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en conservant si possible les muscles pectoraux pour
permettre une reconstruction mammaire. Selon les cas, la
reconstruction du sein peut se faire au moment de l’abla-
tion ou à distance. Les chirurgiens-plasticiens utilisent
les différentes techniques de reconstruction (prothèse ou
lambeau musculaire), le choix de la technique dépend de la
morphologie et des antécédents de chaque patiente, et se
fait lors d’une consultation dédiée.
Pour optimiser les chances de rémission, tout en antici-
pant au mieux les conséquences esthétiques de la
chirurgie, les différents spécialistes (chirurgiens, radio-
thérapeutes et chimiothérapeutes) évaluent conjointe-
ment les possibilités de traitements avant la chirurgie
pour optimiser la prise en charge et minimiser les
séquelles. Une chimiothérapie peut ainsi être prescrite
avant l’acte chirurgical - chimiothérapie néo-adjuvante* -
pour réduire la taille de la tumeur et permettre un traite-
ment chirurgical conservateur.
Eviter au maximum les séquelles
des traitements
La technique du ganglion sentinelle* — introduite à l’Institut
Curie en 1997 4 et réalisée en routine depuis 2000 pour les
patientes ayant une tumeur de moins de 2 cm — permet
d’éviter l’ablation complète de la chaîne ganglionnaire (F) .
Grâce à un colorant bleu et à un traceur radioactif, le chirur-
gien peut durant l’intervention 5 détecter le premier relais
ganglionnaire, le retirer et le faire analyser pour détecter la
présence de cellules tumorales dans le système lymphati-
que*. Si le ganglion n’est pas atteint, l’ablation de la chaîne
ganglionnaire est inutile et peut donc être évitée.
«
Le principal intérêt pour la patiente est d’éviter la surve-
nue d’un gros bras qui peut apparaître après l’ablation de
la chaîne ganglionnaire
» explique le Dr Séverine Alran [2].
«
En outre, la technique du ganglion sentinelle permet de
dépister des cellules tumorales circulantes et donc d’af-
fi ner les traitements après la chirurgie. Cette technique
n’est possible que grâce au travail conjoint des chirurgiens,
des anatomopathologistes et des médecins nucléaires
»
ajoute-t-elle.
Les chirurgiens étudient actuellement les possibilités
4. La technique du ganglion sentinelle a été mise au point aux Etats-Unis, initialement
dans les cancers de la verge et les mélanomes, puis appliquée aux cancers du sein
par Krag (1993) et Giuliano (1994).
5. Cette technique de chirurgie permet une hospitalisation courte, peu de gêne
post-opératoire et un risque minime de séquelles.
Limiter les effets
secondaires des
traitements
Dr Alain Fourquet [3]
Chef du département
de Radiothérapie
Parmi les 53 000 nouveaux cas de ces cancers survenant
annuellement en France, 86 % des patientes sont
désormais en vie cinq ans après le diagnostic (B). « Pour
les tumeurs traitées à un stade précoce, le taux de rechute
locale à dix ans n’est plus que de 6 % alors qu’il atteignait
15 % il y a quinze ans. » précise le Dr Alain Fourquet.
« Hier encore nous étions principalement préoccupés par
la guérison des patientes. Avec l’amélioration du pronostic
des cancers du sein, nous devons désormais prendre en
compte les séquelles à long terme des traitements pour
améliorer encore la qualité de vie des patientes. »
Certains effets secondaires des traitements apparaissent
précocement après les traitements, dans les cinq
premières années, comme par exemple des troubles de la
concentration ou de la mémoire après une chimiothérapie.
D’autres – beaucoup
plus rares – comme
les problèmes cardio-
vasculaires et les risques
de cancers secondaires,
après radiothérapie et /ou
chimiothérapie, peuvent
survenir beaucoup plus
longtemps après. « Le
suivi après les traitements
doit donc faire partie
intégrante de la prise en
charge et intégrer la vigilance à long terme. Mais il
convient de garder un équilibre entre la limitation des
effets secondaires et le traitement de la maladie. Car
les cancers du sein restent des maladies graves. Et notre
priorité doit être tout d’abord de stopper la maladie
cancéreuse. » ajoute-t-il.
Entretien