1. Introduction
1.1. Rappel de la problématique
1.1.1. Pourquoi surveiller la résistance bactérienne aux antibiotiques en médecine de ville ?
En France, la surveillance de la résistance bactérienne aux antibiotiques (RATB) est principalement basée sur les
laboratoires de bactériologie hospitaliers des établissements de santé publics ou privés, à travers des réseaux tels que
ceux du Réseau d’alerte, d’investigation et de surveillance des infections nosocomiales (Raisin) [1] ou de l’Observatoire
national de l’épidémiologie de la RATB (Onerba) [2].
Pourtant, la médecine de ville représente plus de 80 % des prescriptions d’antibiotiques en France et il est bien établi
que l’administration répétée d’antibiotiques crée une pression de sélection favorisant l’apparition et la dissémination de
souches résistantes. L’amélioration de la surveillance de la RATB en ville est donc une priorité et est listée comme telle
dans l’évaluation du plan pour préserver l’efficacité des antibiotiques 2007-2010 récemment publiée par le Haut conseil
de la santé publique [3].
Lorsque des laboratoires d’analyses de biologie médicale de ville (LABM) participent à ces réseaux de surveillance, tels
que ceux mis en place par les centres nationaux de référence (CNR), leurs données sont agrégées à celles des
laboratoires des établissements de santé et il est impossible de distinguer l’origine des patients inclus [4]. Les réseaux
exclusivement basés sur des LABM tels que le Réseau Aquitaine [5], Epiville [6] ou AforcopiBio [7], recueillent des
données de manière discontinue, non représentatives au niveau national, et à partir de questionnaires sous format
papier qui font ensuite l’objet d’une saisie informatique.
Dans ce contexte, l’Institut de veille sanitaire (InVS) a souhaité au début des années 2000 mettre en place un réseau de
surveillance de la RATB en ville, basé exclusivement sur des LABM choisis pour être représentatifs de l’activité de
biologie médicale de ville au niveau national : le réseau Labville.
1.1.2. Objectif du réseau de surveillance Labville
L’objectif principal du réseau Labville était de surveiller en continu la résistance aux antibiotiques des infections
bactériennes diagnostiquées en ville. Il s’agissait de disposer d’un système permettant de connaître la fréquence des
bactéries résistantes aux antibiotiques responsables des infections les plus fréquentes en ville : infections urinaires,
infections pulmonaires hautes et basses, infections oto-rhino-laryngées (ORL).
Une rétro-information trimestrielle des laboratoires participants et la publication d’un rapport annuel était prévu.
Cette rétro-information prévoyait la description des types d’examens bactériologiques pratiqués, des proportions
d’examens positifs, polymorphes, stériles ou négatifs, la description des bactéries isolées et la détermination de la part
de bactéries résistantes aux antibiotiques. Une description des panels d’antibiotiques testés était également prévue.