VERBE.
On pourrait ne pas y croire, j'éprouve également quelques réticences quant
à la valeur de cette « trouvaille », surtout lorsqu'on a affaire ici à l'un des
poèmes les plus connus sur le HASARD.
Ce n'est pas un mot que nous voyons apparaître recomposé grâce aux
initiales, mais VDRBM qui après réflexion ou net raccourci, m'a amené à
faire le rapprochement avec l'éventuel, accidentel, quoique virtuel, Mot
qui permet au vers de s'élever (acrostiche, du grec akrostikhos, akros,
haut, élevé et stichos, le vers).
Je pourrais très bien me dire qu'il s'agit d'une coïncidence, ou un
fantasme, une idée fixe, mais après tout pourquoi dans ce cas avoir choisi
d'écrire ces cinq verbes dans cet ordre. Cela aurait pu être, « veillant,
roulant, doutant, brillant et méditant » (VRDBM) ou bien « doutant,
veillant, roulant, brillant et méditant » (DVRBM) sans entacher l'aspect
harmonieux de leur lecture et leur sens respectif.
Ce serait en revanche une coïncidence plus surprenante si l'on cherche ce
que pourrait simplement « signifier » le mot verbe dans le répertoire
mallarméen.
Ce qui justifie la forme éclatée du poème était pour certains l'œuvre de la
folie, pour d'autres, l'œuvre d'un génie qui fut néanmoins marqué par
quelques crises. Nous pouvons commencer par évoquer la « crise de
vers ».
« Mètre officiel », l'alexandrin était au centre d'une querelle dont le
« Prince des poètes », contemporain, n'y avait pas échappé. Entre les Vers-
libristes qui d'un côté refusaient la légitimité du vers traditionnel et les
Parnassiens de l'autre qui, eux, refusaient le vers libre comme étant un
vers à part entière, Mallarmé, traversant cette « mémorable crise » tendait
à ne privilégier aucun des deux. L'alexandrin reste selon lui réservé à la
solennité des « occasions amples » (Stéphane Mallarmé, Divagations,
Crise de vers, Bibliothèque-Charpentier, Eugène Fasquelle, éditeur, 1897,
p. 241), et le vers libre, l'occasion pour chacun des poètes de défendre leur
individuité, et ce, au nom de la modernité.
Ainsi, pour l'auteur du poème qui exposerait le plus volontairement une
composition de type vers-libriste, il n'est pas surprenant de trouver en son
coeur des références à la « Cadence Nationale », au contraire, peut-être
faut-il y voir une « occasion ample » d'y méditer plus attentivement.
« Toute la nouveauté s'installe, relativement au vers libre, pas tel que le
XVIIe siècle l'attribua à la fable ou l'opéra (ce n'était qu'un
agencement, sans la strophe, de mètres divers notoires) mais,
nommons-le, comme il sied, "polymorphe": et envisageons la
dissolution maintenant du nombre officiel [l'alexandrin], en ce qu'on
veut, à l'infini, pourvu qu'un plaisir s'y réitère. Tantôt une euphonie
fragmentée selon l'assentiment du lecteur intuitif, avec une ingénue et
précieuse justesse. »
Stéphane Mallarmé, Divagations, Crise de vers, Bibliothèque-
Charpentier, Eugène Fasquelle, éditeur, 1897, p. 240)
veillant, doutant, roulant, brillant et méditant...
« - ant » du vent qui souffle d'un trait ce qui participe au plus présent de la