Docteur MASI Bruno
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UNE BOUFFÉE DÉLIRANTE, QU'EST-CE QUE C'EST ?
Une bouffée délirante ou épisode psychotique aigu est la survenue brutale d'un état délirant chez un sujet
qui jusque-là ne souffrait pas de troubles psychiatriques particuliers.
La bouffée délirante aiguë ne signifie pas qu'une pathologie chronique va se développer ultérieurement.
Lorsqu'elle survient chez un sujet jeune, ce qui est le plus souvent le cas, la question qui se pose est celle
d'un début de schizophrénie, maladie qui évolue tout au long de l'existence. La bouffée délirante aiguë, elle,
s'amende en quelques semaines ou mois. Il arrive qu'elle se reproduise à une ou plusieurs reprises, en
général à quelques années d'intervalle. Mais entre les épisodes aigus, le sujet ne souffre en général d'aucun
trouble.
Les bouffées délirantes aiguës surviennent en général chez le sujet jeune.
Il arrive qu'elles soient déclenchées par une prise de toxiques (cannabis, hallucinogènes, cocaïne.) mais le
toxique n'est jamais la cause de la bouffée délirante aiguë, il en favorise la survenue. Les hallucinations ou
états d'agitation qui sont directement provoqués par un toxique sont différents en ce que les troubles
s'arrêtent dès que le toxique a été éliminé de l'organisme.
Dans la bouffée délirante aiguë, les troubles se prolongent bien au-delà. La consommation de toxique
conduit plutôt à s'interroger sur le sentiment de mal-être, l'angoisse ou la fragilité qui font qu'un sujet y
recourt « pour se calmer » ou « quand ça ne va pas trop bien ».
Description de la forme commune
Le début de l'accès est en général brutal : angoisse, agitation, bizarrerie et éclosion d'idées délirantes.
En psychiatrie, on définit les idées délirantes par leurs thèmes et par leurs mécanismes. Dans les bouffées
délirantes aiguës, on peut tout voir : les thèmes peuvent être mystiques (je suis le fils de Dieu),
messianiques (j'ai une mission, je viens sauver ou purifier l'humanité), persécutifs (il y a un complot contre
moi, je suis suivi, on me veut du mal), sexuels, fantastiques. De même les mécanismes sont divers : il peut y
avoir des hallucinations, des intuitions délirantes, des interprétations, etc.
En général, on trouve de tout chez la même personne et ce délire s'accompagne d'un état d'excitation et
d'angoisse avec un risque de " passage à l'acte " (action impulsive et irréfléchie) suicidaire ou agressif.
Plus rarement, les troubles s'installent progressivement.
Quoi qu'il en soit, une hospitalisation avec un traitement par des neuroleptiques est le plus souvent
nécessaire et plus on interviendra rapidement, moins il y aura de conséquences pour le sujet.
Le diagnostic
Devant un épisode isolé de bouffée délirante aiguë, on peut se poser la question de savoir s'il s'agit d'un
accès maniaque dans le cadre d'une maladie maniaco-dépressive (ou trouble bipolaire), car certains accès
maniaques s'accompagnent d'idées délirantes.
On peut aussi évoquer la possibilité d'une entrée dans la schizophrénie chez les jeunes lors du premier
accès. C'est pour cette raison qu'on ne pose jamais de diagnostic définitif en urgence en psychiatrie. Seule
l'évolution sur plusieurs mois (on compte un an) permet d'opter pour l'une ou l'autre hypothèse.
Le pronostic, s'il s'agit d'une bouffée délirante aiguë, est excellent, car il n'y a pas de troubles entre les accès
et il arrive parfois qu'un sujet n'ait qu'un seul épisode pendant toute sa vie.
Il n'y a pas de traitement à prévoir entre les épisodes aigus, contrairement au trouble bipolaire ou à la
schizophrénie où les traitements doivent en général être pris pendant toute la vie.
Le traitement
Il faut amener le patient à consulter un psychiatre dès l'apparition des troubles. Il ne sert à rien d'attendre et
de penser que cela passera. Au contraire, une consultation précoce permet d'instaurer rapidement un
traitement et parfois d'éviter une hospitalisation.
Le traitement est représenté par des antipsychotiques (neuroleptiques) et des tranquillisants si nécessaires.
Quelquefois on ne peut éviter de donner de fortes doses au début de l'épisode.
L'hospitalisation est le plus souvent nécessaire. Elle devra parfois se faire sous contrainte (hospitalisation à
la demande d'un tiers), les troubles ne permettant pas le consentement éclairé du patient aux soins qu'il
requiert.
Le patient et l'entourage doivent savoir qu'une rechute peut avoir lieu, afin de repérer les premiers signes
dès leur apparition. Cela ne veut pas dire qu'il faille guetter anxieusement toute manifestation « anormale »
chez le sujet, qui le plus souvent peut vivre normalement.
Bibliographie de référence :
- ZARIFIAN E. Les jardiniers de la folie. Le Seuil, 1999.
- GUEDJ M.-J. et al. Prise en charge de l'environnement des patients en psychiatrie. Éditions Scientifiques
L&C, 2002.
Dominique TABONE-WEIL – Psychiatre
© Éditions Scientifiques L&C
- © DocteurW.com 2005 -
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