Connaître les félins I. Un félin individualiste et territorial Sous nos latitudes, en conditions naturelles, les lynx ont une activité plutôt nocturne, avec des phases les plus importantes à l’aube et au crépuscule. Comme chez la majorité des félins l’espèce est territoriale et individualiste, ce qui signifie que le mâle et la femelle défendent un espace qui leur est propre. Le domaine est utilisé de façon plus ou moins exclusive à l’égard des individus du même sexe. Le mâle territorial occupe un vaste domaine vital qui chevauche celui de plusieurs femelles. L’unité sociale de base est la famille, composée d’une mère et de ses jeunes; ceux-ci restent avec la mère jusqu’à l’âge de 10 mois. La séparation est initiée par la mère qui semble simplement abandonner sa progéniture avant la mise bas du printemps suivant… II. Un félin exigeant en espace Les études menées sur l’utilisation de l’espace chez le Lynx ont été réalisées soit par le pistage dans la neige, dans les régions d’Europe qui le permettent, soit par le radiopistage d’animaux équipés d’émetteurs. La plupart du temps, la méthode d’évaluation de la taille des domaines vitaux est celle des polygones convexes. Région Taille territoires ♂ Taille territoires ♀ Alpes bernoises (CH) Valais (CH) Jura suisse Bialowieza (Pologne) 275 à 450 km² 50 à 425 km² Nombre ind. étudiés n = 4 (♀) 135 km² 264 km² (± 23) 248 km² 168 km² (± 64) 133 km² ♂ : n=7 ♀n= ?). ♂ : n=5 ♀ : n=3 Dans les Vosges (France), les Lynx réintroduits et suivis par radiopistage durant des périodes variant de 2 à 9 mois après leur lâcher (animaux non fixés) ont utilisé des espaces vitaux allant de 98 km² à 516 km². De manière générale, le domaine vital des mâles est plus vaste que celui des femelles. Les déplacements des mâles sont plus longs et plus fréquents pendant la période du rut (de décembre à mars). Après la mise bas, la mère se cantonne à un territoire qu’elle défend contre les autres Lynx, quel que soit le sexe. En raison de la présence des jeunes en bas âge, l’espace utilisé par les femelles est plus restreint (environ 2 fois plus petit) au printemps et en été qu’en automne et en hiver. III. Le régime alimentaire du Lynx Le régime alimentaire de l’espèce peut être étudié soit par l’étude du contenu des fèces (crottes) ou encore par l’analyse des contenus stomacaux des individus Sur les traces des félins Exposition 2006, Muséum d’Orléans Connaître les félins morts. L’observation directe peut aussi fournir des informations intéressantes sur les proies mais c’est encore le radio pistage qui peut se révéler le plus efficace; le pisteur peut contrôler les restes de repas et les traces de prédation laissées par l’animal suivi. Le lynx est un vrai prédateur : il ne consomme en principe que des proies qu’il a tuées lui-même. Il n’est pas charognard. En Europe occidentale, ses principales proies sont les ongulés de taille moyenne (chevreuil, chamois) ou les lagomorphes (lapins et lèvres). D’autres espèces viennent compléter son menu et varient en nombre selon les régions étudiées mais en général, carnivores, rongeurs et oiseaux ne constituent qu’une faible part du régime. Etude comparative du régime alimentaire des lynx du massif jurassien (Suisse) selon leur statut (d’après Zimmerman 1998) Adultes c a ntonnés N = 22 Chevreuil Cha mois Rena rd Autres S ub-a dulte s N = 54 L’attaque est souvent pratiquée à proximité des proies, ce qui signifie que le lynx adopte, le plus souvent, une stratégie de chasse basée sur l’approche et la discrétion. Quand une proie potentielle a repéré le félin, elle parvient la plupart de temps à déjouer ses ruses et à s’échapper. Le lynx doit alors compter essentiellement sur sa vitesse de pointe sur une courte distance, sa détente et… ses griffes. Les proies de grande taille sont en général attaquées de flanc, agrippées par les pattes antérieures très puissantes et tuées par morsure à la gorge, comprimant la trachée artère et provoquant la mort par étouffement. Sur les traces des félins Exposition 2006, Muséum d’Orléans