Thème 3 : Puissances et tensions dans le monde de la fin de la Première Guerre
Mondiale à nos jours
Chapitre 5 : Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la
Première Guerre mondiale
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Document 3 : L’arme pétrolière
Le fait économique majeur de l’Orient arabe après 1945 est l’ascension considérable de
l’économie pétrolière du Golfe. Marginale jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, l’exploitation
du pétrole moyen-oriental devient un enjeu stratégique et économique majeur pour les pays
occidentaux lancés dans le mouvement des Trente Glorieuses. […] Cet essor profite d’abord
aux compagnies occidentales installées dans la région dans l’entre-deux-guerres, mais peu à
peu, les pays arabes regagnent leur indépendance. […] Les principaux pays exportateurs
(Arabie Saoudite, Koweït, Irak, Iran et Venezuela) se réunissent et constituent le 15
septembre 1960, l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP). Le Qatar adhère en
1961, la Libye et l’Indonésie en 1962, Abu Dhabi en 1967, l’Algérie en 1969, le Nigéria en
1971, l’Equateur et Dubaï en 1973 et le Gabon en 1975. […]
Pour la première fois en 1967, lors de la guerre de Six jours, l’arme pétrolière est brandie par
les Etats arabes producteurs et se traduit par un embargo des livraisons de pétrole vers les
pays soutenant l’action israélienne. Mais cette action est de courte durée et reste sans suite.
[…] La révolution libyenne de 1969 provoque de nouveaux bouleversements. Khadafi
modifie les termes des contrats avec les compagnies pétrolières. Il obtient une hausse des prix,
impose un contrôle et une limitation de la production. Cette politique signe le renversement
des rapports de force entre compagnies exploitantes et Etats producteurs. Elle annonce
également la forte hausse des prix des années 1970. […] Le 24 février 1971, l’Algérie
nationalise à 51 % la production de pétrole. EN juin 1972, c’est au tour de l’Irak, puis de la
Libye à l’été 1973. […]
Conscients de la dépendance pétrolière croissante des économies occidentales, les Etats
arabes producteurs font du pétrole un enjeu à la fois économique et politique. Le pétrole
constitue un des symboles du processus de décolonisation et d’affranchissement vis-à-vis de
l’Occident, avec la récupération progressive par les pays arabes de leurs ressources nationales.
Source : H. Laurens et V. Cloarec, Proche et Moyen-Orient depuis la Première Guerre mondiale, p. 136-138.
Questions :
1. Montrez que le Moyen-Orient est devenu un des espaces incontournables de la production
d’hydrocarbures dans le monde.
Le Moyen-Orient comprend les principales réserves de pétrole du monde. En effet, le nombre
de pays possédant du pétrole est important mais ils comptent parmi ceux qui ont les réserves
les plus importantes du monde (à l’exception du Venezuela par exemple) : Arabie Saoudite –
plus de 20 % des réserves mondiales de pétrole – Iran – avec entre 10 et 20 % des réserves de
pétrole – et un chapelet de pays atteignant presque les 10 % des réserves mondiales tels l’Irak,
le Koweït, Barheïn, les EAU, Oman, le Qatar, entre autres. Or, depuis le début du XX
ème
siècle, l’intérêt et les besoins en pétrole n’ont cessé de croître. Avec la raréfaction de la
ressource pétrolière, les importantes réserves, non renouvelables certes, des pays du MO en
font des espaces convoités par l’ensemble des pays développés mais aussi par les puissances
émergentes, notamment la Chine qui, malgré un territoire immense, ne possède pas de
ressources en pétrole.
2. En quoi l’importance de la manne en hydrocarbures peut expliquer l’intervention des
puissances occidentales dans la région, et ce, depuis le début du XX
ème
siècle ?
La manne des hydrocarbures a amené les puissances occidentales à vouloir contrôler et
intervenir dans la région afin de placer les intérêts de leurs compagnies, obtenir plus de
concessions et de zones d’exploitations. La première compagnie à avoir obtenu ce privilège
est la compagnie du britannique William Cox d’Arcy pour l’Anglo-Persian Oil Company
(APOC) – la compagnie devient British Petroleum en 1945. Cela permettait aux puissances
occidentales de contrôler l’approvisionnement en pétrole de leurs pays et, avec