Objekttyp: Issue Zeitschrift: Éducateur et bulletin - E

Objekttyp: Issue
Zeitschrift: Éducateur et bulletin corporatif : organe hebdomadaire de la
Société Pédagogique de la Suisse Romande
Band (Jahr): 4 (1868)
Heft 18
PDF erstellt am: 05.06.2017
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dibU^humanitë-patrIe
LAUSANNE
4e année.
45 SEPTEMBRE 1868
18.
LÉDUCA
REVUE PÉDAGOGIQUE
PUBLIEE PAR :i
LA mjm DES INSTITUTEURS DE SU!
et paraissant le 1er el le 15 de chaque sois.
Prix d'abonnement :Pour tonte la Suisse, 5francs par an; pour l'étranger, le port
en sus.— Prix du numéro, SO cent.—Prix des annonces :20 cent, la ligne ou son espace
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Ilsera donné nncompte-rendu de toutonvrage dont la rédaction recevra un exemplaire.
Les réclamations concernantl'administration et l'expédition dujournal doivent être
•dressées àM. Bstoppey, gérant de I'Educateur, àLausanne, ttout ce qui regarde la
rédaction, ycompris les journaux d'échange, àM. le professeur Daguet, àNeuchàtel.
Sommmre. Biographie populaire des pédagogues suisses. Coup d'oeil général sur
l'instruction publique en Suisse. Enseignement de la grammaire (suite), Corres¬
pondance sur l'Exposition scolaire de Lausanne. Chronique scolaire.
BIOGRAPHE POPULAIRE DES PÉDAGOGUES SUISSES
LE P. GIRARD *
Jean Girard naquit àFribourg, en Suisse, le 16 ou 17 décembre
1765. Son père était un négociant honorable et aisé. Mais comme
beaucoup de grands hommes, Girard dut sa première éducation à
sa mère. Cette femme sensée, gaie, spirituelle, communiqua ses
qualités àson fils. Il reçut aussi d'elle la première leçon de cha-
îNoos commençons aujourd'hui même, par le Père Girard, la publication annoncée il yaquelque temps dans
noire revue des pédagogues les plus illustres de la Suisse. Elle sera suivie de la biographie de Pestalozzi Ces
biographies sont de simples et bnè\es esquisses et n'ont aucune prétention àla science.
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rite chrétienne. 11 raconte lui-même ce trait dans les Souvenirs qu'il
alaissés et nous ne faisons qu'abréger son récit, une bonne femme
du Vully, contrée protestante des environs de Fribourg, était la
marchande de légumes attitrée de la famille Girard. Chaque fois
qu'elle venait dans la maison, elle ne manquait jamais de mettre
en réserve, dans un coin de sa corbeille, quelque friandise pour le
petit Jean. Ce dernier s'était pris d'affection pour la bonne femme
et lui sautait au cou dès qu'il la voyait venir. Or un jour, son pré¬
cepteur lui expliquant le catéchisme, dit que tous les protestants
seraient damnés sans miséricorde. Et la bonne femme du Vully?
lit timidement le petit Jean. Oh! damnée comme les autres.—
L'enfant se mit àfondre en larmes. Sa mère ayant appris la cause
de son chagrin :Jean, s'écria-t-elle avec sa vivacité habituelle, ne te
désole pas. Ton précepteur est un âne. Les bonnes gens ne sont ja¬
mais damnés. Ces paroles firent impression sur le petit Jean. Il se
les rappelait plus tard avec émotion et il resta fidèle àce qu'il nom¬
mait la «théologie de sa mère. »
Dans la famille Girard, composée de 15 enfants,'il était d'usage que
les aînés aidassent dans l'instruction de leurs cadets. Jean fut appelé
àson tour àremplir le rôle de moniteur auprès de ses frères et
sœurs moins âgés. «J'étais loin de me douter, dit-il àce sujet dans
ses Souvenirs, que je faisais ainsi un premier apprentissage de l'en¬
seignement mutuel introduit plus tard dans mon école. »
Al'âge de 10 ans, le petit Jean fut envoyé au collège que les Jé¬
suites dirigeaient dans sa ville natale. Au sortir de ses classes, il fut
un moment indécis entre l'état militaire et la vie monastique. Il avait
des amis chez les Cordeliers, religieux libéraux dont les tendances
étaient opposées àcelles des Jésuites. Il se fit cöYdelier et prit le
froc àl'âge de 16 ans, sous le nom de frère Grégoire. On l'envoya
faire son noviciat et achever ses études chez les Cordeliers ou Fran¬
ciscains de Lucerne. De là, il passa comme professeur au couvent
d'Ueberlingen, sur le lac de Constance, puis dans celui d'Offen-
bourg, sur la Kintzig, et enfin àWürzbourg. Cette dernière ville
était la capitale de la Franconie et la résidence d'un prince-évêque
nommé François d'Erthal. Ce prélat, aussi vertueux qu'éclairé, pro¬
tégeait les sciences, répandait l'instruction populaire dans ses Etats,
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améliorait les prisons et bâtissait non des casernes, mais des écoles,
des hospices et des maisons de travail pour les mendiants valides.
Autant il aimait la piété sincère, autant il avait en aversion l'hypo¬
crisie et ies hypocrites. L'université de Würzbourg florissail sous son
administration libérale. Girard passa quatre ans dans la capitale de
la Franconie. Il s'y prît d'un vif enthousiasme pour les belles choses
qu'il avait sous les yeux et aurait bien voulu pouvoir les réaliser
dans sa patrie. Mais àpeine de retour au pays, il était signalé comme
un homme dangereux et imbu des mauvais principes de l'Allemagne.
11 se vit donc réduit àse renfermer dans les fonctions de prédica¬
teur français qu'il remplissait au cloître. Il enseignait aussi la philo¬
sophie aux jeunes conventuels. Mais un écrit sur l'organisation de
l'instruction publique pour la Suisse entière le tira de l'obscurité.
Le Directoire helvétique le nomma archiviste, puis aumônier du
gouvernement siégeant alors àBerne. Girard passa plusieurs an¬
nées dans cette ville et s'y fit aimer et respecter de la population et
des autorités bernoises. Le culte catholique, aboli trois siècles aupa¬
ravant, yfut rétabli àcôté du réformé en grande partie par égard
pour l'homme qui représentait si dignement le premier. Dans
l'ouvrage qu'il aintitulé Souvenirs, le Père Girard ne peut assez se
louer des excellents procédés des Bernois àson égard. Il relève leur
attention délicate àne pas blesser les convictions religieuses des
catholiques et raconte avec émotion qu'ils poussèrent la délicatesse
jusqu'à faire faire maigre aux pauvres orphelins des petits cantons
qu'ils avaient recueillis chez eux. Pendant son séjour àBerne (de
1799 à1804), Girard s'occupa beaucoup de pédagogie et d'instruc¬
tion publique. Il idla visiter l'école de Berthoud et se lia avec Pesta¬
lozzi dont il était destiné àdevenir l'émule. En 180i, en effet, il fut
rappelé àFribourg pour ydiriger les écoles primaires de la ville.
Ces écoles étaient mal tenues et fréquentées par une soixantaine
d'élèves; au bout de quelques années leur nombre s'éleva à400. Les
enfants des écoles étaient redoutés auparavant pour leur paresse,
leur grossièreté, leur turbulence. Ils devinrent appliqués, polis, pai¬
sibles. L'instruction religieuse se réduisait àla lettre morte du caté¬
chisme: elle fut remplacée par des explications familières qui par¬
lèrent au cœur et àla raison des élèves. Les parents eux-mêmes se
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pressaient àces catéchismes et suivaient avec un intérêt croissant les
progrès de leurs enfanls. L'introduction de l'enseignement mutuel,
en 1815, donna un nouvel essor àl'école. Chaque classe fut divisée
en cours et en cercles. Les élèves les plus avancés instruisaient leurs
condisciples, sous la direction du P. Girard. Lui-même composa les
cahiers qui servaient àl'enseignement dans les cercles. L'école de
Fribourg rivalisa bientôt avec celle d'Yverdon et la surpassa même
en unité, en sagesse administrative. Pestalozzi avait demandé que le
gouvernement suisse fît examiner son école par des hommes com¬
pétents. La Diète envoya àYverdon le P. Girard avec deux autres
examinateurs de Berne et de Bàle. Le P. Girard fit un rapport im¬
primé dans lequel il relevait avec une impartiale sagacité les bons
et les mauvais côtés de l'établissement. Quelques années après, Pes¬
talozzi rendit au P. Girard la visite qu'il en avait reçue. En sortant
de l'école il ne put s'empêcher de dire àun ami de l'éducation po¬
pulaire, le noble et savant chanoine Fontaine :«Votre Girard est
un homme unique :avec de la boue il fait de l'or. »Le P. Girard
désirait étendre le progrès matériel et moral àtout le pays. Il fonda
une Société littéraire et d'économie politique, àlaquelle se firent
agréger les prêtres et les magistrats les plus éclairés. Un cours de
répétition fut ouvert aussi pour les instituteurs de la campagne.
Les amis de l'éducation, heureux des progrès qui s'accomplis¬
saient, désiraient voir le P. Girard devenir évêque du diocèse de
Lausanne ou du moins chef de toute l'instruction supérieure comme
il l'était déjà des écoles élémentaires. Mais un parti puissant se
forma contre le P. Girard et appela les Jésuites àla direction de
l'enseignement supérieur. Déjà dénoncé àRome une fois comme phi¬
losophe, le savant cordelier fut dénoncé de nouveau comme héré¬
tique. On lui faisait aussi un crime de préférer la persuasion àla
contrainte dans la discipline de son école. Sans se laisser décou¬
rager, Girard redoubla d'efforts pour répandre la lumière. Sou¬
tenu par le conseil communal, il parvint àfaire remplacer l'ancienne
maison d'école par un édifice qui était un véritable temple consacré
àl'éducation populaire.
Mêlant l'agréable àl'utile, il introduisit l'usage des courses sco¬
laires. Un jour, les plus avancés des élèves allèrent, sous la conduite
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