2005 - 2006 Introduction à la pathologie neurologique - JJ Hauw, C Duyckaerts, D Seilhean 5/7
Des plaques multiples de démyélinisation à bords nets d’âges différents, associées parfois à une
remyélinisation sont observées dans la substance blanche du système nerveux central, débordant
parfois sur la substance grise adjacente. La destruction de la myéline avec respect de l’axone est
caractéristique, mais des lésions axonales apparaissent tant aux stades chroniques que dans cer-
taines formes aiguës ou nécrotiques des plaques.
Le mécanisme immunopathologique de la maladie (ou des maladies) reste mal compris. La cellule impliquée dans la
destruction myélinique est le macrophage, mais la rupture de la barrière hémato-encéphalique, et les immunités à mé-
diations humorale et surtout cellulaire sont impliquées dans le processus physiopathologique. Outre la destruction sé-
lective de la gaine de myéline, l’apoptose des oligodendrocytes, cellule dont dépend cette gaine, a été aussi décrite. La
capacité de régénération des oligodendrocytes myélinisés et de différenciation de leurs précurseurs module les possi-
bilités de la remyélinisation des plaques. Les lésions affectent préférentiellement la substance blanche des hémisphères
cérébraux (notamment les régions périventriculaires), les voies optiques, la calotte mésencéphalique et les voies oculo-
motrices, le cervelet et les pédoncules cérébelleux, ainsi que les faisceaux médullaires.
4 Les tumeurs intra-crâniennes
Les tumeurs intra-crâniennes (2 à 3000 décès par an en France) sont caractérisées par des symp-
tômes et des signes cliniques d’apparition insidieuse et de progression lente ou subaiguë, « en tache
d’huile ». Dans des cas non exceptionnels, toutefois, une hémorragie ou l’apparition d’un kyste in-
tratumoral est responsable d’un début brutal, « pseudo vasculaire ». L’œdème cérébral, constant,
aggrave l’effet de masse produit par la tumeur. Il peut être de mécanisme vasogénique (passage de
transsudats du sang vers l’espace extracellulaire), cytotoxique (augmentation de la teneur en eau
des cellules endothéliales et des astrocytes, à un moindre degré des neurones, à la suite de tout trau-
matisme) ou hydrocéphalique (augmentation de la quantité du liquide interstitiel à la suite du blo-
cage des voies de circulation du LCR).
Tout processus expansif intra-crânien entraîne le risque d’un engagement cérébral (issue d’une
partie du parenchyme cérébral dans un orifice inextensible). Les principaux sont :
— temporal (lobe temporal interne faisant issue, de haut en bas, dans le foramen ovale en cas de processus hémis-
phérique latéralisé ; compression du III, du mésencéphale, notamment de la formation réticulée et de l’artère cé-
rébrale postérieure ; surtout hémorragies mésencéphaliques de Duret)
— diencéphalique : engagement principalement hypothalamique dans le foramen ovale en raison d’une tumeur mé-
diane ou de tumeurs bilatérales
— amygdalien (amygdales cérébelleuses dans le trou occipital ; compression du bulbe et déplacement de l’artère
cérébelleuse postéro-inférieure)
— cingulaire sous la faux du cerveau dans les processus hémisphériques latéralisés ;
— engagement du culmen cérébelleux de bas en haut dans le foramen ovale en cas de processus expansif de la fosse
postérieure.
Parmi les tumeurs intra-crâniennes, la distinction est importante entre les tumeurs extra-parenchy-
mateuses (qui refoulent sans envahir le tissu nerveux), de pronostic plus favorable que celui des
tumeurs intraparenchymateuses, généralement inextirpables même si elles sont bénignes.
—L’astrocytome diffus est la plus fréquente des tumeurs intraparenchymateuses primitives (60 %). Cette tumeur
est souvent hémisphérique, parfois du tronc cérébral ou de la moelle. Elle est caractérisée par une longue évolu-
tion, particulièrement insidieuse, les premiers symptômes (crises par exemple) révélant souvent une tumeur vo-