4
vallées piémontaises : parmi les plus intéressantes, citons la Valchiusella, le Val di Lanzo et
le Val Chisone. Sur le rocher de Cavour, il convient enfin de signaler une peinture rupestre
qui est datable du néolithique.
1.2 Ligures et Celtes
Les sources archéologiques font abondamment état de la présence simultanée des Ligures et
des Celtes dans l'arc alpin occidental, mais il est assez problématique de définir nettement
l'appartenance des diverses populations alpines à l'une ou l'autre ethnie. En fait, dans quelques
cas, les tribus ligures furent repoussées dans les montagnes, en particulier dans les Alpes
Maritimes d'aujourd'hui, tandis que les Celtes occupaient les plaines, mais, en général, il se
développe progressivement une assimilation profonde entre les deux peuples qui interdit de
les distinguer clairement.
Même dans les sources antiques, nous trouvons à cet égard des informations confuses et
contradictoires ; le contexte qu'elles nous présentent concerne surtout, en fait, le nouvel
ethnos né de la fusion des deux peuples, surtout après le VIIe siècle avant J.C.
On peut disposer d'un cadre descriptif global des diverses populations installées en Ligurie,
Piémont et Val d'Aoste en se reportant aux sources romaines qui célèbrent la victoire de
l'Urbe. Nous trouvons des listes de ces gentes alpinae dans le Trophaeum Alpium de La
Turbie et sur l'Arc de triomphe de Susa. Au total sont cités plus de quarante peuples, qui
justifient l'expression de Strabon de "poussière de peuples".
1.3 L'entrée dans l'histoire
Essayons maintenant d'analyser les principales phases qui aboutirent à la conquête romaine.
Au début, ce sont les Gaulois qui passent à l'attaque : il a été largement mentionné les
événements liés au sac de Rome en 387 avant J.-C. Mais la véritable entrée des populations
transpadanes dans l'histoire intervient en 218 av. J.-C. quand Hannibal, ayant franchi les
Alpes, descend en Italie, y cherche des alliés contre les Romains et assiège la cité des Taurini.
Après les victoires difficiles des guerres puniques, Rome entreprend au IIe siècle av. J.-C. de
nombreuses campagnes militaires contre les Gaulois de l'Italie du Nord. Elles se concluent
donc par la victoire de 191 av. J.-C sur les Boïens, qui voit la création de la colonie de
Bologne et celle de 181 remportée par Paul-Emile sur les Ingauni. En 173 sont attaqués les
Statielli tandis qu'en 125 Fulvio Flacco, sous prétexte de défendre Marseille, colonie alliée,
commence la conquête de la future Narbonnaise en Gaule transalpine...
La création de la nouvelle province conduit les Romains à s'intéresser aux cols alpins : en fait,
ils ne pouvaient continuer à envoyer des troupes par voie maritime s'ils entendaient maintenir
et agrandir le territoire conquis. Mais les passages alpins étaient solidement tenus par les
populations locales, qui devaient donc devenir alliées ou être combattues. Les cas du royaume
alpin de Cozio et de l'extermination des Salasses peuvent être considérés comme
caractéristiques des deux types de situations.
D'après les dires de César, on suppose que le chef romain avait signé un pacte avec Donno, le
souverain qui avait uni de nombreuses populations sous la domination du royaume alpin des
Cozii, dans cette partie des Alpes occidentales qui en maintient le souvenir sous le nom
d'Alpes Cottiennes. Ce pacte convenait à Rome parce qu'elle cherchait seulement à se garantir
un passage sûr et, de son côté, Donno ne pouvait penser s'opposer aux légions de César ; il
suffisait qu'elles traversent rapidement son royaume sans y causer trop de dégâts. Ce pacte de
"non-belligérance" se consolida jusqu'à la mort de César, tandis que le col alpin prenait une