Comment le comité d'audit sur-
veille-t-il les tests de dépréciation?
Le modèle le plus répandu
L'entreprise détermine quels actifs ou groupes
d'actifs génèrent des ux de trésorerie. Ce
faisant, elle part du principe qu'elle peut pour-
suivre l’activité sous sa forme actuelle. L'entre-
prise évalue la planication des exercices à venir
en adéquation avec sa stratégie, généralement
pour un maximum de cinq ans. Elle représente
l'évolution de ses activités à travers l'augmenta-
tion des produits nets résultant des livraisons et
prestations. En outre, elle part souvent du prin-
cipe que la rentabilité peut être améliorée. Lors
de la représentation de la croissance, l'entreprise
ne doit pas oublier qu'il lui faut, pour cela, inves-
tir à la fois dans l'actif immobilisé et dans l'actif
circulant.
En cas d'extension des activités, des restric-
tions sont à prendre en compte selon la norme
comptable appliquée; à moins que le conseil
d'administration n'ait déjà approuvé ces opéra-
tions. Pour les périodes ultérieures à l'horizon
de planication, l'entreprise part souvent du
principe que la croissance va se poursuivre. Elle
calcule les ux nets de trésorerie avec un taux
d'actualisation à la date du jour, les cumule et
en déduit la valeur de marché de l'actif ou du
groupe d'actifs.
Sachant que la détermination des valeurs d'uti-
lité repose en partie sur la libre appréciation,
des risques plus importants peuvent en décou-
ler dans la présentation des comptes pour le
reporting nancier. En autre, les valeurs d'utilité
peuvent réagir de manière très sensible aux
hypothèses modiées. Les actifs évalués varient
avec chaque modication des hypothèses, par
exemple en cas de modication sur les marchés
pertinents ou du modèle d'affaires. Quelle que
soit leur provenance, des modications même
minimes des hypothèses peuvent avoir d'impor-
tantes répercussions sur le bilan et le compte de
résultat.
L'utilisation des ux nets de trésorerie
Les ux nets de trésorerie peuvent être calcu-
lés à partir des données planiées approuvées
par le conseil d'administration. Ces données
doivent reposer sur des hypothèses ables et
vraisemblables et être documentées de manière
adéquate et compréhensible. Les estimations
des ux nets de trésorerie dépendent de l'appré-
ciation ou d'estimations subjectives, ce qui peut
donner lieu à d'importantes variations de valeur.
La complexité des taux d'actualisation
Le taux d'actualisation utilisé pour évaluer les
différents actifs doit être approprié et tenir
compte des risques spéciques. Ainsi par
exemple, le risque d'un immeuble d'usine situé
dans une zone industrielle devrait être très diffé-
rent de celui d'un immeuble entièrement loué du
centre-ville. Si le groupe d'actifs concerne une
partie d'entreprise ou une liale, l'évaluation
peut se faire à l'aide du modèle d'évaluation des
actifs nanciers (en anglais capital asset pricing
model CAPM). D'après ce modèle, le taux d'ac-
tualisation est déterminé en tant que moyenne
pondérée des coûts du capital. Cette détermina-
tion est soumise à la libre appréciation ou à des
estimations subjectives, ce qui peut également
entraîner d'importantes variations de valeur.
Comparaison des valeurs prévues et des
valeurs réelles
En comparant les données d'une année selon
le plan avec les valeurs réelles, on peut obtenir
des informations sur la abilité de la planica-
tion. Lorsque des facteurs externes surviennent
de manière inattendue, ils doivent être pris
en compte dans l'évaluation de la qualité de la
planication.
Si une entreprise évalue l'avenir avec trop d'op-
timisme, la valeur d'utilité est plus faible pour
des faits identiques. De plus, la probabilité de
devoir comptabiliser une dépréciation de valeur
augmente.
Compréhension du risque lié aux rému-
nérations de la direction
Les plans de participation des collaborateurs
sont souvent liés au prix de l'action ou au résultat
opérationnel, notamment pour les membres
de la direction. Le comité d’audit devrait avoir
conscience de ces interdépendances. Il peut ainsi
mieux comprendre le pilotage et le contrôle des
processus d'évaluation et tenir compte du lien
entre le reporting nancier et les risques liés aux
rémunérations de la direction.
Les régulateurs se concentrent sur les
tests de dépréciation
L'obligation d'utiliser les valeurs d'utilité pour
l'évaluation a conduit les régulateurs comme les
autorités boursières et autorités de surveillance
de la révision à s'intéresser davantage à ce sujet.
Au mois d'octobre 2015, SIX Exchange Regula-
tion (SER) a publié sa circulaire actualisée n° 2
sur les IFRS et pris position sur les dépréciations
d'actifs. L'objectif de cette circulaire est de dénir
les obligations des émetteurs et de renvoyer aux
dispositions des normes IFRS, dont l'application
avait fait l'objet de critiques de la part de SER.