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le visuel publicitaire et la provocation perçue peuvent permettre la compréhension de
l’expression de manifestations de résistance circonscrites à l’objet qui les a créées (le visuel
publicitaire) ou élargies à la marque et à ses pratiques marketing.
Notre propos est structuré en trois points. Le premier analyse le processus d’influence
de la non-congruence de la couleur, qui nous a permis d’établir des hypothèses de recherche.
Le second présente la méthodologie de recueil des données et de validation des échelles de
mesure. Le troisième décrit les principaux résultats. Enfin, l’article se termine par les apports
et limites de la recherche et présente des voies de recherche futures.
DE LA NON-CONGRUENCE DE LA COULEUR A L’EXPRESSION DE MANIFESTATIONS DE
RESISTANCE
La non-congruence
Comparativement à la littérature dédiée à la congruence, peu de recherches se sont
consacrées spécifiquement à la non-congruence. La congruence étant définie comme «le
caractère de ce qui convient » (Larousse), par antinomie, nous définissons ce concept comme
« le caractère de ce qui ne convient pas » car « non pertinent » ou « inattendu » (Heckler et
Childers, 1992). En marketing, on retrouve les concepts de congruence et de non-congruence
dans de nombreux domaines comme, par exemple, ceux de l’information (Heckler et Childers,
1992 ; Powell Mantel et Kellaris, 2003), du produit (Campbell et Goodstein, 2001), du
sponsoring (Fleck-Dousteyssier, 2005), de la marque (Salerno, 2002), du concept de soi
(Sirgy, 1982, Sirgy et al., 1997), des célébrités dans la publicité (Fleck-Dousteyssier et al.,
2006), du genre (Fisher et Dubé, 2005), des odeurs (Mitchell, Kahn et Knasko, 1995), de la
musique (Galan, 2004)…
Dans le domaine de la publicité plus particulièrement, la congruence est la capacité
d’un stimulus à renforcer le sens du message auquel il est associé. De manière plus précise,
Lichtlé (2002a) a défini la congruence de la couleur comme « la concordance entre ce
qu’évoque la couleur et ce que suggère le visuel publicitaire». Une non-congruence
signifierait donc une absence de concordance entre ces deux éléments.
L’intérêt du concept de non-congruence vient de son opposition au principe théorique
de la recherche d’harmonie et de cohérence, et d’absence de dissonance caractérisant les
équilibres homéostatiques de chaque individu. La non-congruence, opposée à la congruence,
caractérise en soi une propriété de l’objet en opposition à l’ordre naturel des choses. Mais
l’individu ayant toujours plus de pouvoir quant à la manipulation de cet ordre naturel, c’est
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