26e DIMANCHE ORDINAIRE B Marc 9, 38-48
La 1ière lecture et l’Evangile nous racontent deux petites
histoires bien caractéristiques d’une certaine mentalité et pleines de
leçons de la part de Moïse et de Jésus-Christ.
Le 1ier épisode se passe dans le désert. Le Seigneur Dieu
organise une espèce de confirmation. Il envoie son Esprit. Mieux! Il prit
‘’ une part de l’Esprit qui reposait sur lui ‘’ et le mit sur soixante-dix
personnes : pas une de plus, pas une de moins.
Et voilà ces 70 hommes investis, qui se mettent à prophétiser… Mais,
nous dit la Bible, cela ne dura pascomme le dira, plus tard, Jésus à
Nicomède :
« ‘’L’Esprit souffle où il veut, quand il veut ‘’. »
« ‘’Ce n’est pas l’homme qui fait venir l’Esprit, c’est l’Esprit qui
s’empare de l’homme, quand et comme il veut’’. »
Mais, figurez-vous, ô scandale ! Que 2 hommes, qui n’étaient pas des
70 confirmés : Eldad et Médad, se mettent, eux aussi, à prophétiser.
L’Esprit reposait sur eux!
Voyons, ce n’est pas possible ! C’est inadmissible! Ils n’ont pas été
investis, confirmés! Et un jeune homme, bien zélé, va les noncer à
Moïse :
- « Moïse, Mon Maître, arrête-les ! »
Et Moïse répondit :
- « Serais-tu jaloux ? Ah ! Si le Seigneur pouvait faire descendre son
Esprit sur tout mon peuple ! »
Et l’histoire racontée dans l’Evangile est bien du même
style. Nous savons que les apôtres étaient parfois envoyés par Jésus en
mission pour annoncer la Bonne Nouvelle et chasser les démons.
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Les voilà donc qui se mettent, avec vigueur et zèle, à essayer leur rôle
d’exorcistes. Oui, mais voilà, cala ne marche pas, tandis qu’un étranger
venu après eux, se réclamant, lui aussi de Jésus, chasse efficacement
ces esprits mauvais.
- « C’est intolérable ! Cet homme, bien sûr, n’est pas un apôtre. Mais il
n’est même pas de ceux qui te suivent, Seigneur, aussi nous avons
voulu l’en empêcher ! »
Comme nous faisons facilement des catégories entre, d’un
côté, les bons, de l’autre, les mauvais ; les vrais et les faux, les pêcheurs
et les justes:
« Seigneur, ce n’est pas juste : je suis de ton bord, et tu as donné à
d’autres, qui ne te connaissent pas, pire même, qui te méprisent, des
dons et des qualités que, moi, je ne possède pas ! Mais, Seigneur, ces
gens-là, ils ne sont pas chrétiens, ils ne sont pas de notre groupe, de
notre parti ! »
Avant d’agir, montrez vos papiers, vos diplômes ! Vous n’êtes pas de
notre paroisse, pas français, pas catholiques, pas pratiquants, alors de
quoi vous mêlez-vous ? Et ainsi, nous nous enfermons dans des
catégories, dans des clans aux pouvoirs bien définis que les autres
n’ont pas le droit de partager:
- vous n’appartenez pas à mon syndicat, à mon école, à la paroisse,
- vous êtes de gauche,
- vous êtes de droite,
- vous êtes intégristes,
- vous êtes progressistes…
Que nous avons vite fait de mettre une étiquette sur le dos des autres !
C’est tellement plus commode ensuite pour les juger et les trier.
Décidément, le sectarisme n’est pas mort et il existe dans
l’église aussi. Nous voulons garder une domination, une volonté de
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puissance, un souci de conserver un monopole, un peu comme ces
médecins qui sont jaloux de ce que peuvent faire des chiropracteurs ou
des herboristes.
Ce n’est pas tant le bien qu’ils peuvent faire, à quoi ils sont sensibles,
mais le pouvoir de guérir qu’on semble leur enlever en le partageant
avec eux. Et nous, parfois, nous voudrions garder, pour nous seuls, la
puissance du Christ.
Sans en avoir l’air, ce court passage de l’Evangile aborde
une question brûlante, tout-à-fait d’actualité : la grâce du salut de
Jésus n’agit-elle qu’à l’ ‘’intérieur’’ des ‘’ frontières visibles ‘’ de
l’Eglise ?
Le Seigneur a la même réaction que Moïse :
« ‘’Ah ! Si tous les hommes pouvaient ainsi recevoir l’Esprit Saint!’’ »
« ‘’ Ne l’empêchez pas ! Celui qui n’est pas contre nous est avec
nous.’’ »
L’Esprit souffle, imprévisible, libre comme le vent, se moquant pas mal
de nos murs, même ceux du Cénacle, de nos frontières, de nos
barrières et de tous nos panneaux de signalisations. On ne domestique
pas l’Esprit de Dieu, on ne l’enferme pas !
A la Pentecôte, les apôtres, frileusement rassemblés au Cénacle, sont
expulsés aux quatre vents de l’Esprit pour les 4 coins du monde : finies
nos petites catégories, nos petites associations d’initiés, nos clans
d’intronisés. On n’enchaîne pas l’Esprit : il est libre, il n’est lié par
aucun rite. Il agit en dehors de nos structures. Il suscite des prophètes,
même en dehors du groupe, même en dehors de l’Eglise. Et nous avons
à nous réjouir de ce qu’a fait un Gandhi qui n’était pas chrétien et un
Martin Luther King qui n’était pas catholique…
Nous contemplons ici l’admirable largeur de vue de Jésus face à tous
les sectarismes, face à toutes les intolérances.
« Donne-nous, Seigneur, un esprit vaste, un esprit grand, large, aussi
ouvert que le tien : cet Esprit qui souffle d’un bout à l’autre du monde
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et qui fait craquer notre esprit de chapelle que l’on appelle aussi
notre ‘’ esprit de clocher ‘’. Rends-nous, Seigneur, authentiquement
‘’ catholiques ‘’ , c’est-à-dire ‘’ universels ‘’ , compréhensifs des
diversités. »
Je me rappelle que dans la petite ville j’ai été élevé, il y
avait 2 paroisses : la ‘’ Madeleine ‘’ et la ‘’Trinité ‘’. Mais c’était 2
mondes, l’un à côté de l’autre, et qui regardait l’autre avec méfiance
et prudence et on ne se parlait guère, entre les 2 paroisses.
Peut-être qu’au niveau des rapports entre amis, il y avait
communication ? Peut-être ? Mais sûrement pas au niveau des
paroissiens. C’était la rivalité entre les processions, les reposoirs du
Jeudi Saint, les crèches, les chorales, les clochers, le style de chaque
paroisse.
Il a fallu des années et des années pour que ces 2 paroisses, sous la
nécessité du manque de prêtres, deviennent une seule et même
paroisse et encore les pasteurs actuels font-ils bien attention à être
aussi présents dans un secteur paroissial que dans l’autre.
L’autre jour, une compatriote est venue me voir, ici, au presbytère, ici,
à Saint-Denis. La 1ière question que je lui ai posée :
- « Vous êtes de la ‘’Madeleine ‘’ ou de la Trinité ? »
Et c’est que j’ai vu que les choses avaient bien évoluées. Elle m’a
répondu:
- « Je suis de la ‘’ Trinité ‘’, mais je suis secrétaire paroissiale à la
‘’ Madeleine ‘’. »
Quelle révolution ! C’est cette révolution qui doit se faire dans nos
esprits, pas au seul niveau de la paroisse bien sûr, mais au niveau de
toutes nos différences religieuses, raciales, politiques, sociales.
Vous souvenez-vous du premier message de Jean Paul II, le
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jour de sa consécration papale :
« N’ayez pas peur, ouvrez vos frontières. »
Plus de douane dans nos cœurs, si, même au point de vue économique
le marché devient européen, si, il n’y a plus de barrières économiques,
plus de protectionnisme depuis Schengen. Alors, à plus forte raison,
dans nos esprits, dans nos cœurs, dans nos mentalités quotidiennes !
Sommes-nous capables de nous réjouir de la part de rité que
détiennent nos voisins ? Du bien qu’ils peuvent faire, des réussites
humanitaires et sociales qu’ils réalisent ?
Le feu de l’Esprit peut prendre partout. Jésus nous a dit qu’il doit
embraser le monde entier.
Alors, ouvrons nos cœurs et sachons, tous, nous accueillir : pas de
cloisons, pas de murs, pas de clôture.
AMEN
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