
chacune des feuilles invite à un voyage au sein des fastes de l’Empire. Ce voyage,
nous espérons vivement que chaque visiteur le poursuivra dans les salles du
musée Napoléon Ier et les appartements, afi n de redécouvrir le cadre de vie
bellifontain de cette cour brillante dont l’Europe fut si envieuse.
jean-françois hebert
président du château de fontainebleau
xavier salmon
conservateur général du patrimoine
directeur du patrimoine et des collections
du château de fontainebleau
à propos
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Napoléon et Fontainebleau
le restaurateur du palais
Vidé de ses meubles et objets d’art, mis à l’encan ou renvoyés au Garde-Meuble
à Paris pendant la tourmente révolutionnaire, le château de Fontainebleau a
subi sensiblement le même sort que les autres résidences royales. Des emblèmes
de l’Ancien Régime sont supprimés (fl eurs de Lys bûchées, bronzes fondus,
statues mises à bas). Les principaux dépeçages concernent à la fois les bâtiments
(en particulier les huisseries des fenêtres) et les éléments de décor (les trumeaux
et les cadres de miroirs). Le château connaît diverses affectations à partir de
1792. Tour à tour prison, magasin à blé ou caserne, il abrite en effet - à partir de
1796 - l’éphémère École centrale de Seine-et-Marne. En juin 1803, c’est l’École
spéciale militaire qui s’installe en bordure de la cour du Cheval blanc. L’Empire est
proclamé le 18 mai 1804 et Napoléon se rend à Fontainebleau dès les 28 et 29 juin
pour inspecter l’École spéciale militaire. Accompagné de l’architecte Pierre-
François-Léonard Fontaine, il décide alors des premiers travaux d’aménagement
destinés à faire du château de Fontainebleau sa seconde habitation de campagne
- après Saint-Cloud - pour les jours d’automne.
le remeublement des appartements
L’année 1804 est décisive pour la restauration et le réaménagement du château
de Fontainebleau, d’autant que la nécessité d’y recevoir - fi n novembre - le pape
Pie VII en route pour Paris et les cérémonies du Sacre, agit comme un formidable
accélérateur. La prévision de ce séjour entraîne la commande d’un très
important ameublement. Mobilier, objets d’art, tableaux, tapis et tapisseries
arrivent donc en grand nombre du Garde-Meuble impérial. Créations de l’Ancien
Régime provenant des anciennes collections royales, de saisies d’émigrés ou
bien commandes passées aux fournisseurs à la mode employés par le nouveau
régime (Jacob-Desmalter, Marcion, Brion, Thomire, Rode, Galle, Biennais, les
manufactures de Sèvres ou de soieries de Lyon), toutes concourent à offrir un
ameublement digne de l’ancienne maison des Rois. Les saisies effectuées chez
le général Moreau - outre le château de Grosbois, l’hôtel de la générale passe
pour l’une des trois plus luxueuses maisons de Paris - sont suivies de l’envoi à
Fontainebleau des exemplaires les plus raffi nés et les plus au goût du jour
du mobilier conçu sous le Consulat. Cette caractéristique - toujours perceptible -
place la collection de mobilier Consulat et des premières années de l’Empire
du château de Fontainebleau au premier rang dans le monde, tant en importance
qu’en qualité. L’effervescence qui prévaut à l’automne 1804 transparaît dans le
Journal de Fontaine. Il y rapporte que « quarante appartements de maîtres, deux
cents logements de suite et des écuries pour quatre cents chevaux » ont été
préparés en un temps record (19 jours). Le troisième appartement du château - le
plus important après ceux de l’Empereur et l’Impératrice - est installé pour le
Souverain Pontife. Il s’agit en réalité d’un appartement double déployé à la
jonction de l’aile des Reines-mères (fi n du XVIe siècle) et du Gros Pavillon de Gabriel
(1750). Aujourd’hui, dans les onze pièces de cet appartement, désormais dit du Pape,
seul le portrait de Pie VII par David rappelle le souvenir des deux séjours qu’il y
effectua, en novembre 1804 et de juin 1812 à janvier 1814. Certes, on y voit
toujours les aménagements antérieurs ou les ameublements contemporains
de l’Empire, mais ce grand décor éclectique vaut surtout pour son témoignage
du goût de Napoléon III et d’Eugénie qui le fi rent réinstaller dans les années 1860.
La seule salle du trône encore visible en France
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les séjours de l’empereur à fontainebleau
Si l’on excepte les visites et passages éclair au château de Fontainebleau,
relais d’étape idéalement situé sur la route du Sud et de l’Italie, Napoléon n’y
séjournera offi ciellement avec sa cour qu’à trois reprises. Renouant avec les
usages de l’Ancien Régime, il y effectue des séjours d’automne, en 1807, 1809
et 1810. Au total, ces séjours représentent 126 jours, soient 55 jours à partir du 21
septembre 1807, 20 jours à partir du 26 octobre 1809 et 51 jours à partir du 25
septembre 1810. En 1807 et 1809, l’Empereur vient avec Joséphine. Au terme de
ce deuxième séjour eu lieu la fameuse annonce du divorce dont les prémices
étaient déjà perceptibles pendant toute sa durée, puisque l’on rapporte que la
porte de communication entre les Petits Appartements de l’Empereur et de
l’Impératrice demeurait close et que Napoléon s’affi chait obstinément seul
dans le salon de sa sœur. Le dernier séjour date de 1810 et se déroule avec la
nouvelle impératrice Marie-Louise, épousée six mois plus tôt. Pour ce séjour-là,
l’Empereur prend soin d’arriver avec huit jours d’avance afi n de s’assurer que
tout est prêt pour accueillir la petite-nièce de Marie-Antoinette. Le programme
des divertissements est à peu près toujours le même, parties de chasse,
représentations théâtrales, concerts, bals… Pourtant, il ne faut pas négliger la
part importante réservée au travail dans l’emploi du temps du souverain.
les deux séjours de pie vii à fontainebleau
Reçu à deux reprises à Fontainebleau par Napoléon Ier, le pape Pie VII a eu
l’occasion d’apprécier à la fois la beauté de l’ancien palais des rois et la qualité
du site. Le premier séjour - du 25 au 28 novembre 1804 - est celui de l’étape sur
la route du couronnement à Notre-Dame. La rencontre « surprise » entre le
pape et Napoléon, qui l’accueille « fortuitement » alors qu’il était à la chasse est
restée fameuse. La commande par Denon en 1806 à Jean-Louis Demarne et
Alexandre-Hyacinthe Dunouy, d’une Entrevue entre Sa Majesté l’Empereur et Sa Sainteté
Pie VII dans la forêt de Fontainebleau (1808), aujourd’hui exposée dans la galerie
des Fastes du château de Fontainebleau le prouve. L’oeuvre témoigne du
caractère cavalier de cette rencontre au débotté, tout aussi feinte qu’elle a été
adroitement mise en scène, a posteriori. Au cours de ce même séjour, alors que
le château avait été remeublé à la hâte pour la visite du pontife, une
démonstration d’artillerie lui est offerte, montrant la puissance du nouveau
maître. Du 19 juin 1812 au 23 janvier 1814, dans les mêmes lieux, Pie VII est
cette fois retenu en captivité. En effet, les rapports entre la France et le Saint-
Siège se sont dégradés. En 1809, l’Empereur fait arrêter le Souverain Pontife et
saisit ses états. Le pape est alors détenu à Savonne, puis conduit à Fontainebleau
afi n de signer un éphémère « concordat de Fontainebleau » que lui extorque
Napoléon (25 janvier – 24 mars 1813).
« la vraie demeure des rois, la maison des siècles »
napoléon à sainte-hélène, août 1816
Page précedente :
Salle du Trône,
François-Honoré-
Georges Jacob-
Desmalter (1770-1843),
trône de Napoléon Ier,
provenant du palais
des Tuileries. Le reste
des éléments (dais,
enseignes, estrade)
provenant du palais
de Saint-Cloud,
envoyé à Fontainebleau
en 1808.
© Sophie Lloyd
château de Fontainebleau
1. Paris, musée
Marmottan.
Jean-Pierre-Xavier
Bidault (1743-1813))
et Louis-Léopold.
Boilly (1761-1845),
Promenade de Napoléon
et Marie-Louise
sur l’étang des Carpes
du château
de Fontainebleau, 1810.
© Droits Réservés.
2. Jacques-Louis David,
Le pape Pie VII.
Appartement du Pape,
cabinet de l’appartement
Louis XIII.
© Gérard Blot - RMN
château de Fontainebleau
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