S ÉMINAIRE N. B OURBAKI J EAN -P IERRE S ERRE Le théorème de Brauer sur les caractères Séminaire N. Bourbaki, 1954-1956, exp. no 111, p. 107-113 <http://www.numdam.org/item?id=SB_1954-1956__3__107_0> © Association des collaborateurs de Nicolas Bourbaki, 1954-1956, tous droits réservés. L’accès aux archives du séminaire Bourbaki (http://www.bourbaki. ens.fr/) implique l’accord avec les conditions générales d’utilisation (http://www.numdam.org/legal.php). Toute utilisation commerciale ou impression systématique est constitutive d’une infraction pénale. Toute copie ou impression de ce fichier doit contenir la présente mention de copyright. Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques http://www.numdam.org/ Séminaire BOURBAKI (Février 1955) THÉORÈME LE CARACTÈRES DE BRADER SUR LES par Jean-Pierre SERRE démonstration du théorème de Brauer que nous allons exposer est une démonstration de P. ROQUETTE C 5 ~ ~ simplifiée par R. BRAUER et J. TATE [4] . La démonstration originale de R. BRAUER [3] était sensiblement plus compliquée. La 1. Notations. S oit Z un une par De groupe fini d’ordre n. On notera R l’anneau Z racine primitive n-ième de l’unité ; on a donc G R plus, nable) ; R/Z donc On notera baae une est X~ (G) , G, xes sur admet constantes Tr(U ) , On désignera les classes de sur ou un de U Tr(U ), sont des R des S i H phisme 03C8 ~ on de des fonctions à valeurs comple- sait que G Xp admet pour base (c’est-à:dire les fonctions représentation linéaire irréductible G). de un on donc : a S(g) E on a 8 E XR un R pour tout il effet, caractère irréductible, 1.e. lorsque en comme des f onctions (Ug)n = constantes sur G , sur les. R . s ous-groupe de définira l’ensemble des combinaisons linéaires à cela résulte du fait que toutes les. valeurs propres n-ièmes de l’unité (puisque 1 ). On peut donç racines P G ; X(G) ~ X(H) , conve- ce cas et à valeurs, dans est une On e est lorsque et dans considérer les éléments classes, Xi. élément de suffit de le voir e(g) = est g XR , désignera simplement e est (N ", ~ X(G) , ou simplement X, l’ensemble des combinaisons, linéaires, c’est l’anneau des caractères de G ; de même, dans ~ des coefficients dans Si G’ ; xl , ... ~ Xc U g ~ ~z ~ par à coefficients XR(G), où X~. ~ l’algèbre simplement les caractères irréductibles g ~ 1 ~ ~ , sur groupe libre. un ou formée de Z sur [j5] engendré X(H) , G, l’ opérati on d’où G; un ~ HR(H) . E 107 de restriction X(G) , définit En sens par la formule un hananor- inverse, si convenant en ir(h) Si (x,g,x 1) que 03C8 Tr(Uh) , = espace vectoriel un 0tion 3C4HG(03C8)(g) = Tr(Vg) , h - Q . où h --~ Uh E ‘~ on c omplexe ’~, Si K Dans. et ce nous n’est pas est un H . est ’~ ~ ; Xmais(H) ---~y XR(G) . désignerons V par H, et VR de FI dans représentaX(G) . de la On notera que l’applica- on a : on a donnerons nous nous représentation linéaire représentation induite homomorphisme3 un sous-groupe de qui suit, une vérifie tout de suite que où g ~ V est la Il s’ensuit bien que, (h définit par la même formule tion si 0 = des formules de une famille Ha les sous-groupes, de transitivité : de sous-groupes de X et XR G, définis par lea formules : (3) La formule D’ailleura montre que V VR = 6Z V est un idéal dans R . Le théorème de Brauer un idéal dans X, XR. (cf. paragraphe 3) affirme que, si un H~ , on a V = X (tout carac- tout aous-groupe "élémentaire" est contenu dans: tère est combinaison linéaire à coefficients dans caractères des H.~ ~ . que 1 é VR . 2. Résultats Soit Vu ce qui précède, Z de caractères induita par des il suffira de prouver que V~ XR , = préliminaires. premier fixé. Un élément a 6 G est dit p-régulier si son ordre est premier à p , et p-singulier si son ordre est une puissance de p . Si x est un élément quelconque de G, la considération du sous-groupe cyclique (x) engendré par x montre que x peut s’écrire de façon unique sous la forme : x = p a.y L’élément un où nombre a est p-régulier, y est p-singulier, et a. et y commutent. appelé le facteur p-régulier de x . Deux éléments x et x’ sont dits p-conjugués si leurs facteurs p-réguliers sont conjugués au sens ordicette relation d’équivalence partage G en naire ; p-classes, qui sont évidemment a est des réunions de classes. e IEMME 1. - S oit un e est constant Alors. élément de mod p XR tel que 6(g)6Z toute sur pour t out p-classe. Il suffit évidemment de prouver que, si a est le facteur p-régulier de x, on a 9(x) ; 9 (a) mod p . La restriction de 8 au sous-groupe cyclique (x) peut 8 s’ écrire (x), bles de avec x. , donc ~j(x)pr = ~j(a)pr , et mod p (car p~ ), LEMME 2. - S oient par les un étant des caractères. xi entier 8 (x) tire on en = convenable, r mod et pR , d’où e(a) é lément p-régulier de G , un a $ , A’ le c ommutant de A AI. Il exiate alors de Pour multiplicatifa. d’où engendré E R , x. un dans G, P on a irréductixP la même congruence mod p . A un aP , = C.Q.F.D. 1e sous-groupe cyclique p-sous-groupe de Sylow proprié- élément vérifiant 1es ’ tés suivantes : a) pour tout b) Q(g) = 0 si c) ~ (a~) ~ (A’ : (D’après p-classe le lemme g g E G . n’appartient P) fi 0 mod 1, on a eux, le sous-groupe de duit direct A x P . on donc à P) . et engendré sur La fonction Je dis que désignant par M(g) le égala a.y , avec y E P . Comme A e M(g) F par A a. si g appartient à la commutent et ont des ordres A et P peut premiers bien être identifié entre au pro- (a) qui vaut (A : 1) en a et 0 (caractères d’un groupe cyclique : ) qu’elle = composée = effet : en d’autre (A’ : P) mod p. vérifie trivialement XR (A ) , a en G la fonction définie appartient à On de p. donc Notons d’abord que, puisque ailleurs3 p-classe a ). de S oit ~ pas à la ’~A" P (~) nombre des éléments est toujours divisible par (P : 1) ne peut avoir M (g ) ~ 0 que si part, on d’ où la propriété b) ; enfin, si a , avec y E P que si y = 1 , et M(g) A x P .--~ A -~ Z appartient vérifie les propriétés g soit tels que x , a), b), c). la propriété. a) est vérifiée ;3 p-conjugué à.. l’élément est g = a , on ne peut avoir est donc égal à (A’ : 1) a.y , , d’où c). 3. Le s théorèmes d’ Artin et de Brauer. 3. - Supposons que les sous-groupes tion constante G, sur divisibles par de classe r G, un avec p premier et dont les valeurs sont des entiers à à élément VR , n, on voit qu’il existe, pour toute nul en dehors de r , et dont la par combinaison fonction vérifiant les conditions du lemme. valeur sur r est te (G ; ~ ~ , appartient n = le lemme 2 Appliquant chaque classe ~ sur G . Alors toute fonc- recouvrent Ha quelle THÉORÈME 1 un entier divisant (ARTIN [1]). - n . D’où, T out caractère de linéaire, e s t combinaison G linéaire à coeffi- cients rationnels de caractères induits par les caractères des sous-groupes cycli- ques de G. Appliquons le lemme 3 à la famille voit que la fonction constante égale à ce qui démontre (en le d’où Si est p s’il est un nombre isomorphe au alors, sont des entiers congrus à 1 mod En 6 ?p En appliquant nul V~ ~ posant tout a- = en 2, L 0- on , n.XR de G p-élémentaire est H et d’un p-groupe. est contenu dans fonction 6 ~ p~ . (’ , voit que, pour toute p-classe r , et à valeurs entières et ~ obtient un élément de VR il existe 0 mod p sur f . dont les valeurs sont par- y désignant la = fonction d’Euler, on aura 8=1 bien p~ . C.Q.F.D. THÉORÈME 2. - Les hypothèses étant (no, p) ~ 1 . Il suffit de montrer que 4 affirme Comme un dont les valeurs ~n on de dehors une on 0 mod p . Si l’on pose alors : Q mod le lemme qu’un groupe cyclique d’un groupe r ~ 0 , il existe pour tout entier d’où G ; le théorème d’Artin. précisant) p-élémentaire de cycliques appartient.à n dirons premier, nous produit direct IEMME 4. - Si tout sous-groupe des sous-groupes H l’existence, et n 0 ~I - ~ ) prend e vR , d’ aprè s précédente posons égale à n appartient celles du lemme La fonction constante n 6Vp . Or, soit e l’élément de VR à dont le lemme écrivons : des valeurs divisibles par le lemme 3 ; d’autre part, n .p = n , on a V . on a puis que THÉORÈME que, pour tout nombre s oit c ontenu dans l’ un des (BRAUER [3 ]). - Supposons 3 p-élémentaire de G G est combinaison linéaire, sous-groupe caractère de effet, en-appliquant V voit que Z ~ le théorème 2 n’est contenu dans V montre bien que qui H ~ . Alors dans Z , aux Si 4. effet, d’après PH a aucun 1 ~ V , ce pZ , d’où X (G) ~ Z~, théorème de Brauer. qu’un caractère X d’un correspondante homomorphisme un appartient groupe Vu le théorème de H 3, caractère de du théorème 6 du paragraphe 5 , en f onc ti ons 1 d’un de cette forme que le particulier, L de THEOREME 5. - AR,T IN ~ dans le c orps C.Q.F.D. degré 1 si la représenta.. G est combinaison degré linéaire G K = Q(m1) )( à coefficients dans 1 . ses sous-groupes ; or ceci est il suffit de est induit par un cas particulier C.Q.F.D. théorème de Brauer est utilisé dans les applica- c’est de là que l’on déduit le caractère méromorphe des 1 ~ e t WEIL ( [7] , paragraphe VI). On en tire également Soit m le sentation linéaire de est de l’opération d’induction, irréductible d’un groupe p-élémentaire un degré H transitivité de et la prouver que tout caractère tions ; à ~ (G) , degré 1 ; il faut et il suffit pour cela que dans le groupe des racines de l’unité. 4. - Tout caractère de sous bien est de H de caractères induits par des caractères de C’est il faut et on a : le second membre de THÉORÈME on du Nous dirons soit qui précède, ce p, X . = (f) E X (Hel) , Application tion caractères de différents nombres premiers COROLLAIRE. - Pour qu’une f onction ~ sur G a tienne à il suffit que ses restrictions aux H~ appartiennent aux En tout de s caractères des induits par En à coefficients p, tout premier p. p. c. m. des ordres des est semblable à .des racines une éléments de G. Toute représentation linéaire à m-ièmes de l’unité. : repré- coefficients Soient les caractères des K. Il à représentations irréductibles faut montrer que tout nous caractère 03C8 de linéaire à c oeff icients entiers avec ciée à Vj , j ~ 1 ; Mais. la recherche d’un tel c oeff icients dans VI --~ ~ Vj , ce D’autre part, d’après précède son K; qui G-homomorphisme le théorème il exis terait donc est absurde, un un homomorphisme 4, il en est de quotients Si un invariant abélien H trivial : non même de tout caractère de ni sont successifs groupe H de G, le centre de ~e~ . Soit n on G’ , soient Z un P (MP) cycliques (c’est L 03A8i ; des ce qui (MF). proprié.té le cas, (MP) , possède d’ ordre une premier. Un plus généralement, il existe contenu dans le centre de et soit et C.Q.F.D. propriété abé lien G vérif ie non G, Z positifs. p-élémentaire vérifie évidemment (MP) tous les groupes nilpotenta). est / à on groupe riant dans problème linéaire homogène et démontre notre assertion. montre que les. coefficients C combinaison. caractère est combinaison linéaire à coefficients dans telle que les Soit rapport les est Nous dirona qu’un groupe fini G vérifie la suite de sous-groupes invariants emboîtés. : et par Or supposons, seulement que l’on 5. Représentations linéaires d’un groupe vérifiant la de une voit tout de suite que toute représentation induite par une de degré 1 est semblable à une représentation: à coefficients dans représentation K ;3 donc est G ni sont alors. nécessairement si par exemple n~ 0 , la représentation irréductible V. interviendrait (sur le corps Ç ) dans une somme de représentations il existerait donc un G-homomorphisme non trivial : nl effet, ~ 0 . En positifs des ni 4i Z ; je dia que G de un sous-groupe G’ . G/C . Il est clair que L vérifie (MP) sous-groupe cyclique d’ ordre premier de L, inva- L ; l’image réciproque de ce = sous-groupe dans G est le aous-graupe cherché. THEOREME 6. - Toute représentation linéaire irréductible d’un groupe est induite par une représentation de degré 1 (MP) fiant lapropriété groupe de G. G véri- d’un sous- la Nous raisonnerons par récurrence sur l’ordre de G. On peut supposer que trivial. représentation considérée est fidèle. Si G est abélien, le théorème est abélien invariant de G, non contenu dans le censoit H un 4’ Sinon, sous-groupe tre de Décomposons G. par Ej~ étant le sous-espace propre de H . H Du fait que de permute transitivement, puisque deux E~ qui sont / 0 , car sinon dans le centre de Soit l’un des Eo E correspondant est invariant dans les nu H l’espace E est caractère irréductible l permute les E~ ~ 0 , et irréductible. De plua, il y a au moins opérerait H au représentation : G’ le groupe G, de la E à rapport par homothé,ties,, G . E03BB ~ et soit 0, le sous-groupe de G K Eo ; toua les E ~ ~ 0 s’écrivent alors sous la forme g.EQ:’ g.E = g’.E si et seulement si g.K g’.K ; puiaque E est = il en sentation de résulte que K dans E Eo;3 est et l’on voit que (K,Eo) degré 1 d’un sous-groupe de té de l’opération d’induction. de ( Le g E G, somme et l’on a directe des à la est elle-même induite par K . D’où le raisonnement ci-dessus remonte à peut généraliser SERRE on laissant stable représentation induite de la repréE est irréductible, cette représentation est peut appliquer l’hypothèse de récurrence à isomorphe comme irréductible ; puisque K ~ G , (K , Eo) , et serait conte- théorème, compte BLICHFEIDT ; le théorème 6 à certains, groupes de représentation tenu de la transitivi- cf. VAN DER Lie, une WAERDEN, [6] . On cf. A. BOREL et J.-P. [z~)~ BIBLIOGRAPHIE (E. ) . - Uber eine neue Art von L-Reihen, Abhandl. math. Seminar Hamburg. Univ., t. 3, 1923, p. 89-108. [2] BOREL (Armand) et SERRE (Jean-Pierre). - Sur certains sous-groupes des groupes de Lie compacts, Comm. Math. Helv., t. 27, 1953, p. 128-139. [3] BRAUER (R.). - On Artin’s L-series with general group-characters, Ann. of Math., t. 48, 1947, p. 502-514. BRAUER [4] (R.) and TATE (J. ) . - Elementary proof of Brauer’s main theorems on characters, Ann. of Math., t. 62, 1955, p. 1-7. [5] ROQUETTE (P. ) . - Arithmetische Untersuchung des Charakterringes einer endlichen Gruppe, J. für reine und angew. Math., t. 190, 1952, p. 148-168. [6] VAN DER WAERDEN (B.L.).- Gruppen von linearen Tranformationen. - Berlin, Springer, 1935 (Ergebnisse der Mathematik, vierter Band, 2). [7] WEIL (André). - Sur la théorie du corps de classes, J. math. Soc. Japan, t. 3, 1951, p. 1-35. [1] ARTIN 113