utilisant la notion de N-connexité définie dans ce même article. Ceci nous a mené à décomposer le graphe
en composantes N-connexes, chacune des composantes ainsi définies correspondant à un sens
élémentaire.
Nous avons ensuite utilisé la synonymétrie pour mesurer, à l’intérieur d’une composante N-connexe d’un
verbe donné (groupe de synonymes), le degré de ressemblance de chacun des verbes de la composante
avec le verbe de départ. Ce calcul a permis de définir l’ordre de synonymie (synonymie d’ordre p : plus
ou moins proche).
Cette reformulation de la synonymie a été à la base d’un outil informatique graphique d'interrogation de
dictionnaire que nous avons développé et mis au point dans le but est de faciliter la consultation de ce
dernier. Les résultats que nous avons obtenus sont encourageants. Toutefois, il faut noter que ces résultats
dépendent grandement de la valeur de N. En effet, une valeur élevée de N (contraignante) permettrait
d’obtenir de vrais synonymes et donc de trouver une solution au problème de la métaphorymie, mais elle
pourrait aussi entraîner la perte de certains autres vrais synonymes. Par contre, une valeur faible de N
(souple) ferait entrer dans la composante N-connexe des verbes métaphoriques confondant ainsi, dans la
même composante plusieurs sens élémentaires.
Par ailleurs, nous avons remarqué que la valeur de N doit dépendre du verbe examiné (de départ) et, par
conséquent, ne peut être fixe. Ceci peut être expliqué par la richesse du dictionnaire et par l’hétérogénéité
de son contenu se traduisant par un graphe dans lequel les éléments de certaines composantes N-connexes
entretiennent beaucoup de relations les uns avec les autres alors que d’autres composantes sont formées
de nœuds faiblement liés.
Toutes ces raisons prouvent bien que le choix de N est crucial et qu’une attention particulière doit lui être
prêtée. Il semble primordial de remplacer le choix empirique de N adopté jusqu’alors par une méthode
plus robuste. Plusieurs stratégies pourraient être explorées (statistiques, linguistiques, …).
Références
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