LES MUSCLES FLECHISSEURS COMMUNS DES DOIGTS

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UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MAITRISE EN SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
M.S.B.M
MEMOIRE POUR LE CERTIFICAT D’ANATOMIE, D’IMAGERIE ET DE MORPHOGENESE
2003-2004
UNIVERSITE DE NANTES
LES MUSCLES FLECHISSEURS COMMUNS DES
DOIGTS
Par
Pierre LHOMMET
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE
NANTES
Président du jury :
Pr. J. LE BORGNE
Vice-Président :
Pr. J.M. ROGEZ
Enseignants :
•
•
•
•
•
•
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•
•
•
•
•
•
•
Laboratoire :
Pr. O. ARMSTRONG
Dr. O. BARON
Pr. C. BEAUVILLAIN
Pr. P. COSTIOU
Pr. D. CROCHET
Pr. A. DE KERSAINT-GILLY
Dr. H. DESAL
Pr. B. DUPAS
Pr. Y. HELOURY
Pr. P.A. LEHUR
Pr. N. PASSUTI
Pr. R. ROBERT
Pr. D. RODAT
Dr VALETTE
S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique
UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MAITRISE EN SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
M.S.B.M
MEMOIRE POUR LE CERTIFICAT D’ANATOMIE, D’IMAGERIE ET DE MORPHOGENESE
2003-2004
UNIVERSITE DE NANTES
LES MUSCLES FLECHISSEURS COMMUNS DES
DOIGTS
Par
Pierre LHOMMET
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE
NANTES
Président du jury :
Pr. J. LE BORGNE
Vice-Président :
Pr. J.M. ROGEZ
Enseignants :
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Laboratoire :
Pr. O. ARMSTRONG
Dr. O. BARON
Pr. C. BEAUVILLAIN
Pr. P. COSTIOU
Pr. D. CROCHET
Pr. A. DE KERSAINT-GILLY
Dr. H. DESAL
Pr. B. DUPAS
Pr. Y. HELOURY
Pr. P.A. LEHUR
Pr. N. PASSUTI
Pr. R. ROBERT
Pr. D. RODAT
Dr VALETTE
S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique
Nous tenons à remercier :
Monsieur le professeur Rogez pour nous avoir confié ce sujet et nous avoir
guidé tout au long de cette étude.
Mr Blin Yvan et Mr Lagier Stéphane pour leur aide et leurs conseils.
Le Dr E. Gaisne pour le temps qu’il m’a donné et la qualité de son accueil.
SOMMAIRE
INTRODUCTION
I- RAPPELS ANATOMIQUES
1)- Anatomie descriptive des muscles fléchisseurs communs des doigts
A- Le muscle fléchisseur superficiel
1) Insertions proximales
2) Faisceaux et tendons
B- Le muscle fléchisseur profond
1) Insertions proximales
2) Faisceaux et tendons
C- Les muscles lombricaux
2)- Gaines ostéofibreuses des doigts
3)- Vascularisation
4)- Innervation
5)- Anatomie fonctionnelle des fléchisseurs communs des doigts
II- RESULTATS
1)- Matériel et méthodes
2)- Dissections
III- APPLICATIONS CLINIQUES ET CHIRURGICALES
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
INTRODUCTION
La main est un organe complexe, véritable outil pour l’Homme, tant par son
aspect sensoriel que par sa fonction motrice. Celle-ci est principalement centrée
sur sa capacité de préhension, permise par un ensemble complexe de structures
osseuses, fibreuses et musculaires.
Dans cette organisation interviennent de façon essentielle les muscles
fléchisseurs communs des doigts. C’est pourquoi nous avons voulu étudier ces
deux muscles, ainsi que les lombricaux qui leur sont associés.
Nous avons essayé, au cours de ce travail, de mettre en évidences les données
classiques concernant ces muscles et nous sommes intéressé au phénomène
particulier qu’est le doigt à ressaut.
Pour cette étude nous analyserons d’abord l’anatomie descriptive de ces
muscles de manière séquentielle, puis nous étudierons leur vascularisation, leur
innervation et leur rôle fonctionnel. Nous conclurons ensuite sur ce phénomène
de ressaut.
I- RAPPELS ANATOMIQUES
1)- Anatomie descriptive des muscles fléchisseurs communs des doigts
A- Le muscle fléchisseur superficiel
1- Insertions proximales
Le fléchisseur superficiel des doigts appartient à la catégorie des muscles
épitrochléens, comprenant aussi, de dedans en dehors : le fléchisseur ulnaire du
carpe, le long palmaire, le fléchisseur radial du carpe et le rond pronateur.
Ces muscles forment un tendon commun au coude, rendant difficile toute
différentiation nette des tendons entre eux.
Notre fléchisseur superficiel trouve sa place entre le fléchisseur ulnaire du
carpe médialement et le fléchisseur radial latéralement, partiellement recouvert
par ces muscles et par le long palmaire.
Son insertion se fait sur une arcade tendineuse concave en haut et en dehors,
partant de la face antéroinférieure de l’épicondyle médial et de l’apophyse
coronoïde de l’ulna en dedans, jusqu’au premier tiers proximal de la diaphyse
radiale en dehors.
Ses insertions se continuent le long de la ligne oblique du radius (bord
antérieur) ainsi que sur la partie latérale de la membrane interosseuse tendue
entre radius et ulna. Elles sont comprises entre le fléchisseur propre du pouce
(au dessous et en dedans) et le supinateur (au dessus et en dehors).
Quelques rapports importants peuvent déjà être remarqués à ce niveau. Ainsi
passant dans l’arcade tendineuse, le nerf médian va s’accoler au fléchisseur
superficiel, circulant dans sa gaine pour ne s’en séparer qu’au niveau du
poignet. Comme nous avons pu le noter sur l’un de nos sujets, il pourra
également être accompagné de façon variable, d’une artère interosseuse dont
l’origine est à la fois ulnaire et radiale.
2- Faisceaux et tendons
Le corps musculaire se divise assez rapidement en 4 faisceaux : 2 faisceaux
superficiels provenant des fibres épitrochléo-ulnaires superficielles et 2
faisceaux profonds provenant des fibres radiales et des fibres épitrochléoulnaires profondes du muscle avec 2 configurations rencontrées lors des
dissections.
Sur 2 sujets, on a retrouvé la disposition la plus fréquente, les faisceaux
superficiels étant à l’origine des tendons du III et du IV alors que les tendons du
II et du V dérivaient de faisceaux plus profonds d’aspects digastriques.
Sur un troisième sujet, une variation révélait un IV et un II superficiels alors que
les faisceaux profonds donnaient le III et le V.
Sur les trois pièces cependant nous avons pu remarquer que le faisceau du V se
séparait de façon tardive de la face postérieure de celui du IV. Cette disposition
peut expliquer la difficulté à séparer les mouvements de flexion du IV et du V.
On note également une nette différence de calibre entre les tendons, avec un
tendon du V de diamètre toujours très faible.
Les tendons, très longs, formés avant le retinaculum des fléchisseurs, passent
sous celui-ci puis s’insèrent par 2 bandelettes distales sur les bords latéraux des
deuxièmes phalanges des 4 derniers doigts.
Au niveau du poignet, sous le retinaculum, ces tendons se disposent selon la
configuration des faisceaux dans l’avant-bras et ont un important rapport, le
nerf médian, qui, lorsqu’il sera trop comprimé, sera responsable d’un syndrome
du canal carpien.
Au niveau du carpe, les tendons, se déploient en éventail dans un même plan et
s’engagent dans les poulies métacarpiennes, puis phalangiennes et se divisent
vers le tiers supérieur de la première phalange en deux languettes qui, laissant
passer le tendon du fléchisseur profond par un mouvement de torsion (les bords
internes deviennent externes et inversement) se réunissent, échangent des fibres,
formant ainsi le chiasma tendineux de camper, puis se séparent à nouveau pour
finalement s’insérer au niveau des crêtes marginales qui bordent latéralement la
face antérieure de la deuxième phalange.
Le tendon du fléchisseur superficiel est ainsi « perforé » par celui du fléchisseur
profond.
B- Le muscle fléchisseur profond
1- Insertions proximales
Le muscle fléchisseur profond présente plusieurs insertions osseuses,
membraneuses et aponévrotiques.
a) osseuses
- sur les 2/3 supérieurs des faces antérieurs et internes de l’ulna ainsi que sur
ses bords antérieurs et postérieurs. Ses insertions se font en au-dessous de
l’apophyse coronoïde et entre les insertions du brachial antérieur (en dedans)
et du supinateur (en arrière et en dehors).
- Sur le versant antérieur du bord interne ou interosseux du radius au-dessous
de la tubérosité bicipitale.
Entre ces insertions osseuses, la continuité est assurée par une arcade fibreuse
d’où partent quelques fibres charnues.
b) Membraneuses et aponévrotiques
Un mélange de fibres charnues et de courtes fibres tendineuses vont s’insérer
sur la moitié interne de la face antérieure de la membrane interosseuse. Ces
insertions se font au même niveau que les insertions ulnaires, c'est-à-dire sur
le 1/3 supérieur de la face profonde de l’aponévrose antébrachiale.
2- Faisceaux et tendons
Le corps charnu ainsi constitué se divise en trois ou quatre faisceaux accolés les
uns aux autres dont le premier, pour l’index, sera d’un calibre supérieur aux
autres. Une lame tendineuse leur fait suite jusqu’à la partie inférieure de l’avant
bras où apparaîtront les tendons.
.
Contrairement au fléchisseur superficiel, les tendons, plus volumineux, restent
ici dans un même plan et descendent vers la main, étroitement serrés entre audessus, le fléchisseur superficiel, et au-dessous, le carré pronateur.
Dans le canal carpien, toujours dans un même plan, le tendon le plus interne va
se diviser et donner les tendons pour le IV et le V (uniquement s’il n’y avait que
3 faisceaux, ce qui est la configuration la plus courante.) ce qui explique encore
une fois la difficulté à séparer les mouvements de flexion des deux derniers
doigts.
Au niveau de la paume de la main les muscles lombricaux s’attachent aux
tendons fléchisseurs communs dont chacun diverge vers le doigt correspondant.
Il peut ainsi parcourir la face antérieure des deux premières phalanges,
« perforer » le tendon du fléchisseur superficiel, auquel il sera fixé au niveau du
chiasma tendineux par un frein ou vinculum, et devenant superficiel, il s’aplatit
légèrement, puis s’étale pour s’insérer finalement sur la face antérieure de la
base de la phalange distale.
C- Les muscles lombricaux
Les deux premiers lombricaux naissent sur les bords externes et antérieurs du
tendon du II et du III.
Les deux derniers s’insèrent sur les bords latéraux et sur la face antérieure des
tendons entre lesquels ils sont compris c'est-à-dire sur les tendons fléchisseurs
profonds des troisième, quatrième et cinquième doigts.
Leur trajet s’effectue vers l’arrière de la première phalange, vers le tendon de
l’extenseur du doigt correspondant, sur lequel il va s’insérer.
2)- Gaines ostéofibreuses des doigts
Les gaines ostéofibreuses des doigts s’étendent de l’articulation
métacarpophalangienne à la partie moyenne de la troisième phalange. Elles
présentent un aspect semi-cylindrique dont les limites sont constituées en arrière
par le plan osseux des trois phalanges et en avant par une gaine fibreuse épaisse
et solide, disposée en gouttière et insérée sur les crêtes marginales osseuses que
l’on observe sur la face antérieure de chaque phalange.
Ceci forme un véritable tunnel dans lequel se logent les tendons fléchisseurs et
la gaine synoviale qui les accompagne.
La constitution de cette gaine est très variable :
- au niveau des phalanges, elle est très résistante, constituée de fibres
circulaires disposées en demi-anneaux dont l’ensemble forme le ligament
vaginal.
- Au niveau des articulations interphalangiennes la structure est amincie,
composée de fibres obliques entrecroisées formant le ligament crucial.
Cette fragilité est due aux mouvements de flexion des doigts et peut être
responsable de panaris de la gaine (par infiltration du pus dans la gaine).
A sa partie supérieure (au niveau de la tête du métacarpe correspondant) la
gaine se continue par une formation analogue évasée en entonnoir. C’est par cet
interstice que vont passer les tendons fléchisseurs.
La paire de tendons sera comprise dans une gaine synoviale, elle-même en
contact étroit avec les vaisseaux et nerfs collatéraux palmaires donnant des
branches pour la vascularisation des tendons par l’intermédiaire de
mésotendons ou vincula.
En définitive cette gaine jouera un véritable rôle de poulie de réflexion dans les
mouvements de flexions de phalanges et principalement dans le mouvement dit
de « gâchette » (flexion interphalangienne).
3)- Vascularisation
La vascularisation artérielle est faite principalement par l’artère radiale et par
l’artère ulnaire.
L’artère radiale naît de l’artère brachiale au dessous du pli du coude en regard
du col du radius, et circule au dessous du brachio-radial, en avant du fléchisseur
superficiel. Elle va donner ses branches pour le fléchisseur superficiel puis
gagner la tabatière anatomique entre le brachio-radial latéralement et le
fléchisseur radial du carpe médialement.
Elle contourne alors le carpe et va s’anastomoser avec le rameau palmaire
profond de l’artère ulnaire pour donner l’arcade palmaire profonde.
L’artère ulnaire prend son origine au même niveau que l’artère brachiale, puis
s’engage sous l’arcade du fléchisseur superficiel des doigts, lui donne quelques
branches et continue son trajet, circulant dans la gaine du fléchisseur profond
des doigts, qu’elle vascularise, vers le canal de Guyon et s’anastomose dans la
paume de la main avec le rameau palmaire superficiel de l’artère radiale pour
former l’arcade palmaire superficielle.
Les arcades palmaires donnent alors des branches digitales et lombricales qui
seront responsables pour la vascularisation des tendons des fléchisseurs (entre
autre par l’intermédiaire des vincula) et des lombricaux.
Pour sa vascularisation, le fléchisseur profond des doigts reçoit par ailleurs des
branches venant de l’artère interosseuse antérieure située sous lui.
Lors de nos dissections, il nous est arrivé également de rencontrer une artère
interosseuse naissant à la fois des artères radiale et ulnaire, et circulant avec le
nerf médian dans la gaine du fléchisseur superficiel.
Cette artère donnait plusieurs branches au fléchisseur superficiel et remplaçait
l’artère radiale au niveau de l’arcade palmaire superficielle qui restait limitée à
une simple anastomose entre la deuxième et la troisième artère digitale palmaire
commune.
4)- Innervation
Les nerfs des muscles fléchisseurs communs des doigts viennent du médian et
de l’ulnaire.
Le médian (C6C7C8Th1) passe entre les deux chefs du pronateur rond et sous
l’arcade tendineuse du fléchisseur des doigts. Il peut ainsi envoyer des fibres
aux deux fléchisseurs communs puis continuer son trajet dans la gaine du
fléchisseur superficiel.
Un peu au-dessus du retinaculum, il va s’extérioriser au bord latéral des
fléchisseurs pour ensuite passer dans le canal carpien.
Au niveau de la main il va donner les nerfs collatéraux palmaires pour les trois
premiers doigts ainsi que le nerf collatéral palmaire externe du IV.
Il est également responsable de l’innervation des deux premiers lombricaux.
Le nerf ulnaire (C8Th1) passe au niveau du coude par la gouttière épitrochléoolécrânienne et suit le trajet de l’artère ulnaire dans la gaine du fléchisseur
profond à sa face antérieure. Il laisse à ce niveau des branches pour les deux
muscles fléchisseurs communs et se termine au niveau de la main en innervant
les deux derniers lombricaux et en donnant le nerf collatéral palmaire interne du
IV et les nerfs collatéraux palmaires du V.
5)- Anatomie fonctionnelle des fléchisseurs communs des doigts
Ainsi que leur nom l’indique ces muscles sont des fléchisseurs des doigts (II,
III, IV et V), utilisant les gaines fibreuses comme de véritables poulies de
réflexion sur lesquelles glissent les tendons et leurs gaines synoviales.
Le fléchisseur commun superficiel fléchit la deuxième phalange sur la
première et secondairement le doigt sur la main et la main sur l’avant-bras.
Mais des études électromyographiques ont montré qu’il n’intervenait que lors
de prises de force de la main, les flexions sans résistances dépendant
uniquement du fléchisseur profond.
Le fléchisseur commun profond, quant à lui, fléchit la troisième phalange sur la
deuxième, puis la deuxième sur la première, déterminant ainsi le mouvement de
gâchette.
Secondairement, il fléchit la première phalange sur la main et la main sur
l’avant-bras, en coopération avec le fléchisseur superficiel pour des efforts plus
violents. En effet celui-ci, immédiatement au-dessous du retinaculum, possède
un bras de levier élevé à ce niveau et se montre plus efficace pour, par exemple,
le transports d’objets lourds et ce notamment, avec un poignet en légère
extension.
On note également que pour une bonne flexion des deux dernières phalanges
les fléchisseurs communs des doigts nécessitent une immobilisation de la
première phalange grâce à une contraction primitive (concentrique ou
excentrique suivant le mouvement) des extenseurs.
Nous devons remarquer cependant que les véritables fléchisseurs des premières
phalanges restent les muscles intrinsèques de la main avec principalement les
interosseux palmaires.
Associés à eux et attachés aux tendons du fléchisseur profond, les lombricaux
sont, pour leur part, fléchisseurs de la première phalange sur la paume de la
main et extenseurs des deux dernières.
Les mouvements des doigts sont donc le résultat d’un équilibre harmonieux
entre un ensemble de muscles agonistes et antagonistes, extrinsèques et
intrinsèques
II- RESULTATS
1) Matériel et méthodes
Notre étude est basée sur quatre dissections : quatre bras gauches de femmes
dans un souci de comparaison des pièces entre elles.
Les deux premiers sujets étaient formolés.
Le troisième sujet était frais.
Le dernier a été congelé pour la réalisation de coupes.
La dissection s’est faite à chaque fois de manière identique.
Au niveau de l’avant bras, l’incision a été effectuée du pli du coude au poignet,
de façon médiane, avec deux incisions transversales aux extrémités afin de
dégager le plan cutané. Sur chaque pièce nous sommes allés de la superficie vers
la profondeur en essayant de mettre le plus d’éléments possibles en valeur.
Au niveau de la main nous avons procédé en deux temps : dans un premier
temps, pour la paume, nous avons effectué une incision médiane reliant deux
incisions transversales au niveau du poignet et à la base des doigts.
Ensuite on a pu disséquer chaque doigt un par un.
2) Dissections
Sur cette dissection nous avons cherché à mettre en valeur l’insertion proximale
des fléchisseurs sur l’épitrochlée et leur environnement vasculaire et nerveux.
Nous n’avons pas pu prendre de photos de la vascularisation veineuse de
l’avant-bras car les vaisseaux de petits calibres séchaient trop vite.
Cependant sur deux pièces nous avons noté la densité de leur réseau, soumis à
de multiples configurations, et nous avons pu remarquer la convergence du
réseau superficiel vers les veines céphaliques et basiliques que nous avons mises
en valeur sur cet avant bras gauche en vue antéro-médiale.
Haut
Gauche
Veine
basilique
Nerf
médian
Artère
brachiale
Tendon commun
des muscles
épitrochléens
Veine
céphalique
Muscle biceps
brachial
Sur la photo suivante nous avons mis en évidence la vascularisation du
fléchisseur superficiel par l’artère ulnaire ainsi que son innervation par le nerf
médian qui court dans sa gaine synoviale (que nous avons ouverte ici) et le nerf
ulnaire inclus dans la gaine du fléchisseur profond.
Haut
Gauche
Nerf
ulnaire et
branches
Fléchisseur commun
superficiel des doigts
Fléchisseur
ulnaire du
carpe
Artère
ulnaire
Nerf médian
Ici nous avons réséqué le fléchisseur ulnaire du carpe, afin de mettre en évidence
la vascularisation du fléchisseur profond des doigts par l’artère ulnaire. Les deux
branches trouvées passent par-dessus le nerf et s’enfoncent directement dans le
muscle.
Haut
Gauche
Nerf
ulnaire
Fléchisseur commun
superficiel
Artère
ulnaire et
branches
Fléchisseur radial
du carpe
Fléchisseur
commun profond
Sur cette vue d’avant bras en face antérieure, nous avons mis en évidence une
artère interosseuse, vascularisant le fléchisseur superficiel, naissant de la radiale
et de l’ulnaire et circulant avec le nerf médian. Cependant nous n’avons pas noté
la présence de nerf interosseux associé.
Haut
Gauche
Nerf ulnaire
Artère
interosseuse
Artère ulnaire
Fléchisseur commun
superficiel
Fléchisseur
commun profond
Nerf médian
Ci-dessous, le fléchisseur superficiel a été enlevé, permettant de voir les
insertions latérales du fléchisseur profond, ainsi que sa vascularisation par
l’artère interosseuse antérieure. On note également le trajet de l’artère radiale en
dedans du brachio radialis et contre le fléchisseur superficiel.
Haut
Gauche
Fléchisseur
commun profond
Brachio radialis
Artère radiale
Artère interosseuse
antérieure et branches
Fléchisseur propre
du pollex
Carré pronateur
Sur ces deux photos le retinaculum des fléchisseurs est ouvert permettant
d’apprécier la disposition des tendons des fléchisseurs. Au dessous, le trajet des
tendons du fléchisseur profond a été mis en évidence avec ses insertions distales
et les insertions des lombricaux.
Haut
Gauche
Fléchisseur
ulnaire du
carpe
Fléchisseur
radial du carpe
Tendon du
fléchisseur
superficiel III
Tendon du IV
Tendon du II
Tendon du V
Nerf médian
Haut
Gauche
Tendons du
fléchisseur profond
des doigts dans un
même plan
Muscles
Lombricaux
Sur les deux coupes suivantes nous avons essayé de mettre en évidence les
rapports des fléchisseurs et la disposition de leur tendons, un peu au dessus du
retinaculum et au niveau de la partie inférieure du retinaculum.
Paume
Gauche
Tendons du
fléchisseur commun
superficiel
Tendons du
fléchisseur
commun profond
Artère ulnaire
Artère radiale
Nerf ulnaire
Carré
pronateur
Ulna
Nerf médian
Radius
Paume
Gauche
Nerf médian
Retinaculum des
fléchisseurs
Nerf ulnaire
Tendons du
fléchisseur commun
profond
Tendons du
fléchisseur commun
superficiel
Pour pouvoir mettre en valeur les insertions distales du fléchisseur commun
superficiel, nous avons retiré les tendons du fléchisseur commun profond, ce qui
nous a permis de noter également l’épaisseur et la rigidité des poulies ostéo
fibreuses.
Haut
Gauche
Poulie
ostéofibreuse
Insertions du
fléchisseur
commun
superficiel
Sur cette photo, nous avons voulu montrer les muscles interosseux qui sont des
fléchisseurs des premières phalanges et des rapports postérieurs du fléchisseur
commun profond. Un fil de fer a été installé afin de séparer les interosseux
dorsaux des interosseux palmaires.
Haut
Gauche
Les 4
interosseux
dorsaux
Les 4 interosseux
palmaires
Cette vue palmaire nous montre l’arcade palmaire superficielle ainsi que
l’innervation palmaire superficielle de la main et des doigts. Cette arcade donne
des artères digitales palmaires qui donnent à leur tour deux artères palmaires.
On note le grand réseau d’anastomoses tant nerveuses que vasculaires.
Haut
Gauche
Nerf ulnaire
Artère ulnaire
Arcade
palmaire
superficielle
Artère digitale
palmaire
commune
Nerf médian
Rameau palmaire
superficiel de
l’artère radiale
Artère
digitale
palmaire
Lors de notre dissection sur le deuxième sujet, nous avons rencontré cette artère
interosseuse déjà vue au niveau de l’avant-bras et entraînant une absence
d’arcade palmaire superficielle. Elle donne deux artère digitales communes
palmaires, les autres naissant de l’artère ulnaire.
Haut
Gauche
Artère ulnaire
Anastomose entre
les artères ulnaires
et interosseuses
Artère
interosseuse
Sur cette dernière photo, les fléchisseurs des doigts et les muscles des éminences
thénar et hypothénar ont été enlevés, permettant de voir l’arcade palmaire
profonde dérivant de l’artère radiale et d’un rameau de l’artère ulnaire. De plus
on distingue également l’innervation profonde de la paume de la main provenant
du nerf ulnaire (qui a été coupé).
Haut
Gauche
Rameau
profond de
l’artère
Branche
profonde du
nerf ulnaire
Arcade
palmaire
profonde
Artères
palmaires
métacarpie
Artère
principale
du pouce
III- APPLICATIONS CLINIQUES ET CHIRURGICALES
LE DOIGT A RESSAUT
Le doigt à ressaut se manifeste par un phénomène de blocage intermittent d’un
tendon fléchisseur dans sa gaine ostéofibreuse.
Cliniquement, le doigt à ressaut se traduit par une sensation de ressaut (ou
ressort) souvent nettement perçue par le patient en voulant plier ou étendre le
doigt. A un stade plus avancé, par un blocage du doigt le plus souvent en
flexion nécessitant l'aide de l'autre main pour le débloquer, cette manœuvre
étant douloureuse.
Lorsque le phénomène est ancien et évolué il peut déjà s'accompagner d'une
raideur articulaire qui ne rétrocédera pas avec le seul traitement du doigt à
ressaut mais pourrait justifier d'un traitement spécifique.
Ceci peut concerner un ou plusieurs doigts, l'affection pouvant être, dans le
temps, bilatérale et symétrique. Les doigts ne sont pas forcément atteints au
même moment.
Le diagnostic reposera essentiellement sur l'examen clinique.
Son origine est généralement une inflammation de la gaine synoviale qui
entoure le tendon fléchisseur ou ténosynovite. Cette inflammation crée un
véritable nodule à l'intérieur du tendon qui va progressivement constituer un
obstacle mécanique à la mobilisation du doigt par la difficulté à passer dans la
gaine ostéofibreuse.
Ce nodule peut être perçu à la paume en regard du dernier pli de flexion
palmaire.
L’origine en est le plus souvent rhumatismale.
Il existe des formes, où l'inflammation tendineuse est liée à des gestes
mécaniques répétitifs.
Dans des cas plus rares
- le doigt à ressaut fait suite à une plaie partielle d'un tendon fléchisseur
- Il existe une forme particulière de doigt à ressaut, congénitale, se révélant dans
la petite enfance, réalisant souvent la camptodactylie du pouce.
Le traitement :
1) Le traitement peut être dans un premier temps médical.
Il consiste en la réalisation d'une dilatation de la gaine tendineuse avec un
produit d'infiltration à base de corticoïdes dont l'efficacité sous 8/10 jours peut
être aussi temporaire.
2) Le traitement chirurgical peut être proposé en première ou seconde intention.
L'opération consiste en une incision de quelque cms à proximité du pli de
flexion palmaire pour ouvrir partiellement la gaine du tendon fléchisseur et
éventuellement opérer la ténosynovite.
Il s'agit d'un geste rapide, non douloureux. Il est habituellement radical et
définitif.
Les suites opératoires :
Dès la levée de l'anesthésie, le blocage ou ressaut disparaît.
Recommandations post-opératoires : mobiliser activement le doigt opéré.
Cette mobilisation doit être progressive mais entreprise le jour même de
l'opération pour récupérer au plus tôt toute la flexion et surtout toute l'extension
de son doigt.
Si l'on hésite à retendre complètement son doigt, il y a un risque
d'enraidissement secondaire rapide de l'articulation.
Si tel est le cas il est alors nécessaire de porter en post-opératoire une orthèse
qui contribuera à redresser le doigt pour éviter l'ankylose articulaire.
Sur cette photo le chirurgien opérait un doigt à ressaut sur une ténosynovite du
quatrième doigt de la main gauche. Après une incision à la base du doigt, la
poulie a été ouverte permettant une incision de la gaine synoviale et une
résection d’une partie de celle-ci.
Effectivement le phénomène de ressaut, palpable avant l’opération chez cette
dame, a finalement disparu de façon immédiate dès la levée de l’anesthésie.
CONCLUSION
Ce travail nous a permis de dégager les principales caractéristiques anatomiques
et fonctionnelles des muscles fléchisseurs communs des doigts.
Finalement ceux-ci présentent une vascularisation et une innervation
relativement proches et vont avoir une action conjointe qui leur permettra de
transférer une puissance formidable au niveau des doigts, tout cela grâce à un
réseau très complexe de gaines fibreuses et synoviales agissant en poulies de
réflexions.
Ces dissections nous ont également permis de voir la place qu’occupaient les
tendons des fléchisseurs au niveau de la main et d’en déduire les difficultés
d’abord et les problèmes que pouvaient rencontrer les chirurgiens face aux
exigences de respect de l’intégrité des structures adjacentes.
On voit ainsi toute la complexité de cette région et donc la nécessité de maîtriser
et de posséder à fond son anatomie afin de conserver à l’Homme ce fabuleux
outil qu’est la main.
BIBLIOGRAPHIE
1- BOUCHET A., CUILLERET J.
Anatomie topographique, descriptive et fonctionnelle du membre supérieur
et du membre inférieur.
Simep Ed. Paris 1990
2- PATURET G.
Traité d’anatomie humaine.
Tome 2 : Membres supérieur et inférieur
Masson et Cie Ed. Paris 1951
3- KAMINA P.
Anatomie, introduction à la clinique : myologie des membres.
Maloine Ed. Paris 1987
4- ROUVIERE H.
Anatomie humaine descriptive et topographique.
Tome 3 : Membres, système nerveux central.
Masson et Cie Ed. Paris 1970
5- MC MINN R.M.H., HUTCHINGS R.T., KAMINA P.
Atlas photographique en couleurs d’anatomie humaine.
2ème édition.
Delta et Spes Ed. Lausanne 1985
6- ROHEN J.W., YOKOCHI C., LUTJEN-DRECOLL E.
Atlas photographique d’anatomie systématique et topographique.
3ème édition
Maloine Ed. Paris 1999
7- CENTRE DE LA MAIN
Doigt à ressaut
Publications Internet du centre de la main (Medline)
8- BOUTOLEAU C.
Le muscle fléchisseur superficiel des doigts
MSBM 1991/1992
9- TUBIANA R. THOMINE J.M.
La main. Anatomie fonctionnelle et examen clinique.
Masson Ed. Paris 1990
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