Nous nous proposons dans ce mémoire d’étudier l’apport fondamental (et semble-t-il peu connu) de Ferdinand
Gonseth à ces questions.
Trois ouvrages, Les fondements des mathématiques [Gons1926], Les mathématiques et la réalité [Gons1936]
et Qu’est-ce que la logique ? [Gons1937], traitent globalement des mathématiques. Nous nous concentrerons sur
le cadet qui nous parait contenir et dépasser ses ainé et benjamin –notre discours sera de fait parsemé de notes
référant à [Gons1926] ainsi qu’à [Gons1937], visant à étayer les propos de [Gons1936].
Toutes les paragraphinations non précisées se rapporteront à [Gons1936].
Un autre travail, La géométrie et le problème de l’espace [Gons1945-55], se concentre sur la géométrie,
étudiant le problème de (la connaissance de) l’espace. Mais c’est bien le problème plus général de la connaissance
dont il traite, la géométrie n’étant qu’un archétype des processus mis en jeu lors de la constitution de cette
dernière. Vu les redondances avec [Gons1936], nous l’utiliserons plus pour soutenir le dernier que pour développer
ses spéci…cités1.
La citation du Tractacus donne le ton de notre démarche : plutôt que de bâtir une nouvelle "théorie",
nous souhaitons épurer celles déjà en vogue. Plutôt que de rajouter, nous souhaitons démysti…er. L’œuvre de
Gonseth montre à quel point cela est nécessaire – et la méconnaissance de cette œuvre à quel point il est
nécessaire aujourd’hui de poursuivre ce travail.
Présentons à présent les grandes lignes de notre mémoire.
Gonseth dégage une connaissance intuitive, sommaire, pratiquement assurée et inachevée. Il y fonde la
genèse de notre connaissance abstraite, idéale, celle justement dont nous disions vouloir questionner en ma-
thématique trois implicites, dénonçant ainsi le mythe d’une sphère idéale préexistante qui viendrait se réaliser
ici-bas :
[les lois primitives] sont pratiquement infaillibles dans leur domaine naturel de validité. Par
une pente qui lui est, semble-t-il, naturelle, l’esprit imagine une infaillibilité absolue, une adéquation
sans réserves à des réalités déterminées une fois pour toutes jusque dans leur essence... et en fait
les attributs d’une vérité idéale. C’est alors elle qu’il voit réalisée, plus ou moins parfaitement, dans
tous les cas concrets. §82
À ce stade, tout est déjà dit et nos questionnements trouverons une réponse immédiate en la déchéance
de ces trois dogmes du platonisme2. Mais laissons nos coquillages platoniciens se faire engloutir par les ‡ux
gonsethéens et continuons à observer ce qu’imprégnera la marée montante3.
1Nous n’aborderons pas dans notre travail les synthèses dialectiques exposées dans [Gons1945-55].
2nous reconnaissons ici la marque profonde qu’a laissée sur nous la lecture des Deux dogmes de l’empirisme de W. Quine
3L’image est un souvenir d’une lecture de feu Alexandre Grothendieck, qui nous a quitté il y a bientôt un an.
4