3
la lettre du spina bifida juin 2015
édito
Dans les plans nationaux maladies rares il est
prévu que les centres nationaux de références
élaborent des PNDS (Protocoles Nationaux de
Diagnostic et de Soins).
Comme vous vous en doutez l’ASBH a dès le
début attendu l’écriture par les spécialistes de
PNDS et est intervenue régulièrement pour
inciter à la création de tels protocoles qui seuls
permettent une prise en charge de qualité, en
rationalisant les examens et les diagnostics en
réduisant l’urgence. De plus ils sont une aide
pour les médecins traitants généralistes.
L’élaboration d’un PNDS nécessite de suivre un
protocole élaboré par la HAS (Haute Autorité
de Santé), protocole lourd, difcile à mettre en
œuvre, basé sur des données objectives et
vériées de la littérature. Dans le domaine des
maladies rares et très rares, il est souvent très
difcile voire impossible d’obtenir des données
basées sur une population statistiquement
signicative.
Récemment la HAS a simplié la procédure
d’élaboration d’un PNDS se contentant de
vérier si le PNDS suit la procédure HAS.
Signalons que la Caisse Nationale d’Assurances
Maladie (CNAMTS) semble s’être retirée laissant
à la HAS toute l’initiative.
Ainsi les PNDS ne sont plus validés mais
simplement publiés à charge des associations
de les diffuser à leurs frais auprès du corps
médical, paramédical et auprès des patients
concernés.
La HAS a publié en 2014 le 1er PNDS sur la
gestion intestinale de la personne ayant un
spina bida.
Ce PNDS rassemble l’essentiel des
connaissances médicales sur la gestion de
l’incontinence fécale (diarrhée/constipation). Il
a le mérite d’exister et nous avons en accord
avec le protocole HAS relu ce PNDS en cours
d’élaboration et apporté nos remarques et
suggestions.
En dénitive nous ne pouvons que nous étonner
que le contenu du colon n’ait jamais été pris en
compte. Ce que l’on mange ou l’on boit n’a t-il
aucun effet, aucune action sur le transit intestinal,
sur la muqueuse colique, sur la constipation, sur
la diarrhée ?
Voilà un bel exemple de la non coopération
entre proctologues (qui s’intéressent à l’intestin
terminal) et les nutritionnistes.
Le PNDS gestion de l’intestin est donc incomplet.
Un deuxième exemple concerne un PNDS
sur la gestion de l’arbre urinaire. Il est l’un
des principaux problèmes du spina bida. Tous
les mois des personnes ayant un spina bida
décèdent d’insufsance rénale ou cardiaque
terminale. Pourquoi n’y a-t-il pas encore un
tel PNDS qui serait si utile aux médecins
généralistes ?
A signaler que je ne connais pratiquement pas de
collaboration entre urologues et néphrologues
(chargé de la prévention de l’insufsance rénale).
La plupart des néphrologues nous disent recevoir
des personnes ayant un spina bida seulement
pour évoquer une dialyse ou une greffe.
Liée à l’insufsance rénale dénitive, une
coordination urologue/néphrologue ne
réduirait-elle pas ces risques et ces traitements
nécessaires pour une survie de piètre qualité ?
Et en cas d’infections graves, la collaboration
d’un infectiologue n’est-elle pas utile ?
Troisième exemple, en mai 2015 la HAS vient
de publier un 2ème PNDS sur le spina bida.
« Prise en charge en médecine physique et
réadaptation du patient atteint de spina bida »
Nous évoquerons dans une prochaine lettre le
contenu de ce PNDS sur la rééducation des
enfants et adultes ayant un spina bida que
nous avons demandé depuis longtemps.
Une évaluation préalable du patient est
nécessaire an de déterminer la meilleure prise
en charge liée aux handicaps évalués et cotés.
80 % des personnes ayant un spina bida
présentent une hydrocéphalie valvée dès la
naissance. On sait maintenant qu’il en résulte des
handicaps cognitifs (dysexécution, dysraphie,
dyscalculie …).
Pourquoi le PNDS n’essaie-t-il pas d’évaluer ces
handicaps sachant que dès le jeune âge il est
possible de rééduquer donc d’améliorer ou de
compenser partiellement les fonctions lésées ?
Est-il possible de créer en France une
équipe pluridisciplinaire apte à prendre en
charge le spina bida ?