Le Sapeur Camembert, grand précurseur de Keynes

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Le Sapeur Camembert, grand précurseur de
Keynes
Apparemment notre nouveau Président a trouvé la solution à la crise Européenne, solution qui
jusque là avait échappé à tout le monde et surtout aux Allemands. Il nous faut emprunter plus
par l’intermédiaire d’organisations qui pour l’instant ont encore des bilans relativement sains du
style de la Banque Européenne d’Investissements et se lancer avec cet argent dans des
investissements massifs, du type, toutes qui ne mènent nulle part ou ponts qui ne servent à rien.
Notre Président veut réinventer les ateliers nationaux qui avaient piteusement échoué en…1848,
ce qui donne une idée de la modernité de sa pensée et cela à l’époque de l’économie de la
connaissance.
On est émerveillés…
C’est bien entendu ce que font les Japonais depuis vingt ans et les Américains depuis l’arrivée de
monsieur Obama, avec les succès que chacun peut constater.Nos élites ne se rendent pas compte
que la crise actuelle n’est pas une crise de sous consommation comme ils le pensent, mais une
crise de la surconsommation étatique financée par un excès de dette. Nous souffrons d’avoir un
Etat dont le poids est trop lourd et qui pour se financer emprunte de l’argent que nos enfants
devront rembourser.
Chacun sait que la dette n’est que de l’impôt différé et que la marque d’une Démocratie est que
l’impôt est voté par ceux qui vont devoir le payer. Nous collons cependant des impôts énormes
(par l’intermédiaire de la dette que nous allons leur laisser) sur nos enfants ou nos petits enfants
sans qu’ils aient pu les voter, ce qui est la marque non pas d’une Démocratie, mais d’une
démagogie dont le seul but est que la génération actuelle, celle qui vote, ne souffre en aucun cas
de ses incontinences.
Voila qui est déjà insupportable.
Mais il y a pire : nos dirigeants font cela en prétendant qu’ils sont compétents et qu’ils savent ce
qu’ils font parce qu’ils ont été dans des écoles où on leur a enseigné le Keynésianisme,
merveilleuse doctrine économique qui soutient que pour faire de bonnes récoltes, il est
nécessaire de bouffer les semences avant même de les avoir mis en terre et qu’il suffit ensuite
d’emprunter à son voisin qui lui a semé en temps et en heure de quoi se nourrir et que ce faisant
ils font le bonheur du voisin qui sans cela n’aurait eu personne à qui vendre sa récolte. Ici je suis
injuste (ce qui est le crime suprême d’après notre Président) : On peut aussi non pas lui
emprunter de l’argent, mais simplement le lui voler en le taxant a mort, ce qui est une solution
qui permet à la justice fiscale de s’exercer pleinement.
On voit la profondeur de l’analyse et à quel point la fourmi avait tort et la Cigale raison.
Mais enfin, voila ce que l’on enseigne dans nos grandes écoles, ce qui suffit sans doute à
expliquer le marasme invraisemblable dans lequel se trouve notre pays qui a à peu prés tout pour
réussir, sauf bien entendu des gens compétents et courageux à sa tête.
Mais pour rétablir la vérité historique il faut rappeler ici un point important : cette théorie
développée par Lord Keynes dans les années trente avait déjà été mis en lumière par le Sapeur
Camembert, célèbre économiste Français de la fin du XIX siècle et à qui Keynes a beaucoup
emprunté sans jamais cependant reconnaître sa dette intellectuelle.
Ce grand homme, fort modeste, avait été chargé par son caporal de creuser un trou pour y
enfouir des ordures. Ayant creusé son trou et y ayant mis les déchets, notre économiste déjà
socialiste (sans le savoir) se retrouva devant un nouveau problème : que faire du tas de terre,
conséquence logique du trou maintenant comblé ?Comme son caporal passait par là, la question
fut posée. La réponse, fort simple fut bien sur de creuser un autre trou pour y déposer la terre et
d’aller passer quatre jours au poste de police pour avoir importuné son Caporal avec des
questions stupides.
La solution au problème de la dette nous dit le caporal Moscovici est de creuser un autre trou. Il
fallait y penser !
Chacun peut donc voir que les nouvelles équipes qui viennent d’arriver au pouvoir ont
parfaitement intégré les théories économiques du sapeur Camembert, revues et améliorées par
Keynes, ce qui j’en suis sûr va pleinement rassurer le lecteur…
Le même lecteur sera d’autant plus confiant si je lui dis que je n’ai jamais pu trouver la moindre
trace d’une politique Keynésienne qui ait marché dans la réalité, jamais, nulle part et ce pour
toutes les raisons que j’ai longuement expliqué dans « l’Etat est mort ,vive l’état… »
Je ne doute pas que notre Président ne soit un homme aussi un homme modeste, mais comme
avait lancé Churchill a qui quelqu’un avait dit qu’Attlee (son rival en politique) était un homme
modeste: « Il a d’excellentes raisons d’être modeste»
Bref, compte tenu du niveau Camembérien de ce qui passe pour un raisonnement économique
en France, il va me falloir essayer d’expliquer en termes suffisamment simples ce dont nous
souffrons pour que même nos élites puissent comprendre, au cas fort improbable ou elles se
poseraient des questions sur leur compétences et chercheraient des avis à l’extérieur (on peut
toujours rêver) ou tomberaient par hasard sur ces lignes (re-on peut toujours rêver)
Je vais devoir procéder tout doucement pour ne pas les perdre en route, que le lecteur normal
m’en excuse.
1. Le poids de l’Etat Français dans l’économie ne cesse de monter depuis 1970 au
point aujourd’hui ‘hui ce poids représente 56 % du PNB.
2. Toute hausse du poids de l’Etat dans l’économie déclenche un ralentissement du
taux de croissance structurel de cette économie, ce qui fait baisser les recettes
fiscales.
3. Hausse des dépenses, +baisse des recettes = déficit budgétaire en hausse
perpétuelle, lequel ne peut donc être financé que par l’émission de dettes.
4. Quand la dette atteint à peu prés 100% du PNB, si les taux d’intérêts sont à 3 %,
cela veut dire que le service de la dette consomme à peu prés l’accroissement de
richesse attendu (3 % par an, si on est socialiste, 1.5 % par an dans la réalité)
5. A ce point du processus, (je dois demander au lecteur de se concentrer car c’est la
ou nos élites cessent de comprendre), il se passe un phénomène curieux : Toute la
croissance du PNB va au service de la dette passée et si cette dette passée est
détenue par des étrangers, cela veut dire que le pouvoir d’achat du travailleur
Français de base ne peut que stagner ou baisser.
6. Si par hasard et par malheur nos élites continuent à distribuer des prébendes non
gagnées du style réduction de l’âge de la retraite, alors nos taux d’intérêts peuvent
monter brutalement comme l’ont montré les exemples Grecs , Espagnols ou Italien,
et nous rentrons alors dans une trappe à dettes. Si ces taux doublent en raison de la
défiance qui s’installe, cela veut dire que le pouvoir d’achat du Français moyen devra
baisser d’environ 3 % par an jusqu’ à ce que la dette soit remboursée ou à tout le
moins stabilisée.
7. L’économie rentre alors en dépression.
8. C’est en général à ce moment la que le FMI prend ses billets pour le pays en
question et loue des bureaux sur place.
Nous sommes en train d’arriver au point numéro 6, en route vers le 7 ou l’Espagne et l’Italie nous
ont déjà précédés …
Pour nous sortir du guêpier dans lequel nous nous sommes fourrés tous seuls, il y a en général
deux stratégies et deux seulement.
Celle du FMI, basée sur une vision comptable des choses, qui a toujours et partout échoué.
Celle de l’économie de l’offre, qui a toujours et partout réussi.
Commençons par le FMI : Les recommandations sont toujours les mêmes : il faut augmenter les
impôts sur le secteur privé et mettre des fonctionnaires à la porte tout en diminuant le salaire de
ceux qui restent, en maintenant des taux d’intérêts élevés pour tenir le taux de change. Ce
« policy mix » de politiques budgétaires et monétaires restrictives accompagnées par un taux de
change surévalué a été essayé souvent dans l’histoire et a toujours conduit à une dépression (voir
la Grèce, l’Espagne ou l’Italie en ce moment, ou la France et l’Allemagne en 1934 )
Continuons avec la politique de l’offre. Comme la croissance ne vient que de l’action des
entrepreneurs, il faut leur redonner des espaces de liberté pour renouer avec cette croissance qui
avait disparue. Cela se fait d’habitude en laissant les taux de change et d’intérêts trouver leurs
niveaux d’équilibre (ce qui rend nos entrepreneurs compétitifs vis-à-vis du reste du monde), tout
en déréglementant les secteurs ou l’Etat est et n’a pas grand-chose à faire.
L’exemple type d’une politique de l’offre qui a réussi est celui de la Suède (pays représentatif de
l’ultra libéralisme comme chacun le sait) après sa faillite en 1992, qui a déréglementé et
privatisé son système éducatif, l’hôtellerie dans les hôpitaux, ses systèmes de retraite et tous ses
transports en commun. Moyennant quoi la Suède vingt ans après est en excédent des comptes
courants, a des excédents budgétaires et a réduit sa dette en 20 ans de 90 % a 30 % du PNB tout
en connaissant un quasi plein emploi et en empruntant à des taux inférieurs à ceux de
l’Allemagne.
Comme l’Euro nous interdit de trouver notre niveau d’équilibre sur le taux de change, il nous sera
à l’évidence impossible d’avoir des taux d’intérêts bas, qui ne sont que la conséquence d’une
monnaie sous évaluée, ce qui ne peut arriver avec une monnaie surévaluée.
Cela veut dire que notre pays va rentrer dans une trappe à dettes et de là en dépression, à moins
bien sur que le Frankenstein qu’est l’Euro ne disparaisse dans les mois qui viennent et que le
marché ne triomphe à nouveau, ce qui finira bien par arriver.
Mon message pour nos chères élites est donc tout simple .
1. Nous sommes dans le long terme et Keynes est mort il y a bien
longtemps.
2. Ce que vous avez appris à l’école n’a jamais marché.
3. Embaucher des fonctionnaires ne crée aucune croissance.
La seule chance pour notre pays est que vous réduisiez les coûts de fonctionnement de notre
Etat, tout en laissant ceux qui savent créer de la valeur (les entrepreneurs) agir.
Ce qui veut dire qu’il faudrait songer à faire rentrer tous les entrepreneurs qui ont fui à l’étranger
pour exercer leurs talents , par exemple en supprimant l’impôt sur la fortune tout en taxant
lourdement ceux qui ne prennent pas de risques (les fonctionnaires) et en détaxant massivement
ceux qui en prennent (les entrepreneurs).
C’est la ou je mesure mon optimisme permanent.
Pas une seule personne raisonnable ne pense que ce scénario a la moindre chance de se produire
et pourtant il est inévitable.
Les trimestres qui viennent vont être passionnants et je souhaite beaucoup de réussite au Parti
qui va être directement et totalement responsable de ce qui va se passer en France dans les
années qui viennent, c’est-à-dire au Parti Socialiste. Il va devoir faire exactement le contraire de
ce que pourquoi il a été élu.
Voila qui va être passionnant à observer.
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