Pulsations l Décembre 2004 l Hôpitaux universitaires de Genève l 7 CHECK-UP ECHOS-SCOOPS Nouvelle consultation pour les jumeaux Etude DAME Le service d’obstétrique vient de créer une consultation destinée aux femmes enceintes de jumeaux. Responsable de cette consultation, le Dr Romaine Robyr Susini explique: "Les grossesses gémellaires sont plus compliquées que les grossesses uniques, et ce dès le 1er jour jusqu’à l’accouchement. Elles nécessitent un suivi régulier et très spécifique". Pour se former à cet aspect de l’obstétrique, le Dr Robyr Susini est partie un an et demi à Paris, à l’hôpital de Poissy dirigé par le Pr Yves Ville. Une grossesse monoou bichoriale ? En 2003, sur les quelque 3'700 naissances à la maternité, 64 patientes ont accouché de jumeaux. L’âge maternel plus avancé et la procréation médicalement assistée sont des facteurs favorisant la survenue de grossesses gémellaires. "La première échographie à douze semaines est cruciale. Elle permet de définir la chorionicité, à savoir s’il y a un placenta (on parle alors de grossesse monochoriale) ou deux (grossesse bichoriale). C’est la chorionicité qui détermine la prise en charge de ces grossesses et non la zygocité (vrais ou faux jumeaux)", note le Dr Robyr Susini qui assure le suivi échographique tandis que le Dr Marie-Hélène Billieux s’occupe du suivi médical. La prématurité et le retard de croissance intrautérin sont des complications plus fréquentes chez les jumeaux que dans les grossesses uniques. Les malformations sont aussi trois fois plus nombreuses chez les jumeaux monozygotes. En cas de grossesse unique, une naissance avant trente-deux semaines de gestation intervient dans 1 à 2% des cas. Ce risque s’élève à environ 6% lors de naissances gémellaires bichoriales pour atteindre 9% dans les grossesses monochoriales. "Pour dépister les femmes à risque d’accoucher prématurément, on fait une échographie par voie vaginale pour mesurer la longueur du col de l’utérus. Si le col est court, il est possible d’administrer, à partir de 24 semaines, une cure de corticoïdes à la mère afin de diminuer les risques de complications liées à la prématurité. Passant jusqu’au fœtus, les corticoïdes stimulent la maturité des organes", note le Dr Robyr Susini. L’accouchement de jumeaux nécessite la présence d’une équipe composée d’obstétriciens, d’un anesthésiste, d’un pédiatre et de sages-femmes. J. Gregorio Une patiente sur 80 attend des jumeaux. Les grossesses gémellaires nécessitent un suivi plus important. Une échographie est recommandée toutes les deux semaines en cas de grossesse monochoriale. Une par mois suffit en cas de grossesse bichoriale. On retrouve un placenta unique dans deux tiers des cas de grossesse de vrais jumeaux. grossesse monochoriale. Le Dr Robyr Susini décrit ce syndrome: "Un des fœtus (le "petit" appelé donneur) donne son sang à l’autre (le "gros" appelé le receveur), car leurs vaisseaux communiquent sur le placenta. Le receveur élimine cette surcharge circulatoire en urinant. Conséquence: la mère se retrouve avec un volume important de liquide dans l’utérus et peut souffrir de contractions". Non traité, ce syndrome aboutit à une fausse-couche et à la mort des deux fœtus dans 90% des cas. Un nouveau traitement au laser Enfin, le syndrome du transfuseur-transfusé survient dans 15% des cas de Un traitement au laser permet de sauver au moins un enfant sur les deux dans 75% des cas. "On introduit un fœtoscope (caméra) dans le ventre de la mère et on insère une fibre laser pour brûler les communications vasculaires". Ce traitement sera prochainement pratiqué aux HUG. "Jusqu’alors, on envoyait les patientes à Paris ou à Berne qui est l’unique endroit en Suisse disposant de ce traitement". Paola Mori Les progrès du dépistage prénatal En combinant l’âge de la mère avec des paramètres échographiques et hormonaux, il est possible de déterminer le risque d’anomalie chromosomique dès le 1er trimestre de la grossesse. Détecter la trisomie Responsable de l’unité de médecine fœtale et d’échographie, le Dr Eric Antonelli précise: "Auparavant, on proposait une amniocentèse, c’est-à-dire un prélèvement de liquide amniotique, aux femmes dès 35 ans. Réalisable seulement à partir de la 15e semaine de grossesse, cet examen comporte un risque de fausse couche de 1%. Outre ces inconvénients, cette procédure basée uniquement sur l’âge maternel comme facteur de risque ne permettait de dépister que 30% des enfants porteurs d’anomalies chromosomiques, puisque une majorité d’enfants porteurs de trisomie 21 naissaient de femmes de moins de 35 ans". Aujourd’hui, grâce aux progrès réalisés en matiè- re de dépistage prénatal, il est possible d’éviter -ou, en tout cas, de réduire grandement- des examens diagnostiques invasifs et donc de diminuer le risque de fausse couche, en déterminant au 1 er trimestre de grossesse le risque individuel d’anomalie chromosomique à l’aide de marqueurs échographiques et du dosage sanguin de deux hormones. S’adressant aux femmes de tout âge, cette nouvelle procédure permet d’obtenir un taux de dépistage nettement plus élevé (90%) que les méthodes se basant uniquement sur l’âge maternel. Les marqueurs de 1er trimestre Concrètement, lors de la première échographie dite de datation- qui a lieu à la 12e semaine, l’obstétricien examine l’épaisseur de la nuque de l’embryon appelée "clarté nucale" en échographie. "La clarté nucale est le paramètre le plus important pour dépister une grossesse à risque au cours du 1er trimestre. Le risque augmente avec l’épaisseur de la clarté nucale", note le Dr Antonelli. Le dosage sanguin de deux hormones du sang maternel -le béta- hCG et le PAPP-A- est aussi essentiel. "L’analyse des taux de ces hormones dans le sang de la mère permet, en combinaison avec l’âge maternel et la mesure de la clarté nucale, de calculer au 1er trimestre le risque individuel d’anomalie chromosomique. La détermination de ce risque constitue la meilleure base de décision possible pour recourir ou non à une analyse des chromosomes de l’enfant à naître, indispensable pour un diagnostic fiable". Cette analyse se fait par choriocentèse (prélèvement du placenta sous contrôle échographique réalisable dès la 11e semaine avec un risque d’avortement spontané de 1,5%) ou, plus tard, par amniocentèse. Le Dr Antonelli insiste sur l’importance de l’information et du consentement de la patiente: "La femme doit être bien infor- mée afin de pouvoir comparer le risque d’avoir un enfant porteur d’anomalie chromosomique avec le risque d’une fausse couche liée à une intervention comme la choriocentèse ou l’amniocentèse". A noter qu’un autre marqueur échographique pour dépister un risque d’anomalie est l’absence de l’os nasal. P.M. O. Currat Ces dernières années, les méthodes en matière de dépistage prénatal ont changé. Déterminer le risque d’anomalie chromosomique, notamment de trisomie 21, par l’âge maternel seul ne suffit pas. Le Dr Eric Antonelli souligne que le dépistage prénatal est le fruit d’une collaboration entre l’unité de médecine fœtale et d’échographie, le laboratoire d’hormonologie et le service de génétique médicale. DAME. Déclencher ou Attendre en cas de Macrosomie Estimée. Comme son nom l’indique, cet essai clinique qui est coordonné à Genève et comprend vingt centres français, belges et canadiens, porte sur les gros bébés (estimés à 4 kilos à terme) à la fin de la grossesse. Faut-il provoquer le travail d’accouchement ou attendre qu’il débute naturellement? Aujourd’hui, on ne sait pas quelle attitude est la meilleure. Etude STREPTOCOLI Cette étude vise à mettre au point, en collaboration avec le service des maladies infectieuses, une technique de biologie moléculaire (PCR) rapide pour identifier les femmes en travail d’accouchement porteuses de Streptocoque du groupe B ou de E. Coli K1. Ce test permettra d’administrer des antibiotiques en cours de travail chez les femmes positives et de diminuer le risque d’infection néonatale. La technique est en cours de validation chez 200 femmes. Retourner le fœtus Autre étude : la moxibustion en cas de présentation du bébé par le siège. La combustion de bâtonnets de moxa est employée dans la médecine traditionnelle chinoise et ses effets sont comparables à ceux de l’acupuncture. On chauffe un point sur le pied afin de le stimuler, ce qui aurait pour effet d’augmenter les mouvements du fœtus de sorte qu’il se retourne. Pour tester son efficacité, les patientes sont divisées en deux groupes: soit cette méthode est appliquée entre les 34e et 37e semaines, soit elle ne l’est pas. Si le bébé est toujours en position de siège à la 37e semaine, on propose de procéder à des manœuvres externes pour tenter de le retourner.