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publication au profit des entrepreneurs européens travaillant en Chine. Ces derniers, ainsi que l’a lui-même
récemment rappelé le Premier ministre M. Wen Jiabao, devraient avoir un accès équitable au marché
intérieur chinois…
Pour M. Qiao Yide, Secrétaire général de la fondation de Shanghai pour le développement et la recherche,
une réforme du système monétaire est essentielle. Si Bretton Woods a permis la prospérité d’après guerre,
ce système a éclaté, entraînant une volatilité des changes et un accroissement des inégalités. Une monnaie
supra souveraine, dont l’Euro (la Chine devrait en augmenter ses réserves) et le Yuan deviendraient parties
prenantes, devrait se substituer au système actuel et le statut d’économie de marché devrait être reconnu à
la Chine.
Un point de vue que n’est pas loin de partager M. Marc Uzan, Directeur exécutif du Comité « Réinventons
Bretton Woods », think-tank spécialisé dans l’architecture financière internationale à travers le dialogue
entre marchés et gouvernements, pour qui il convient de trouver un point d’équilibre différent permettant un
nouveau cycle de croissance. Encore faut-il être capable de lire le bilan d’une banque, d’une entreprise,
d’un pays pour trouver les solutions du futur…
Quelles sont les perspectives de croissance chinoise pour la décennie à venir, demande M. Wang Xiaolu,
Directeur adjoint de l’Institut de la recherche économique nationale (Fondation pour la réforme chinoise) ?
Au cours des 32 dernières années, la croissance a été de 9,9% par an, le PIB/habitant est passé de 220
USD à 4.000 USD dans le même temps : ce rythme est-il encore tenable ? Les facteurs à l’origine de cette
croissance :
• un accroissement de 4%/an de la main d’œuvre. Aujourd’hui, elle est en décroissance (moins de
1%/an) ;
• les progrès techniques, ceux de l’éducation, l’augmentation du pouvoir d’achat ;
• des réserves de change colossales et un taux d’épargne très important (52% en 2010) ; mais ce
taux déséquilibre l’économie : l’investissement comme l’épargne sont excessifs, donc la demande
chute et l’industrie se trouve en état de surcapacité (il faudrait 10 à 15% d’épargne en moins) ;
• la réforme est aussi un facteur ayant puissamment contribué à la croissance ;
• l’urbanisation en est un autre : 1978 17,9%, 1995 29%, 2010 49,7% (la moitié des Chinois vivent
désormais en ville) ; on arrivera bientôt, comme dans les pays développés à un taux d’urbanisation
de 70 à 80% ;
• les investissements directs étrangers (IDE), dont la Chine est excessivement dépendante ; dans le
futur, leur contribution à l’économie sera réduite ;
• l’amélioration des infrastructures, qui contribue à hauteur de 20% à la croissance.
A présent, les facteurs de croissance se modifient et la Chine affronte des défis majeurs : les revenus
« invisibles », l’instabilité sociale, une médiocre consommation (46 à 34% du PIB), traduction d’une politique
défectueuse des autorités, des dépenses publiques de plus en plus lourdes.
Que faire ? Un certain nombre de réformes sont inévitables : celle du système administratif et fiscal,
l’amélioration de la sécurité sociale et celle de la formation. Dans les années à venir, la croissance annuelle
sera de 7%, et pourra baisser jusqu'à 4% en 2020.
Les débats insistent sur l’importance des PME (qui représentent 90% des entreprises européennes) dans
les échanges économiques Chine – UE, mais, de Singapour à Beijing, les PME européennes « ne savent
pas faire ». Pour d’autres participants européens « la Chine n’est pas assez démocratique », ce à quoi des
intervenants chinois répondent à cette question « intéressante mais sensible » que la démocratie ne sera
pas imposée par des leçons, et que par ailleurs le dialogue Chine Europe est favorable à cette
démocratisation.
Pour M. Andrea Goldstein, responsable des relations globales à la division investissements de l’OCDE, on
passe en fait aujourd’hui du « made in China » au « design in China » : ces trois dernières années, le
commerce chinois a connu une croissance fulgurante ; les investissements chinois se font en liquide dans
le monde entier, avec fusions et acquisitions, en particulier dans le secteur des matières premières. Dans
les pays de l’OCDE, les investissements chinois visent à créer des capacités de production propres : la
Chine a en effet élaboré une politique de « sortie des frontières ». Dans les 5 à 10 ans à venir, il faudra