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CULTE du 1er MAI 2016 Antibes
PREDICATION (Jean 14, 23-29)
Il y a quelques années une paroissienne m’a posé une question qui l’intriguait depuis un certain temps.
Cette question était plus ou moins la suivante : « Après toutes ces années de vie chrétienne, je me
rends compte de ne savoir que très peu de l’Esprit Saint. J’ai approfondi mes lectures, j’ai prié, mais
ma confusion, mes doutes, mon incertitude au lieu de diminuer ont augmenté, à tel point que,
lorsque on récite le Credo, je suis incapable de dire « je crois en l’Esprit Saint ».
En face de moi, j’avais une femme élevée dans le sérail réformé dès son plus jeune âge, (école du
dimanche, catéchisme, éclaireuses unionistes etc.), assidue au culte dominical, lectrice passionnée de
la Bible, engagée dans la paroisse, mère et épouse exemplaire.
Le profil idéal d’une grenouille de bénitier ?
Pas du tout. Il s’agit d’une femme à l’esprit large, une femme de foi dont le questionnement va bien
au-delà de son cas individuel car un certain nombre de chrétiens ne savent pas qu’est-ce que le Saint-
Esprit ou ils en ont une idée confuse ou approximative.
Mais en fait, ils n’ont pas tort. On peut parler su Saint Esprit comme du Grand Inconnu car nous tous
nous ne savons que peu de chose sur le Saint Esprit et, ce point de vue-, nous ressemblons à ce
groupe de douze disciples d’Ephèse à qui Paul demande s’ils avaient reçu l’Esprit Saint lorsqu’ils étaient
devenus croyants et qui répondent : « Nous n’avons même pas entendu parler d’Esprit Saint ». (Ac.
19.2).
Mais ceci dit, nous ne sommes pas à l’année zéro de la foi chrétienne. Si nous lisons la Bible il y a plein
de citations qui concernent le Saint Esprit (378 dans le Nouveau Testament).
Chaque année nous fêtons Pentecôte qui, comme vous le savez, remémore la descente de l’Esprit sur
les apôtres sous forme de langue de feu. Il s’agit d’une manifestation de la puissance divine en bonne
et due forme, accompagnée par le souffle d’un violent coup de vent.
Le vent. Dans la Bible, l’emploi de la métaphore du vent pour désigner l’Esprit Saint est assez répandu.
Et d’ailleurs, le terme « esprit » trouve son origine dans le verbe latin « spiro » qui veut dire souffler,
respirer, exhaler. En grec, esprit se dit « pneuma » qui veut dire plus ou moins la même chose.
« Le vent souffle où il veut : tu l’entends, mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va », nous lisons en
Jn 3.8, lors de la rencontre entre Jésus et Nicodème.
Le vent somme synonyme de liberté, comme quelque chose dont on peut s’emparer, impossible de
maîtriser.
C’est ainsi que nous imaginons l’Esprit de Dieu. Comme un don et comme une grâce, sans qu’il ne
devienne la propriété exclusive du chrétien ou de l’Eglise.
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Si le vent traduit une idée de liberté, le vent comme métaphore de l’Esprit veut dire que l’Esprit est
Dieu en liberté et comme il nous le rappelle l’apôtre Paul : « il est l’esprit de Dieu est la liberté ».
(Cor 3,18).
Mais cette belle image : Esprit égal vent, contient aussi un risque. Le risque de confondre la
manifestation visible de Dieu par son essence.
Non, l’Eprit de Dieu n’est pas seulement un vent impétueux comme nous lisons dans le livre des Actes
ou une brise légère comme dans le livre des Rois lorsqu’il se manifeste à Elie sur l’Horeb.
Dans l’évangile de ce jour, Jésus nous présente l’Eprit Saint en chair et en os. Il est le DEFENSEUR, en
grec le Paraclet qui veut dire mot à mot : « celui qui est appelé en aide », l’intercesseur, l’ad-vocatus,
en latin, (celui qui est appelé à ou appelé pour), d’où le terme français avocat.
Oui, frères et sœurs, l’Esprit Saint n’est pas quelque chose d’impalpable, d’éthérée. Non, il est un
AVOCAT et le métier de l’avocat est celui de plaider.
L'Esprit Saint est notre avocat, notre défenseur, et nous n’avons pas à craindre de lui adresser
nos prières. Nous prions le Père. Nous prions le Fils. Nous oublions souvent de prier l'Esprit.
Nous avons un grand besoin de l'Esprit, nous les chrétiens en premier. Nous avons besoin de
ce puissant Avocat, surtout auprès de nous-mêmes. Pour nous convaincre nous-mêmes, pour
nous sortir de nos découragements, de nos tristesses, de nos peurs. Pour recevoir sa
consolation, son apaisement.
Je vous propose, comme sujet de réflexion, cette petite phrase tirée de la première épitre de
Jean, une phrase que je vous invite à mâcher, ruminer jusqu’à lui faire exprimer tout son jus :
"Si notre cœur nous condamne, dit la première épître de Jean dans une formule admirable,
Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît tout". C'est exactement en cela que consiste
le rôle du Paraclet : être plus grand que notre cœur.
Il y a d'ailleurs un jeu de mots en grec dans cette phrase, qui est intraduisible en français. Il
porte sur le verbe "condamner" ou "accuser" et sur le verbe "connaître". Car le verbe
"accuser" est le composé de "connaître" ; "connaître" se dit "guinoskeïn", et "accuser" se dit
"kata-guinoskeïn", un verbe précédé par la préposition KATA, qui veut dire contre, « connaître
contre », mot à mot.
En d’autres termes, condamner ou accuser signifie disposer ou utiliser une connaissance, un
savoir contre quelqu’un : une connaissance négative. Et voilà l’aspect paradoxal de la nature
humaine : une connaissance négative que nous utilisons surtout contre nous-mêmes, comme
si nous étions les premiers accusateurs de nous-mêmes.
Autrement dit, Dieu seul détient la véritable connaissance, la "guinoskeïn". La connaissance
simple, profonde, unique. Il connaît "tout". C'est-à-dire la totalité des choses. Tout le contexte
de notre histoire.
Il connaît la progression de notre histoire dont l'aboutissement est le Royaume de Dieu, le
Royaume d'amour. Il connaît tout. Et surtout, il me connaît, moi. Il me connaît au-delà de mes
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apparences. Au-delà de la connaissance que les autres ont de moi-même, ou que j'ai de moi-
même.
Si notre cœur nous condamne... Comme nous connaissons bien cela ! Nous savons que notre
plus cruel ennemi, c'est nous-mêmes. Nous nous accusons sans cesse. Notre cœur nous accuse
et nous condamne, comme un public ministère impitoyable.
C'est là toute la connaissance dont nous sommes capables, le "kataguinoskeïn", l’accusation.
Et c'est de nous-mêmes que l'Esprit veut alors nous arracher. Un abandon dans l'amour de
Dieu, voilà ce qu'il nous propose aujourd'hui. Là est notre salut, nous dit l'Esprit.
Frères et sœurs, je vous invite à la prière :
Notre cœur nous accuse : Dieu est plus grand que notre cœur.
Son pardon et son amour sont plus grands que notre auto-accusation.
Notre cœur est triste : Dieu est plus grand que notre cœur.
Sa joie et son amour sont plus grands que notre tristesse.
Notre cœur est inquiet : Dieu est plus grand que notre cœur.
La paix du Christ et son amour sont plus grands que notre inquiétude.
Notre cœur a peur : Dieu est plus grand que notre cœur.
L'assurance du Christ ressuscité et l'amour de Dieu sont plus grands que notre peur de
mourir.
Notre cœur se sent solitaire, abandonné, découragé :
Jésus-Christ est vivant, il est notre ami, il a vaincu le monde et ses puissances du mal.
Son Esprit est pour toujours avec nous. Son amour ne nous abandonnera jamais.
Amen.
Giovanni Musi
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