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Chez ces mignonnes créa-
tures hydrophiles, mâles et
femelles vivent la plupart
du temps séparés. Avant l'accou-
plement, qui aura lieu sous l'eau, la
femelle construit une tanière sou-
terraine, appelée «catiche», dans
le creux d'un arbre ou la faille d'un
rocher. Elle lui servira de foyer en
attendant la venue de ses loutrons
et ensuite leur sevrage. Cet abri pos-
sède une chambre et 2entrées, l'une
sous l'eau et l'autre en surface, sur la
terre ferme. L'intérieur est composé
d'herbes, de roseaux et de mousse.
Le mâle qui a jeté son dévolu sur la
femelle rôde près de la catiche et par-
fois même, inspecte cette dernière.
Après une possible période de refus
de la femelle suivent des jeux amou-
reux divers: le couple pousse des cris
aigus, joue à cache-cache, roule sur
le sol ou fait quelques brasses. Si le
mâle et la femelle s'habituent trop
l'un à l'autre, les jeux vont prendre
le dessus sur la séduction et la ren-
contre restera inféconde.
Dans la vie des demoiselles, le
mâle (je vous assure que le
mâle demoiselle existe bel
et bien) règne sur un territoire bien
déni le long d'un cours d'eau. Si
une femelle pénètre dans son ef, il
lui vole autour pour tester l'alchimie
qui existe entre eux. Il lui présente
également son abdomen pour être
reconnu comme un membre de la
même espèce, la confusion étant
possible vu le nombre d'insectes
similaires (par exemple la libellule).
S'il réussit le test et que le courant
passe entre eux, ils entament un vol
en tandem pendant lequel ils s'arri-
ment l'un à l'autre et s'accouplent
en formant un cœur avec leur corps.
Ils descendent ensuite se poser sur
une plante aquatique pour que la
femelle puisse y pondre ses œufs.
Ce petit oiseau australien ne
lésine pas sur les moyens pour
séduire sa promise: il construit
avec des brindilles ce que l'on appelle
un «berceau». Mais cela se rapproche
plus de l'œuvre d'art que du simple
abri. Il en décore minutieusement
l'extérieur avec toutes sortes d'objets
trouvés dans la nature comme des
eurs, des plumes ou des morceaux
de coquille. De plus, il peint l'intérieur
à l'aide d'une préparation bleutée
composée de salive et de baies écra-
sées: cette couleur est celle de son
plumage et semble attirer la femelle.
Celle qui trouvera cette construction
a son goût choisira l'artiste comme élu
de son cœur et aura même tendance
à revenir vers lui à chaque saison des
amours. Quant au berceau de son cou-
sin, le jardinier à nuque rose, il est com-
posé, sur 60cm, de 2parois verticales
et d'une plate-forme à une extrémité.
Le sol de cette structure est recouvert
de cailloux et de coquillages. Petit plus
très malin: les «pavés» sont disposés
par l'oiseau de telle sorte que les plus
gros sont au fond et les plus petits
à l'avant. Il y a donc un gradient de
taille et le mâle, lorsqu'il attend une
conquête sur la terrasse, est mis en
valeur par ce bel eet de perspective.
Voilà quelques parades amoureuses animales qui pourraient bien inspi-
rer certains de nos congénères... Après un tri bien entendu, les combats
de boxe et autres luttes viriles étant à proscrire. Mais vous, quel genre de
séducteur êtes-vous? Plutôt un tombeur ou un poseur? Brillez-vous par votre ingé-
niosité ou vos talents pour la danse? En tout cas, nous pouvons dormir tranquilles:
la pérennité des espèces animales est assurée! Au fait, aviez-vous remarqué que
les caractéristiques des animaux cités forment l'acrostiche de «parade nuptiale»?
Bonne Saint-Valentin à tous!
(Les références bibliographiques sont disponibles auprès de virginie.chantry@
gmail.com).
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Virgine CHANTRY · LE DOSSIER
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Emblème du Guatemala qui a
donné son nom à la monnaie
locale, le quetzal est un oiseau aux
couleurs resplendissantes qui vit en Amé-
rique centrale. La légende dit de lui qu'il a
voulu devenir roi et qu'à cet eet, il a volé
les plus belles plumes de tous les autres
oiseaux. Comme il se sert de ses plumes,
qui font sa beauté, pour recouvrir son nid
et protéger sa progéniture, il était consi-
déré par le peuple maya, entre autres,
comme un animal sacré. Ils voyaient en ce
geste le sacrice du dieu créateur, Quet-
zalcoatl, le «serpent à plumes». La parade
du mâle vise à mettre en valeur ces lon-
gues plumes colorées lors de diverses
acrobaties aériennes au cours desquelles
il vole vers le ciel et plonge ensuite brus-
quement vers le sol faisant ainsi onduler
sa jolie queue. Si la femelle est séduite,
elle imite ses gures aériennes. Le couple
monogame creuse ensuite, dans le bois
pourri d'un arbre, un nid qu'il utilisera
chaque année. Malheureusement, la
déforestation menace cette espèce en
voie de disparition.
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