puissance, un souci de conserver un monopole, un peu comme ces
médecins qui sont jaloux de ce que peuvent faire des chiropracteurs ou
des herboristes.
Ce n’est pas tant le bien qu’ils peuvent faire, à quoi ils sont sensibles,
mais le pouvoir de guérir qu’on semble leur enlever en le partageant
avec eux. Et nous, parfois, nous voudrions garder, pour nous seuls, la
puissance du Christ.
Sans en avoir l’air, ce court passage de l’Evangile aborde
une question brûlante, tout-à-fait d’actualité : la grâce du salut de
Jésus n’agit-elle qu’à l’ ‘’intérieur’’ des ‘’ frontières visibles ‘’ de
l’Eglise ?
Le Seigneur a la même réaction que Moïse :
« ‘’Ah ! Si tous les hommes pouvaient ainsi recevoir l’Esprit Saint!’’ »
« ‘’ Ne l’empêchez pas ! Celui qui n’est pas contre nous est avec
nous.’’ »
L’Esprit souffle, imprévisible, libre comme le vent, se moquant pas mal
de nos murs, même ceux du Cénacle, de nos frontières, de nos
barrières et de tous nos panneaux de signalisations. On ne domestique
pas l’Esprit de Dieu, on ne l’enferme pas !
A la Pentecôte, les apôtres, frileusement rassemblés au Cénacle, sont
expulsés aux quatre vents de l’Esprit pour les 4 coins du monde : finies
nos petites catégories, nos petites associations d’initiés, nos clans
d’intronisés. On n’enchaîne pas l’Esprit : il est libre, il n’est lié par
aucun rite. Il agit en dehors de nos structures. Il suscite des prophètes,
même en dehors du groupe, même en dehors de l’Eglise. Et nous avons
à nous réjouir de ce qu’a fait un Gandhi qui n’était pas chrétien et un
Martin Luther King qui n’était pas catholique…
Nous contemplons ici l’admirable largeur de vue de Jésus face à tous
les sectarismes, face à toutes les intolérances.
« Donne-nous, Seigneur, un esprit vaste, un esprit grand, large, aussi
ouvert que le tien : cet Esprit qui souffle d’un bout à l’autre du monde
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