Étymologie et signification de quelques expressions du poème « Monnaie de singe » Avoir des yeux de lynx : Lyncée (Lunkeos en grec) était un Argonaute, héros de la mythologie grecque. Il a aidé Jason dans sa quête de la Toison d’or. Pilote de navire, Lyncée était reconnu pour ses yeux perçants. Sa vue lui permettait de voir à travers les nuages, au fond de la mer et même, à travers des murs épais. De là est née l’expression : avoir les yeux de Lyncée. Or, les Anciens percevaient le lynx comme un animal aux propriétés fabuleuses, doté d’une vue excellente qui pouvait pénétrer les murailles. La réputation dont jouissait le lynx, jumelée à la proximité phonétique entre les mots Lyncée et lynx, a engendré une confusion dans la langue populaire. L’expression avoir les yeux de Lyncée est devenue avoir des yeux de lynx. La signification est demeurée la même : avoir une vue perçante, une excellente vue. Selon les naturalistes, nous savons maintenant que l’acuité visuelle du lynx, comparable à celle du chat, est bonne, sans être exceptionnelle. Malgré tout, l’expression reste ancrée dans la langue française : avoir des yeux de lynx qualifie la vue exceptionnelle d’une personne ou, par extension, sa perspicacité et sa vivacité d’esprit. On dira : Le policier a des yeux de lynx ou un œil de lynx. Payer en monnaie de singe : - en paroles creuses ne pas s’acquitter d’une dette, escroquer Payer en fausse monnaie ou en paroles moqueuses. Faire des plaisanteries au lieu de payer. Au Moyen-âge, du temps du roi Louis IX, le pont qui reliait l’île de la Cité à la rue Saint-Jacques, dit Petit Pont était payant. Certains corps de métiers référencés dans “le Livre des métiers” (1568) d’Etienne Boileau, en étaient cependant dispensés. Ces personnes, jongleurs, bateleurs, montreurs d’animaux ou forains devaient cependant s’acquitter d’un numéro de spectacle devant le “douanier”. Pirouettes, plaisanteries ou grimaces (digne du singe) tenaient alors lieu de paiement. Oreilles d’âne Bonnet d'âne, oreilles d'âne, coiffure de papier pourvue de deux longues oreilles dont on imposait le port aux écoliers paresseux pour leur faire honte de leur ignorance. Par allusion au caractère, au comportement que l'on prête à l'âne. Le pavé de l’ours Signification : Eloge, aide ou service rendu à un tiers qui ne servirait qu’à le nuire. Origine : Expression française qui puiserait ses origines dans la fable de la Fontaine "l’ours et l’amateur de jardins" qui désignerait selon les explications l’accomplissement d’un geste maladroit. En effet, ce pavé de l’ours apparu à partir du XVème siècle où il est question d’un ours qui croyait bien faire, jeta sur un homme un pavé pour chasser un insecte de son visage et donc le tua sur le coup. De ce fait, en voulant rendre service à son compagnon consistant à lui enlever la bête qui le gênait, il s'empressa de le tuer. La morale de l'histoire consisterait à nuire à autrui en voulant l'aider.