1 – Pour goûter le Psaume
Le psaume 1 appartient aux psaumes dits « sapientiels ». Ce ne sont pas des
prières à proprement parler, mais ils ont pour fonction d’appeler à l’écoute de la
Parole de Dieu et aux enseignements qu’elle recèle.
Les premiers mots de ce psaume, « bienheureux l’homme », sont une
exclamation, une béatitude pour nous rappeler cette vérité essentielle : nous
avons été créées pour le bonheur et non pour le malheur. Ce psaume, qui cherche
à dévoiler le profil de l’homme juste, se divise en 3 parties :
- 1ère partie (v. 1-3) : portrait du juste
- 2ème partie (v. 4-5) : portrait des méchants
- 3ème partie : (v. 6) : comportement de Dieu vis-à-vis du juste et des méchants
1ère partie – La description de l’homme juste se déploie en 3 temps :
par voie négative, ce qu’il ne fait pas : « Il ne suit pas le conseil des
méchants, ni ne se tient debout dans la voie des pécheurs, ni ne s’assied au siège
des railleurs ». Trois éléments sont à noter :
O un singulier face à des pluriels : le juste face aux méchants, aux pécheurs, aux
railleurs. Le mal est toujours polymorphe.
O trois positions fondamentales de l’homme : la marche, la position debout, la
position assise (cf. « Pour aller plus loin »)
O un homme en relation avec d’autres.
par voie positive, ce qu’il fait : curieusement on ne nous dit pas qu’il
exerce la justice, vis-à-vis de Dieu dans la prière, vis-à-vis du prochain dans le
service. Le juste est décrit à travers une situation beaucoup plus fondamentale : il
est situé en relation à ce qu’il aime : « il se plaît dans la loi du Seigneur ». Quelque
chose est entré dans le cœur et l’esprit de cet homme, qui ne peut plus le quitter,
comme l’être aimé que l’on porte constamment en soi. Il est habité par la loi du
Seigneur qu’il va murmurer jour et nuit. Elle devient sa nourriture.
par une comparaison, celle d’un arbre
planté près d’un ruisseau. Deux
choses importantes nous sont dites à propos de cet arbre :
O il donne du fruit « en son temps », au temps du Seigneur qui n’abandonne
jamais le juste, mais l’invite obstinément à la confiance, à la persévérance
O ses feuilles ne tomberont jamais, c’est le signe d’une puissante vitalité, d’une
promesse de vie éternelle, puisque le dessèchement est signe de mort.
Cette comparaison est résumée en ces termes : « tout ce qu’il fait réussit », que
l’on pourrait traduire par « toutes ses œuvres, Dieu les fait réussir ». Ainsi celui
qui a mis son amour dans la loi ne sera pas déçu, tout ce qu’il fait se situe sur la
bonne voie, celle de la construction du Royaume.
Comparer l’homme à un arbre est chose courante dans la Bible. De même que l’arbre planté en
terre se dresse vers le ciel, de même l’homme doit être tendu vers Dieu.
2ème partie – La description des méchants se déploie en 2 temps :
à quoi sont-ils comparables ? « Ils sont comme la paille balayée par le
vent ». L’image est celle d’hommes qui ne réussissent pas à construire solidement
et donc à se construire, et qui voient les choses leur échapper des mains. Ils sont
comme des « errants » sur la terre, en proie à la dispersion, à l’éphémère. C’est
aussi le signe que le mal n’a pas vraiment de consistance, que l’impiété ne fera
pas long feu.
quelle est leur destinée ? Ils ne tiendront pas au jour du jugement. Ici
l’allusion vise probablement le Jugement dernier. Celui qui se trouve dans la
catégorie des méchants, des impies ne construit pas le Royaume de Dieu. Or c’est
sur l’amour que nous serons jugés. Les méchants n’ont donc aucune consistance.
3ème partie – Le comportement de Dieu vis-à-vis du juste et des méchants
Le psaume s’achève sur cette parole récapitulative : « Le Seigneur connaît
le chemin des justes ». Qu’est-ce à dire ? Chaque fois que l’homme s’ajuste au
vouloir de Dieu, le Seigneur peut le connaître, c’est-à-dire lui manifester son
amour. Quant au chemin des impies, il n’est pas décrit comme sujet à la colère de
Dieu mais simplement comme quelque chose qui ne réussit pas, qui ne débouche
sur rien, complètement stérile. Le monde du mal est totalement étranger à Dieu
comme le dit le prophète Habaquq : « Tes yeux sont trop purs pour voir le mal »
(Ha 1, 13). Et selon le mot de saint Thomas d’Aquin : « Dieu n’a pas idée du mal ».
Or, ce qui est étranger à Dieu ne peut que se perdre et disparaître.
2 – Pour aller plus loin
Si la vocation de tout homme c’est le bonheur de demeurer dans la loi du
Seigneur (décrit verset 2), à cette fin, il lui faut adopter une triple attitude : se
mettre en marche, se tenir debout, s’asseoir. C’est la dynamique du premier
verset de ce psaume :
Bienheureux l’homme qui ne se met pas en marche en suivant le conseil des méchants,
ne se tient pas debout dans la voie des pécheurs, ne s’assied pas au siège des railleurs.
Derrière ces trois attitudes se dessine notre vocation, se révèle ce que le Seigneur
attend de nous, ce que le psalmiste va nous enseigner par son chant.
Se mettre en marche : verbe des vocations
Quand Dieu appelle il faut prendre la route, se désinstaller, quitter
résolument son passé de pécheur. C’est ce qu’a fait Abraham : « Le Seigneur dit à
Abram : "Mets-toi en marche, hors de ton pays, de ta parenté, de la maison de
ton père" […] Abram partit comme le Seigneur lui avait dit » (Gn 12, 1-4). C’est aussi
ce qu’ont fait les disciples : « Jésus leur dit : "Venez derrière moi et je vous ferai
pêcheurs d’hommes". Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent » (Mt 4, 19-20).