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Des clous !
I) Du clou forgé…
Les clous existent depuis l’Antiquité. Jusqu’au XIXe siècle, les clous étaient forgés à
la main. Chaque cloutier était propriétaire d’une petite forge occupant 4, 6 ou 8 ouvriers.
La fabrication du clou se faisait à partir d’une verge de fer qu’on chauffait par un bout
dans la forge. La pointe du clou était formée sur l’enclume à l’aide d’un marteau. Le clou est
ensuite coupé avec le marteau sur un morceau d’acier tranchant. Une fois coupé, on le place
par le bout pointu dans la cloyère et on y forme la tête à coups de marteau. Grâce à cette
technique, on fabriquait aussi bien des clous à pointe perdue (clou sans tête) utilisés dans
l’ébénisterie, ne pesant que 1,2 gramme, que des clous de 37cm de long pour la construction
des navires. A cette époque, un cloutier pouvait fabriquer 2500 clous moyens en 2 jours.
II) … Au clou industriel
Au début du XIXe siècle, et se généralisant vers 1830, la fabrication du clou devient
mécanique. Jean-François Nappé met au point, sur le modèle d’une machine à coudre, une
mécanique capable de forger les pointes de clou à froid : un ensemble de « mordages » ou
« mordaches » entraîne et serre le métal permettant la coupe de la pointe et le forgeage
de la tête grâce à un marteau entraîné par un système de cames. Grâce à cette invention,
Nappé passe à la fabrication en grande série : en effet, en 1847, il peut produire
quotidiennement 200kg de clous ou de pointes, soit 10 fois le rendement traditionnel.
Exploitant ces expériences, Charles Lévy met au point une machine plus élaborée et
restera pour l’histoire l’inventeur de la machine industrielle à fabriquer des clous.
La fabrication mécanique n’est pas la seule cause de la disparition de la clouterie à la main.
Nombre de clous ne se font plus même mécaniquement car on a cessé de les utiliser. Par
exemple, on ne fait plus de clous pour les bateaux car on ne construit plus de bateaux en
bois, ni de clous de soufflet, puisque le soufflet de forge est remplacé par un ventilateur,
ni de clous de porte, parce qu’on ne garnit plus celles-ci de grosses têtes… avec le travail à
la main a disparu aussi ce qu’on pourrait appeler la « personnalité » du clou. Effectivement,
lorsque les clous étaient forgés à la main, on reconnaissait d’un simple coup d’œil le cloutier
les ayant fabriqués ; alors que la machine exerce, quant à elle, une production standardisée.
C’est une des raisons pour lesquelles, pendant longtemps, on a imprimé mécaniquement sur
la tête du clou fabriqué à la machine, un poinçon ou lettrage, permettant au nouveau
cloutier industriel de faire connaître sa production.
III) Différents modèles de clous modernes
Il existe de nombreux modèles différents de clous : leur forme, longueur, diamètre,
pointe, tête, et structure… dépendent de leur utilité :