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cmv
malaise, surtout si le patient le demande
de manière sournoise ou arrogante.
Des interlocuteurs nous suspectent, dès
le départ, de faire des certificats de com-
plaisance; d’être des ramollis ou des
sots qui, pour une naïve et coupable dis-
position à satisfaire nos patients, nous
laissons égarer par des malades tordus
et profiteurs. Lorsque c’est le cas, et que
nous nous en apercevons, cela nous fait
très mal. En réalité, la simulation est
rare, mais la crainte qu’elle se produise
se révèle bien souvent envahissante: elle
empoisonne nos relations avec la majo-
rité des patients qui nous demandent
un certificat.
Des assurances critiquent régulière-
ment nos certificats. A l’inverse, notre
confiance à leur égard a été mise à rude
épreuve; nous les suspectons de pour-
suivre plus l’intérêt de leur entreprise
que celui de leurs assurés.
Ce climat de méfiance ne peut que por-
ter préjudice à nos patients et faire obs-
tacle à un exercice serein de la profes-
sion. Il serait plus avantageux que les
rédacteurs et les «bénéficiaires» des cer-
tificats arrivent à se témoigner mutuel-
lement une raisonnable confiance.
Nous, médecins, la méritons.
Le certificat est un acte qui nous engage
en personne face à nos patients et face à
la société. Il y va de notre honneur, de
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CMV
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CMV 3 –
1993, CMV 4 – 1998, CMV 8 – 2002, CMV
6 – 2009 et CMV 7 – 2010
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CMV.
COMME L’HUILE ET L’EAU,
LA CONFIANCE
ET LA MÉFIANCE
NE SE MÉLANGENT GUÈRE
Prof. MARCO VANNOTTI
PIERRE-ANDRÉ REPOND
notre crédibilité. Sa rédaction nous
confronte à un paradoxe – certifier
l’incertitude – et à un réel conflit de
valeurs, du point de vue de l’éthique, de
la philosophie qui sous-tend la science
médicale, des obligations légales que la
société nous impose. Avec modestie – et
en acceptant ce qu’il y a d’incertitude –,
croyons à la valeur de notre parole, à
l’intégrité morale de nos actions, au
courage et à la liberté qui nous per-
mettent de répondre – en notre nom –
aux pressions contradictoires qui nous
accablent.■
Le Patient malgré lui