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Si le vent traduit une idée de liberté, le vent comme métaphore de l’Esprit veut dire que l’Esprit est
Dieu en liberté et comme il nous le rappelle l’apôtre Paul : « là où il est l’esprit de Dieu là est la liberté ».
(Cor 3,18).
Mais cette belle image : Esprit égal vent, contient aussi un risque. Le risque de confondre la
manifestation visible de Dieu par son essence.
Non, l’Eprit de Dieu n’est pas seulement un vent impétueux comme nous lisons dans le livre des Actes
ou une brise légère comme dans le livre des Rois lorsqu’il se manifeste à Elie sur l’Horeb.
Dans l’évangile de ce jour, Jésus nous présente l’Eprit Saint en chair et en os. Il est le DEFENSEUR, en
grec le Paraclet qui veut dire mot à mot : « celui qui est appelé en aide », l’intercesseur, l’ad-vocatus,
en latin, (celui qui est appelé à ou appelé pour), d’où le terme français avocat.
Oui, frères et sœurs, l’Esprit Saint n’est pas quelque chose d’impalpable, d’éthérée. Non, il est un
AVOCAT et le métier de l’avocat est celui de plaider.
L'Esprit Saint est notre avocat, notre défenseur, et nous n’avons pas à craindre de lui adresser
nos prières. Nous prions le Père. Nous prions le Fils. Nous oublions souvent de prier l'Esprit.
Nous avons un grand besoin de l'Esprit, nous les chrétiens en premier. Nous avons besoin de
ce puissant Avocat, surtout auprès de nous-mêmes. Pour nous convaincre nous-mêmes, pour
nous sortir de nos découragements, de nos tristesses, de nos peurs. Pour recevoir sa
consolation, son apaisement.
Je vous propose, comme sujet de réflexion, cette petite phrase tirée de la première épitre de
Jean, une phrase que je vous invite à mâcher, ruminer jusqu’à lui faire exprimer tout son jus :
"Si notre cœur nous condamne, dit la première épître de Jean dans une formule admirable,
Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît tout". C'est exactement en cela que consiste
le rôle du Paraclet : être plus grand que notre cœur.
Il y a d'ailleurs un jeu de mots en grec dans cette phrase, qui est intraduisible en français. Il
porte sur le verbe "condamner" ou "accuser" et sur le verbe "connaître". Car le verbe
"accuser" est le composé de "connaître" ; "connaître" se dit "guinoskeïn", et "accuser" se dit
"kata-guinoskeïn", un verbe précédé par la préposition KATA, qui veut dire contre, « connaître
contre », mot à mot.
En d’autres termes, condamner ou accuser signifie disposer ou utiliser une connaissance, un
savoir contre quelqu’un : une connaissance négative. Et voilà l’aspect paradoxal de la nature
humaine : une connaissance négative que nous utilisons surtout contre nous-mêmes, comme
si nous étions les premiers accusateurs de nous-mêmes.
Autrement dit, Dieu seul détient la véritable connaissance, la "guinoskeïn". La connaissance
simple, profonde, unique. Il connaît "tout". C'est-à-dire la totalité des choses. Tout le contexte
de notre histoire.
Il connaît la progression de notre histoire dont l'aboutissement est le Royaume de Dieu, le
Royaume d'amour. Il connaît tout. Et surtout, il me connaît, moi. Il me connaît au-delà de mes