CORRIGÉ
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L’HISTOIRE • SUJET 17
Le sujet La culture
La raison et le réel La politique
La morale Sujets d’oral
conséquences ne le sont pas. Hegel critique l’idée qu’une philosophie pourrait
sauter par-dessus son époque, en soutenant que cet effort se condamne à
n’engendrer que des chimères. Si une théorie entend dépasser son temps,
elle ne sera qu’un caprice issu de l’imagination de son auteur. Le monde
ainsi engendré par ce saut sera une pure abstraction, une fantaisie particu-
lière aussi inconsistante qu’une empreinte dans de la cire molle. Hegel
entend ainsi souligner qu’une pensée ou une action ne sont effectives qu’à
la condition de s’inscrire dans leur époque, pour la modifier ou pour la com-
prendre dans ses traits essentiels.
Le sentiment d’enfermement paraît de plus reposer sur une méprise.
Comment pourrions-nous subir ce que nous produisons, que ce soit à un
niveau individuel ou collectif ? L’énoncé du sujet parle de notre histoire. Il
paraît donc contradictoire de prétendre que nous la vivions comme une
puissance étrangère, semblable à la contrainte qu’un gardien exerce sur
un détenu.
B. L’aliénation
Cependant, si la critique hégélienne incite à ne pas tomber dans une opposi-
tion schématique qui facilite les plaintes rapides du sentiment, il faut
reconnaître la réalité du phénomène de l’aliénation. Cet état caractérise la
situation de celui qui ne se reconnaît pas dans ce qu’il accomplit. L’individu
se trouve ainsi placé dans une situation contradictoire et douloureuse. Il est
comme un auteur dépossédé de son produit. Marx et Freud ont, chacun
dans leur domaine, étudié la réalité de ce fait.
L’analyse marxiste de l’économie politique montre que le travailleur
dépense ses forces pour créer des richesses dont il sera spolié par les
détenteurs des capitaux et de moyens de production.
Sur le plan psychologique, Freud établit qu’un aliéné est quelqu’un qui
engendre des pensées qu’il refuse de reconnaître comme étant les siennes.
Or cette attitude est source de maux, car elle indique une soumission à
l’égard d’événements passés ou de désirs insistants, que la personne
s’efforce de nier mais qui reviennent sous la forme de symptômes. Le but de
la cure psychanalytique est justement d’aider le malade à prendre cons-
cience clairement de ce qu’il refoule afin qu’il cesse de le vivre confusément.
Un trouble vécu change de statut dès lors qu’il est nommé, identifié. La per-
sonne peut alors devenir maîtresse de son histoire au lieu de la subir.
Il semble donc avéré que nous pouvons être prisonniers de notre histoire.
Nous n’avons pas le pouvoir de décider de tout ce qui nous arrive ou de
tout ce à quoi nous participons. Un individu est toujours lié à des situations
dont la maîtrise peut lui échapper largement, voire totalement. Dès lors, le
sentiment d’emprisonnement n’est pas la plainte d’une conscience qui
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