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PostU(2009) 113-116••••••
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Lesdouleurs rinéales
Objectifsdagogiques
Connaîtrelesprincipalescauses
d’algiespelviennes;
Connaîtrelastratégie d’explora-
tion ;
Connaîtrelestraitements dispo-
niblesetleurs résultats.
Introduction
Lesdouleurs rinéalessontunmotif
fréquentde consultation dansles
centresanti-douleurs (4-5 %des
consultations)aprèsquelesdifférentes
scialitésmédicales(dermatologie,
proctologie,gycologie,urologie,
neurologie etc.) ontéliminé une cause
organique. Cesdouleurs «sanscaus
sontparticulièrementdifficilesàtrai-
ter,cessitantfréquemmentune
approche multidisciplinaire. Parmi
elles,sontde mieux en mieux iden-
tifiéeslesvralgiespudendales,ilio-
inguinales,ilio-hypogastriques,et
génito-fémorales,lesdouleurs à
composanteostéo-ligamentaire,le
syndrome myofascial,lesdouleurs
d’origine musculaireetveineuse.
Lesvralgiespudendales
Lesvralgiespudendalescorrespon-
dentàune douleur d’origine neuro-
logiquesur le territoiredunerfpuden-
dal. Ilpeut sagird’une atteinte
radiculaire,plexiqueoutronculaire.
Lessionsradiculairessontobservées
en casde syndrome de laqueuede
cheval,de canallombairtroit,de
fractureoude tumeur dusacrum. Les
sionsplexiques(siégeantauniveau
duplexus pudendal) ontétédécrites
aprèsamputation durectum,hysté-
rectomie élargie,accouchementdiffi-
cile avecdélivranceparforceps,ou
étirementsur table de chirurgie ortho-
pédique. Lessionstronculairessont
secondairesàune compression dunerf
pudendaldessionsd’étirementou
àd’autrescausestoxiques,infectieu-
ses,taboliquesresponsablesde
polyneuropathie.
Dansle syndrome ducanaldAlcock
syndrome ducanaldAlcock,
le nerfpudendalest comprimé dans
son passage autravers dudédouble-
mentaponévrotiquedel’obturateur
interne ouauniveaude l’épine scia-
tiqueentreleligamentsacro-épineux
etsacro-tubéral. Lescritèresindispen-
sablesaudiagnosticde syndrome
canalairedunerfpudendaloude
vralgie pudendale d’origine compres-
sive(Critèresde Nantes)[1]sont:
Douleur située dansle territoire1)
anatomiquedunerfpudendal(de
l’anus àlaverge ouauclitoris);
Douleur prédominanten position2)
assisealors quelespatients sont
soulaslorsqu’ilssontassissur le
siège destoilettes;
Douleur ne réveillantpaslanuit.3)
Absencededéficitsensitif objectif.4)
Devanttout déficitsensitif super-
ficiel périnéal,il faudraévoquer
avanttout une atteintelésionnelle
radiculairesacrée (syndrome de
laqueuedecheval) ouplexique
sacrée.
Soulagementdesdouleurs après5)
laréalisation d’une infiltration
anestsiquedunerfpudendal.
Dautrescritèressontconsidéréscomme
évocateurs oucompatiblesavecle
diagnostic, maissansêtreindispen-
sables.Ilsagitde sensation de b-
lures,de déchargesélectriques,de
tiraillementoud’engourdissement,
d’une allodynie (intolérancecutanée
parexemple auport de vêtement),
d’une aggravation desdouleurs au
cours de lajournée,d’une douleur à
prédominanceunilatérale,apparais-
santaprèsladéfécation et/ouclen-
chée parlapression de l’épine scia-
tique. Aucontraire,desdouleurs
uniquementcoccygiennes,fessres,
pubiennesouhypogastriques,les
douleurs paroxystiques(devantfaire
rechercherune lésion nerveusetumo-
rale)type de prurit,ousurvenant
exclusivementpendantladéfécation,
lamiction,lesrapports sexuels,
permettentd’exclurelediagnosticde
syndrome ducanaldAlcock[1].
Lediagnosticde névralgie pudendale
paratteintecanalaireest undiagnos-
ticclinique. Lesexplorationscomplé-
mentairespermettrontsoitd’évoquer
une autreorigine aux douleurs ri-
alesdupatient(testsélectrophysio-
logiquesrinéaux etimagerie),soit
de donnerdesfacteurs prédictifsavant
une intervention de décompression du
A.-M.Leroi
A.-M.Leroi ( )
FacultédeMédecinedeRouen,ADENEA4311,CHU,1,ruedeGermont,F-76031Rouen
E-mail :Anne-Marie.Leroi@chu-rouen.fr
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nerfpudendal(tests électrophysio-
logiquesrinéaux)[1].
Lorsquelediagnosticde syndrome du
canaldAlcockest suspecté,l’infiltra-
tion (le plus souventscanno-guidée)
permettrade confirmerl’hypotse
diagnostiqueetde soulagerle patient.
Silesinfiltrationsapportentun
bénéficedetrop courtedurée,une
intervention visantàlibérerpuisà
transposerle nerfpudendalpeut être
proposée [2].
Lesvralgiespudendalespeuvent
parfoissaccompagnerde douleursà
composantesympatalgique. Ilsagit
de sensation de corpsétrangerau
niveaurectal,de «bêtequironge ou
quigrouille ». Cesdouleurs peuvent
êtreamélioréesparune infiltration du
ganglion impar,dernierganglion sym-
pathiquepré-vertébralsituéauniveau
sacro-coccygien [1].
Autresvralgies
Letableauci-dessous récapitule les
principalesvralgiesentraînantdes
manifestationsdouloureusesri-
ales[3].
Cesdouleurs ontdeux caractéris-
tiques:ellescorrespondentàun
territoired’innervation etellesse
traduisentpardesparestsies(pico-
tements,engourdissements,pelote
d’aiguilles),deschargesélectriques,
oudesblures.Lepatientpeut
égalementsignalerune allodynie.
L’existencededysestsiesaucontact
(contactquidéclenche dessensations
sagréables),d’une hypoestsie au
piquer-toucherouauchaud-froid est
trèsévocatricededouleurs neuro-
gènes.
Lorsquelasymptomatologie est
compatible avecune névralgie dansle
territoiredundecesnerfs,l’origine
rachidienne doitêtrerecherchée etune
infiltration anestsiqueenvisagée. Il
peut égalementsagird’une atteinte
tronculairedansunterritoirecicatri-
ciel,parexemple,post-chirurgicale.
Lesdouleursàcomposante
ostéo-ligamentaire
Lesyndrome
de lacharnièredorso-lombaire
Ilest dûàune irritation desnerfs
rachidiensD12etL1qumergentdu
rachisauniveaude lacharnièredorso-
lombaire. Cesdeux nerfsinnervent
parleur branche antérieure,lesplans
cutasde larégion abdominale infé-
rieure,lafaceinterne descuissesàleur
partie surieure,lesgrandesvres
oule scrotum,le pubis.Dechacune
desbranchesantérieuressedétache
laverticale dutrochanter,unrameau
cutané perforantlatéralquiinnervela
peaude lapartie supero-externe de la
cuisse. Lesrameaux cutasde leur
branche postérieureinnerventles
planscutasde larégion lombaire
inférieureetde lapartie surieuredes
fesses[4].
La manifestation laplus fréquentedu
syndrome de lacharnièredorso-lom-
baireest une lombalgie bassesimulant
une lombalgie d’origine lombo-sacrée
ousacro-iliaque. Ilpeut également
sagirde douleurs abdominalesbasses
pseudo-viscérales,oude douleurs simu-
lantune bursitetrochantérienne ouplus
rarementde douleur pubienne [5].
L’examen cliniquerechercheraune
douleur provoquée àlapression des
épineuses,desmanifestationscellu-
lagiques(pincer-roulerdouloureux
dansle territoiredesnerfsrachidiens),
unpointgâchetteauniveaude lacrête
iliaque(triggerpoint).
Letraitementcomportedesmanipu-
lationsdusegmentthoraco-lombaire
eten casd’inefficacité,une infiltration
anestsiqueauniveaudupoint
articulairepostérieur,douloureux à
l’examen.
La coccygodynie
Elle correspond àune douleur en posi-
tion assise,strictementlocalisée au
coccyx,reproduiteparlapression du
NerfRacinesInnervationmotriceInnervationsensitive
Ilio-inguinalD12-L1Obliqueinterne
TransversePartie suro-médiane de cuisse–racine
dupénis–partie surieureduscrotum–
montde Vénus -grande lèvre
Ilio-hypogastriqueD12-L1Obliqueinterne
TransversePartie suro-latérale de cuisse-
région pubienne
Génito-fémoralL1-L2Portion latérale du
bulbo-caverneux Partie surieureetmédiale de cuisse–
grande lèvre-scrotum
Fémoro-cuta
latéralL2-L3Aucune partie latérale etantérieuredecuisse
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coccyx parvoie externe oulors du
toucherrectal. Elle peut parfoisêtrele
témoin d’une instabilitécoccygienne
démasquée parlesclicsdynamiques
ducoccyx (une instabilitésurieure
à25° entreposition debout etassise
étantconsidérée comme pathologi-
que). Lorsquelecoccyx restestable,
lesdouleurs peuventêtreduesàune
arthroseinter-coccygienne ouune
épine coccygienne. Letraitement
consisteessentiellementen laréali-
sation d’infiltrations[6].
Douleursd’origine
musculaire
Lesdouleurs d’origine musculairesont
le plus souventmixtesliéesàla
contracturemusculairedune part,et
àlacompression desnerfssciatiques,
nerfcutané postérieur de cuisse,voire
nerfpudendal,quipeuvententreren
conflitavecle muscle hypertonique,
d’autrepart [6].
Lesyndrome dumuscle piriforme
Ilprovientde lacontracturedumuscle
piriforme quis’insèreentrelegrand
trochanteretl’osiliaque. Ilsetraduit
parune douleur fessreavecdesirra-
diationsdescendantesàlafaceposté-
rieuredecuisse. Cesdouleurs sont
aggravéesen position assise,pardes
efforts physiquescomme lamarche,le
souvement,lamontée desescaliers.
Àl’inverse,lespatients peuventêtre
soulasen position assiseparlamise
en flexion etabduction passivedu
membreinférieur (cequientraîne un
raccourcissementdumuscle).
Lesyndrome dumuscle obturateur
Ilsedifférencie duprécédentpardes
douleurs fessresetdumembreinfé-
rieur maisprédominanten position
assiseetirradiantdansle territoire
inguinaletrinéal(parcontraintedu
nerfpudendalcheminantdansl’apo-
vrosedumuscle).
Lediagnosticde cesdouleurs mus-
culairesest clinique(mauvresde
miseentension dumuscle pouvant
réveillantladouleur,points doulou-
reux àlapalpation). La priseencharge
est essentiellementrééducative.
Syndromemyofascial
Lesyndrome myofascialest défini par
unsyndrome douloureux musculaire
avecfaiblessemotrice,corde mus-
culairetendue,pointgâchetteetdou-
leur référée. Ilseraitdûàundysfonc-
tionnementneuro-musculairelocalisé,
entraînantune sensibilisation des
nocicepteurs de voisinage. La douleur
myofasciale s’exprime parune douleur
régionale complexe,maisreproductible
àl’examen clinique[6].Peuventêtre
responsablesde douleurspelviennes,
l’élévateur de l’anus,le muscle piri-
forme,le muscle obturateur interne,le
psoas,le droitfémoral,le transverse
profond.
Varicespelviennes
Lesvaricespelviennespermanentes
asymptomatiques,fréquentessla
deuxième grossesse,peuventan-
moinsêtreàl’origine d’une sympto-
matologie scifiqueinvalidante. On
distinguetroistypesde sémiologie
clinique:1) le syndrome de conges-
tion pelvienne ;2)lesdouleurs pel-
viennesfocaliséesàsiège constant;
3)lesvaricesatypiquesdesmembres
inférieurs [7]Dansle syndrome de
congestion pelvienne,lesdouleurs
pelviennessontaggravéesen position
debout àlamarche,en fin de journée
eten période pré-menstruelle. Une
dyspareunie oudesdouleurs post-
ctalesdurant24à48 heuressont
souventassociées.Une sensation de
pesanteur rinéale,desurgencesmic-
tionnelles,une sensation de lourdeur
de jambessontinconstantesmais
caractéristiques.Lassociation d’une
palpation annexielle reproduisantles
douleurs de lapatienteetde dyspa-
reunieschroniquespost ctalesaurait
une bonne sensibilitédansladistinc-
tion entrelesyndrome de congestion
pelvienne etlesautrescausesde
douleurs pelviennes[8].Lesdouleurs
pelviennespeuventégalementêtre
localiséesàunviscèreenrapport avec
lesvarices(cystalgie,douleurs abdo-
minalesincompatiblesavecle dia-
gnosticde côlon irritable).
Lesexamensparacliniquessontessen-
tiellementradiologiques.Une écho-
graphie endovaginale,sipossible
couplée audoppler,est l’examen de
premièreintention. Lorsqueledia-
gnosticest confir,le traitement
endovasculaireest àl’heureactuelle,
lasolution trapeutiqueproposée.
Conclusion
Lesdouleurs rinéaleschroniques
sontparfoisdifficilesàprendreen
charge comptetenudesincertitudes
diagnostiquesetdesproblèmestra-
peutiquesrencontrés.Ilest important
de rechercherdeséléments évocateurs
de douleur neuropathique,musculaire,
rachidienne quipermettrontd’orienter
le diagnosticetle traitementproposé
(antidépresseurs,antiépileptiques,
kinésitrapie,infiltrationsetc.).
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Questionsàchoixunique
Question1
Quel critèren’est pascompatible avecle syndrome ducanaldAlcock?
A.douleurs situéesdansle territoiredunerfpudendal
B.douleurs réveillantlanuit
C.douleurs prédominanten position assise
D.douleurs soulagéesaprèsinfiltration anestsique
E.absencededéficitsensitif
Question2
Nesontpasévocatricesd’une douleur neurologique:
A.douleurs associéesàdestroublessensitifs
B.douleurs associéesàundéficitmoteur
C.douleurs dansle territoiredunnerf
D.douleurs lors desefforts
E.douleurs associéesàunsigne de Tinel
Question3
Lesdouleursmajoréesen position assisesontcaractéristiques:
A.delaneuropathie ilio-inguinale
B.delaneuropathie ilio-hypogastrique
C.dusyndrome dumuscle obturateur
D.dusyndrome de lacharnièredorso-lombaire
E.dusyndrome dumuscle piriforme
Lespoints forts
Lesvralgiespudendalessontliéesàune atteinteradiculaire,plexiqueoutronculairesacrée.'
Lesyndrome canalairepudendalest caractérisépardesdouleurs situéesdansle territoiredunerfpudendal,:
prédominantesen position assise,ne réveillantpaslanuit,sansdéficitsensitif etsoulagéesparl’infiltration.
Une lésion desnerfsilio-inguinaux,ilio-hypogastriques,génito-fémoraux peut provoquerdesdouleurs rinéales4
neurogènes.
Une atteintedesmusclesrinéaux peut provoquerdesvralgiesrinéales.
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