
T4 – Faire coopérer deux concordanciers-analyseurs pour optimiser les extractions en corpus 453
– L’étude des autres verbes de la même classe – adresser, distiller pour (préférentielle-
ment au passif), écarter, glisser, passer, prolonger pour, remettre, remiser, transmettre,
etc. – vise à évaluer dans quelle mesure il est possible d’établir pour ces verbes des
corrélations entre parallélismes de constructions syntaxiques et degrés de synonymie.
Au sein de cet ensemble, je me concentrerai ici sur le seul verbe passer, en raison d’une
caractéristique intéressante : la forme conjuguée au présent de l’indicatif troisième
personne du singulier est homographe 2 de celle du nom passe, ce qui est source, pour
certains outils informatiques, d’ambiguïtés qui peuvent se révéler handicapantes lors
de l’exploration automatique d’un corpus consacré à la langue d’un sport collectif fondé
sur la transmission d’un ballon entre les joueurs d’une même équipe. 3
Pour développer les objectifs linguistiques énoncés supra, les données utiles peuvent
donc être obtenues en relevant les occurrences des verbes considérés, ici donner et
passer, qui apparaissent dans des commentaires et analyses de matchs de football,
c’est-à-dire des énoncés où sont décrites des actions de jeu, énoncés produits, sans que
cela ait d’incidence pour notre propos, dans différentes conditions. Il convient donc de
savoir extraire l’ensemble des occurrences de chaque verbe et établir des sous-ensembles
discriminés selon des critères syntaxiques, en travaillant sur les syntagmes préposi-
tionnels éventuellement postposés au verbe (introduits par à, de, en, pour, sur, etc.) et
en construisant, pour décrire chaque position argumentale, des classes de noms théma-
tiquement cohérentes. Les arguments des énoncés
(1) Celestini qui peut donner à Dos Santos sur le côté gauche
(2) Stéphane Pédron il a dû revenir et donner un ballon quasiment de la ligne médiane à son gardien
(3) Lilian Laslandes qui donnait là-bas sur le côté droit à hauteur des six mètres pour le défenseur
bastiais
relèvent respectivement de classes référant à des noms de joueurs ou à des syntagmes
permettant, comme son gardien ou le défenseur bastiais dans les deux derniers énoncés,
de référer à eux en contexte (N-JOUEUR-SOURCE : Celestini, Stéphane Pédron, Lilian Las-
landes ; N-JOUEUR-DESTINATAIRE-VISÉ : le défenseur bastiais ; N-JOUEUR-DESTINATAIRE-
EFFECTIF : Dos [048
ÐSantos, son gardien), des noms de lieux points de départ des trajec-
toires de balles (N-LIEU-SOURCE : la ligne médiane) ou visés (N-LIEU-DESTINATION : le
côté gauche, le côté droit, les six mètres), et les dénominations du ballon (N-BALLON).
Après analyse de chacun des emplois relevés, l’affinage des critères de subdivision de
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Ð 2 Je laisse de côté les autres occurrences de passe comme forme du verbe passer, dont la probabilité de présence
dans des commentaires footballistiques s’échelonne de très faible à insignifiante (sans être nulle, cependant :
la première personne du présent de l’indicatif peut apparaître comme présent de narration dans une inter-
view de joueur évoquant une action de jeu dans laquelle il s’est trouvé impliqué, et le subjonctif présent ne
peut pas être totalement exclu ; l’impératif, par contre, est hautement improbable).
3 L’intérêt spécifique de la forme passe est conforté par un faisceau d’observations linguistiques :
– le fait que passer, autre bon candidat archilexème du paradigme des verbes de transmission du ballon, ne
semble par contre pas être un lexème aussi usité que donner dans cet emploi ;
– le fait que le nom passe entre dans la construction à verbe support faire une passe comme alternative à
passer ;
– le fait enfin que le nom passe, très usité pour exprimer le procès sans ce soutien d’un verbe support, cons-
titue avec le verbe donner une sorte de couple supplétif, le nom donne étant inusité comme nominalisation
de celui-ci dans la langue du football.