5UN VILLE .ROMANE" DEVENUE SLAVE z RAGUSE 5
pare son histoire de Raguse et ne l'ayant pas &rite, it disait,
dans cette preface, quo la republique dalmatienne merite d'ê-
tre etudiee parce que dans cette cite de 1'Adriatique se reunis-
sent les usages et les moeurs des Romains, des Grecs el des
Slaves"; c'est un pays de synthese. Des races tout Is fait diffe-
rentes: d'abord race illyrienne; influence grecque, tres forte jus-
qu'a un certain moment; colonisation romaine, tellement impor-
tante que la plupart des inscriptions qu'on a recueillies sur
le territoire de Raguse sont des inscriptions latines1.
Et apres les Illyres, les Grecs, les Romains it y a eu une forte,
poussee slave. Raguse s'est slavisee peu a peu. On le verra sur-
tout dans la seconde conference, celLe-ci devant fixer le premier
caractere de cette vale, ce caractere qui n'est pas italien, qui est
romain" dans un sens tout a fait original, presque unique, sens
qui s'est perdu des la fin du XV-e siècle. Car vers 1470 on dis-
cutait au Senat de Raguse, aux Pregadi, aux Rogati de Raguse
s'il fallait employer encore dans les deliberations le slave,
l'italien ou l'ancien ragusain. Apres de longs debats on se do-
cida a maintenir notre ancienne langue ragusaine". Decision
clui n'a pas ete suivie, car, apres quelques temps, it a bien
fallu ceder aux Slaves. Mais on avait vecu aussi de l'italien jus-
que-la, a cote du caractere roman" qui a dure, tout a fait origi-
nal, jusqu'a la fin du X-e siecle 2.
IJ'ajouterai cependant qu'il ne faut pas trop se fier au fait que la
plupart des inscriptions decouvertes sur ce territoire sont en latin, parce
qu'il y a beaucoup de personnes qui meurent sans qu'on posent des in-
scriptions sur leurs tombes; beaucoup de personnes aussi out ete
enterrees sous des pierres portant dies inscriptions qui ne se sont
pas conservees, et it y a enfin des materiaux beaucoup plus 'fragi-
les que la pierre, qui ne peuvent pas conserver l'inscription.
2Lingua ragusea..., lingua veteri ragusea aut Latina vulgari". Voy.
ce qui a ete recueilli sur ce point par M. Matteo Giulio Barton, dans
son grand ouvrage Das Dalmatische (Schriften der Balliankom-
mission, linguistische Abteilung", Vienne 1906): Guillaume de Tyr
latinum habent idioma, cist parloient romans (II, 17); Cervalatina
lingua peculiaris Rhecusae sermo ; Magister de Diversis latine
loquuntur, non autem sciave, nec tamen nostro idiomate italico in
quo nobiscum fantur et conveniunt, sed quodam alio vulgari idio-
mate eis speciali, quod a nobis Latinis intelligi nequit, nisi aliqua-
lis, imo Inagua ejusdem loquendi habeatur (saltem audiendo) con-