
tement exigeant fait par eux-même. Nos patients sont-
ils vraiment tous si paresseux ou peut-être sont-ils in-
suffisamment informés sur les avantages de la DP?
Il ressort de certaines études qu’en fournissant des
informations neutres très détaillées lors de la phase
préparatoire d’un traitement de substitution rénale,
presque 50 % des patients se décideraient pour la DP
comme premier choix [2]. Il ressort de même de cer-
taines enquêtes que la DP est qualifiée par 80 % des
néphrologues de bon premier choix. Qu’un écart aussi
important existe entre ces situations en faveur de la DP
et la réalité de son utilisation de seulement 10 pour
cent peut seulement être dû à des raisons irrationnelles
et non médicales.
Même si une étude comparative irréprochable
entre la HD et la DP n’a jamais été réalisée de manière
prospective et randomisée sur un grand nombre de ma-
lades, une multitude de données de registres en pro-
venance de plusieurs pays indique une équivalence en
matière de mortalité [3]. Au cours des deux premières
années après le début de la dialyse, il y a même cer-
tains bénéfices de survie de la DP qui sont justifiés par
le maintien plus long de la fonction résiduelle des
reins. Des études sur la qualité de vie ont également
montré que la DP avait une valeur équivalente à celle
de la HD.
Efficacité, utilité
et rentabilité
J’en conclus que, pour des raisons d’efficacité, d’utilité
et de rentabilité – répondant aux exigences légales
pour les thérapies dans la LAMal – la DP devrait être
recommandée en premier choix comme premier trai-
tement de substitution rénale à chaque nouveau candi-
dat à la dialyse. Le fait que cela ne se fasse pas a, de
mon point de vue, les principales causes suivantes que
j’accompagnerai de propositions de solutions.
- Le patient atteint d’insuffisance rénale au stade IV
de l’insuffisance rénale chronique (taux de filtra-
tion glomérulaire de 15 à 29 ml/min/1,73 m2) est
trop peu systématiquement informé des possibili-
tés de transplantation et de dialyse. De nombreux
médecins de famille laissent le soin, à juste titre,
aux spécialistes, à savoir aux néphrologues, de
donner ces informations. Ceux-ci se trouvent pour
leur part en conflit entre une explication neutre et
leur propre intérêt d’occuper pleinement leurs pla-
ces de HD. Cet embarras complique une informa-
tion objective. Le patient devrait avoir droit à une
explication complète et suivie dans le temps. Cette
exigence serait à mettre en oeuvre par des rencon-
tres d’informations régulières et organisées au ni-
veau régional, à la réalisation desquelles les
assureurs-maladie devraient également participer.
Le formulaire actuel de garantie de prise en charge
des coûts pour justifier le remboursement de la thé-
rapie de dialyse n’a pas d’effet, car il ne doit être
fourni aucune preuve que le patient a été instruit
des méthodes de dialyse à domicile. Les caisses
d’assurance-maladie devraient insister pour que
leurs assurés soient informés sur la DP et éventu-
ellement sur la HD à domicile. Les tentatives faites
jusqu’à présent se sont transformées en exercices
alibis. Tous les prestataires privés de traitements
de HD devraient aussi être obligés de proposer aux
patients en pré-dialyse l’option DP. Si les patients
ne peuvent recevoir la formation à la DP dans leur
centre, ils devraient adresser leurs patients à un
centre de DP.
- Dans le contexte de la révision en cours des tarifs
fédéraux de dialyse, il faut se demander si une po-
litique privilégiant la DP ne devrait être mise en
oeuvre, comme dans certains pays scandinaves. De
ce fait,un patient n’aurait droit à la HD que s’il
peut présenter des motifs valables, à savoir des
contre-indications vis-à-vis de la DP. Une autre
possibilité serait d’introduire des règles de quotas,
par exemple chaque centre de dialyse ne recevrait
le tarif total que s’il prenait en charge un nombre
déterminé de patients de DP (par exemple 15 % de
la population totale).
- Une opinion répandue, mais inexacte, consiste à
dire que la DP ne convient qu’à des patients auto-
nomes, en bonne condition mentale et physique et
par conséquent plus jeunes. De nouvelles études
ont au contraire montré que les patients âgés et peu
stables sur le plan cardio-vasculaire pouvaient être
traités avec succès avec une DP. De plus en plus
souvent, la DPCA est employée de manière assis-
tée chez les pensionnaires de maisons de retraite,
épargnant aux personnes concernées les transports
pénibles jusqu’au centre de HD. Les patients souf-
frant d’insuffisance cardiaque tirent profit de la
Des études sur la qualité de vie ont également montré
que la DP était de même valeur que la HD
Mode de fonctionnement de la dialyse péritonéale
continue ambulatoire. (Toutes les figures sont fournies
avec l’aimable autorisation de la société Baxter SA
Suisse.)
Point de vue TRIBUNE
Plaidoyer_Layout 1 29.11.10 16:48 Seite 2