Mission sur la simplification du droit appl
icable aux collectivités territoriales
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La compétitivité et la réactivité des territoires sont également entravées par la surenchère
normative et la mauvaise transposition des textes communautaires. Génératrice de surcoût, la sur-
réglementation est en effet source de complexité inutile Une collectivité qui souhaite ainsi aménager
un terrain pour accueillir une entreprise internationale et qui serait en concurrence avec une
collectivité d’un autre Etat membre, risque d’être désavantagée dans le choix final, les contraintes
normatives étant plus fortes côté français. Pour maintenir la compétitivité des territoires et attirer de
l’emploi, il est essentiel de mettre un terme à cette pratique, en transposant directement les
nouvelles directives sans verbatim.
2.1. Donner de véritables garanties aux collectivités territoriales face aux coûts élevés générés
par la production normative
Afin de les protéger contre les conséquences financières issues de l’activité normative de
l’Etat, il est nécessaire de réviser l’article 72 de la constitution pour introduire en droit français un
principe de proportionnalité au sens du droit communautaire défini comme l’exigence que toute
charge imposée au destinataire de la règle de droit soit limitée à la stricte mesure nécessaire de
l’objectif à atteindre et requiert un minimum de charges pour le destinataire de la norme et étendre
le droit de compensation des collectivités locales aux aménagements et approfondissements des
compétences prévus par la loi (à l’exception des lois de transposition des directives
communautaires). Parallèlement, il semble nécessaire de réaliser un suivi long terme du coût réel
des normes intégrant l’ensemble des coûts cachés.
2.2. Une application des normes uniforme qui nuit à la compétitivité des territoires
2.2.1. Un droit indifférent à la taille et aux moyens des collectivités
Les collectivités territoriales ne constituent pas un bloc monolithique, réparti de manière
mathématique et homogène. Fruit de l’histoire, elles traduisent toute la diversité, mais aussi la
richesse de nos territoires. L’application uniforme des règles de droit à des collectivités territoriales
aussi hétérogènes n’est pas sans poser de difficultés. Les contraintes normatives imposées sont
d’autant plus lourdes que la collectivité locale ne dispose pas de toute de l’ingénierie nécessaire, ce
qui est le cas de la majorité des petites communes. Afin de s’adapter à l’inégalité de facto qui
existent entre les collectivités, il est proposé, outre la poursuite de la politique volontariste
d’intercommunalité menée par le gouvernement, de moduler le droit en fonction de la taille des
collectivités concernées en introduisant « en droit un principe d’équité et d’adaptation favorisant
l’établissement de règles prévoyant elles-mêmes, lorsque l’application uniforme de leurs
dispositions de détail s’avère inadaptée, de déroger, suivant des mécanismes encadrés, aux
dispositions qu’elles édictent »1. Cela supposerait d’intégrer les effets en fonction de la taille des
collectivités locales (et pas seulement par niveau) dans l’étude d’impact et dans la fiche d’impact
financier.
2.2.2. Des normes trop rigides qui s’accommodent mal des réalités variables du terrain
Il ressort très clairement des auditions qu’il existe un manque de souplesse dans l’application
du droit au niveau local. Alors même qu’il existe des dérogations possibles, prévues par les textes,
elles semblent souvent ignorées des petites collectivités. Par ailleurs, de nombreux élus locaux
renoncent souvent à déposer un recours, car ils ont le sentiment d’une extrême complexité de la
procédure avec à la clé, une faible chance d’être entendu, les commissions de recours ne déjugeant
pas, à leurs yeux, leurs pairs. Cette difficulté ne tient pas toujours au caractère inadapté de la norme
1 Rapport du groupe de travail interministériel sur la qualité de la réglementation présidé par Monsieur
Dieudonné Mandelkern