Perspective Comité d’audit Tests de dépréciation et le rôle du comité d'audit Pourquoi la surveillance exercée par le comité d'audit est-elle importante? • Les tests de dépréciation concernent l'évaluation de la plupart des actifs. En font partie: ·· l'évaluation du goodwill et d'autres immobilisations incorporelles ·· l'évaluation des biens immobiliers et d'autres immobilisations corporelles ·· l'évaluation des stocks (valeur de réalisation nette inférieure) Selon la norme comptable qu'elle applique, l'entreprise doit effectuer des tests de dépréciation systématiquement ou seulement en cas d'indice de perte de valeur. Elle doit documenter ces indices pour chaque actif. Les International Financial Reporting Standards (IFRS) exigent que l'entreprise teste la dépréciation des immobilisations incorporelles à durée d'utilité indéterminée chaque année et à la même période. • Lors du test de dépréciation, la valeur de marché de l'actif est comparée à sa valeur comptable. Lorsque la valeur de marché est inférieure, la valeur comptable doit être amortie et ajustée à cette valeur. En règle générale, la valeur d'utilité fait office de valeur de marché. Elle résulte de l'actualisation des futurs flux nets de trésorerie. Alternativement, la valeur de marché diminuée des coûts de vente peut être déterminée. Il faut pour cela qu'il existe un marché actif sur lequel les actifs correspondants sont négociés, ou un processus de vente concret. • Le cas échéant, l'entreprise doit reprendre dans une période ultérieure la valeur comptable de l'actif qui a subi une dépréciation au cours d'une période antérieure, car les facteurs du test de dépréciation se sont nettement améliorés. Dans ce cas, elle doit établir un nouveau test de dépréciation. Les éventuelles reprises de dépréciations doivent être comptabilisées. • Dans les comptes annuels des 30 plus grandes entreprises suisses (Swiss Leader Index SLI avec les 30 titres les plus liquides et les plus importants du marché suisse des actions), le montant total des goodwills comptabilisés s’élève à 130 millions de CHF. Les bénéfices cumulés resp. les capitaux propres de ces entreprises se montent à environ 65 milliards de CHF (50% du montant des goodwill) et 480 milliards de CHF (300% du montant des goodwill). Comment le comité d'audit surveille-t-il les tests de dépréciation? Le modèle le plus répandu L'entreprise détermine quels actifs ou groupes d'actifs génèrent des flux de trésorerie. Ce faisant, elle part du principe qu'elle peut poursuivre l’activité sous sa forme actuelle. L'entreprise évalue la planification des exercices à venir en adéquation avec sa stratégie, généralement pour un maximum de cinq ans. Elle représente l'évolution de ses activités à travers l'augmentation des produits nets résultant des livraisons et prestations. En outre, elle part souvent du principe que la rentabilité peut être améliorée. Lors de la représentation de la croissance, l'entreprise ne doit pas oublier qu'il lui faut, pour cela, investir à la fois dans l'actif immobilisé et dans l'actif circulant. En cas d'extension des activités, des restrictions sont à prendre en compte selon la norme comptable appliquée; à moins que le conseil d'administration n'ait déjà approuvé ces opérations. Pour les périodes ultérieures à l'horizon de planification, l'entreprise part souvent du principe que la croissance va se poursuivre. Elle calcule les flux nets de trésorerie avec un taux d'actualisation à la date du jour, les cumule et en déduit la valeur de marché de l'actif ou du groupe d'actifs. Sachant que la détermination des valeurs d'utilité repose en partie sur la libre appréciation, des risques plus importants peuvent en découler dans la présentation des comptes pour le reporting financier. En autre, les valeurs d'utilité peuvent réagir de manière très sensible aux hypothèses modifiées. Les actifs évalués varient avec chaque modification des hypothèses, par exemple en cas de modification sur les marchés pertinents ou du modèle d'affaires. Quelle que soit leur provenance, des modifications même minimes des hypothèses peuvent avoir d'importantes répercussions sur le bilan et le compte de résultat. L'utilisation des flux nets de trésorerie Les flux nets de trésorerie peuvent être calculés à partir des données planifiées approuvées par le conseil d'administration. Ces données doivent reposer sur des hypothèses fiables et vraisemblables et être documentées de manière adéquate et compréhensible. Les estimations des flux nets de trésorerie dépendent de l'appréciation ou d'estimations subjectives, ce qui peut donner lieu à d'importantes variations de valeur. La complexité des taux d'actualisation Le taux d'actualisation utilisé pour évaluer les différents actifs doit être approprié et tenir compte des risques spécifiques. Ainsi par exemple, le risque d'un immeuble d'usine situé dans une zone industrielle devrait être très différent de celui d'un immeuble entièrement loué du centre-ville. Si le groupe d'actifs concerne une partie d'entreprise ou une filiale, l'évaluation peut se faire à l'aide du modèle d'évaluation des actifs financiers (en anglais capital asset pricing model CAPM). D'après ce modèle, le taux d'actualisation est déterminé en tant que moyenne pondérée des coûts du capital. Cette détermination est soumise à la libre appréciation ou à des estimations subjectives, ce qui peut également entraîner d'importantes variations de valeur. Comparaison des valeurs prévues et des valeurs réelles En comparant les données d'une année selon le plan avec les valeurs réelles, on peut obtenir des informations sur la fiabilité de la planification. Lorsque des facteurs externes surviennent de manière inattendue, ils doivent être pris en compte dans l'évaluation de la qualité de la planification. Si une entreprise évalue l'avenir avec trop d'optimisme, la valeur d'utilité est plus faible pour des faits identiques. De plus, la probabilité de devoir comptabiliser une dépréciation de valeur augmente. Compréhension du risque lié aux rémunérations de la direction Les plans de participation des collaborateurs sont souvent liés au prix de l'action ou au résultat opérationnel, notamment pour les membres de la direction. Le comité d’audit devrait avoir conscience de ces interdépendances. Il peut ainsi mieux comprendre le pilotage et le contrôle des processus d'évaluation et tenir compte du lien entre le reporting financier et les risques liés aux rémunérations de la direction. Les régulateurs se concentrent sur les tests de dépréciation L'obligation d'utiliser les valeurs d'utilité pour l'évaluation a conduit les régulateurs comme les autorités boursières et autorités de surveillance de la révision à s'intéresser davantage à ce sujet. Au mois d'octobre 2015, SIX Exchange Regulation (SER) a publié sa circulaire actualisée n° 2 sur les IFRS et pris position sur les dépréciations d'actifs. L'objectif de cette circulaire est de définir les obligations des émetteurs et de renvoyer aux dispositions des normes IFRS, dont l'application avait fait l'objet de critiques de la part de SER. Vos contacts Pour toute question ou pour une discussion plus approfondie sur le rôle du comité d'audit, nous vous invitons à contacter nos experts. Matthias Jeger +41 58 792 55 32 [email protected] Daniel Suter +41 58 792 53 59 [email protected] PwC St. Jakobs-Strasse 25 Case postale CH-4002 Bâle www.pwc.ch La direction d'une entreprise est tenue de procéder à des estimations. Pour cela, elle fait parfois appel à des experts externes. Mais c'est toujours à elle qu’incombe la responsabilité des estimations. Le conseil d'administration ayant la responsabilité (suprême) légale des comptes annuels et des comptes consolidés, le comité d'audit doit surveiller le travail de la direction dans ce domaine. Compréhension de l'utilisation des tests de dépréciation • Comment la direction jauge-t-elle le caractère approprié de l'évaluation de la valeur d'utilité effectuée en interne ou par des spécialistes externes? • Comment les spécialistes externes ontils été sélectionnés et quelles sont leurs compétences? • Dans le cas où une fourchette de valeurs possibles résulterait de l'évaluation: Comment la direction a-t-elle déterminé la valeur d'utilité? A-t-elle modifié les valeurs? Le comité d'audit a pour responsabilité de surveiller le processus lié aux tests de dépréciation et le reporting financier. Une attention particulière doit être accordée aux estimations des valeurs d'utilité car elles sont généralement complexes et subjectives. En fonction du caractère significatif et de la subjectivité des estimations ou selon la composition du comité d'audit, une formation ou un perfectionnement adapté pourrait s'avérer utile. Nous recommandons aux comités d'audit de discuter de l'application des valeurs d'utilité avec la direction et l'organe de révision. L'organe de révision devrait éventuellement présenter son point de vue sur les risques liés aux évaluations, l'étendue du pouvoir d'appréciation et les potentielles variations de valeur. Lors de la surveillance du reporting financier, le comité d'audit devrait se concentrer sur l'évaluation de la valeur d'utilité de l'entreprise. Ceci inclut les domaines suivants: Nous énumérons ci-après quelques questions-clés du comité d'audit à la direction: • Processus d'évaluation et contrôles correspondants • L'entreprise calcule-t-elle la valeur d'utilité en interne ou fait-elle appel à des spécialistes externes de l’évaluation? • Opérations de vérification de la révision interne ou de l'organe de révision • Quelles sont les principales hypothèses? Comment ont-elles été élaborées? Quelle est la sensibilité des valeurs en cas de modifications des hypothèses? En bref • Influence de modifications importantes du modèle d'affaires ou du marché sur la valeur d'utilité actuelle et future En procédant de manière ciblée dans ces domaines, les comités d'audit peuvent contribuer à accroître la transparence du reporting financier. © 2016 PwC. All rights reserved. “PwC” refers to PricewaterhouseCoopers AG, which is a member firm of PricewaterhouseCoopers International Limited, each member firm of which is a separate legal entity.