Sociétés politiques comparées, n°11, janvier 2009
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– le rapport entre l’indice de développement humain, d’une part, la rentabilité des investissements
et la capacité de croissance de tel ou tel ensemble économique, de l’autre ;
– les nouvelles règles comptables et les tentatives de chiffrer la valeur des entreprises par rapport à
la dimension financière – engagements hors bilan, non-valeur, méthodes d’évaluation des actifs,
intérêts courus non échus, etc. –sur le marché boursier en tenant compte de paramètres
difficilement quantifiables tels que le goodwill ;
– l’inscription de l’activité économique dans le temps, les valorisations et dévalorisations sur les
marchés à terme, la spéculation, soulèvent sans cesse des questions de valeurs dans leurs rapports
aux prix ;
– un raisonnement analogue s’applique à l’activité économique dans l’espace/temps.
Bien entendu, certains économistes tentent de construire une critériologie de la valeur et de la
chiffrer, le raisonnement économique à terme ne pouvant se satisfaire d’abandonner la valeur à ses
incertitudes qualitatives au bénéfice d’une théorie des prix. Les exemples cités ci-dessus suggèrent
que, pour progresser dans ce débat, il convient de l’élargir à des aspects non strictement
économiques au sens habituel du terme. Autrement dit, le présent essai ne se propose pas de rester
dans le périmètre des travaux des économistes concernant la valeur ni d’en fournir une synthèse,
mais de montrer en quoi les analyses des anthropologues, des historiens, des sociologues ou des
politistes peuvent enrichir la compréhension des processus de formation de la valeur. En mettant
en avant des phénomènes souvent occultés par les analyses économiques classiques, cette approche
pluridisciplinaire montre que l’historicité des rapports d’échange, de production et de
consommation, ainsi que la diversité des dimensions sociopolitiques expliquent la multiplicité des
évaluations possibles des biens et des personnes. A ce propos, deux phénomènes nous semblent
devoir être mis en évidence.
– D’une part, la fiction fait partie du processus de formation de la valeur. Bien que le caractère
fictif de la marchandise (terre, force de travail, homme...), et donc de la marchandisation, ait été
souligné par Marx aussi bien que par Weber et Polanyi, les conséquences de ce phénomène sont
peu prises en compte aujourd’hui dans les analyses de la valeur. Il importe d’intégrer les
traductions concrètes de la fiction marchande (par exemple en termes d’interventionnisme et donc
d’introduction de normes organisationnelles, d’imaginaire du pouvoir et de la discipline...), de
comprendre le processus de « mise en valeur », qui est toujours construit pas des institutions mais
aussi par des rapports de force et des jeux de pouvoir. La fiction de l’économie pure, fiction sous-