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Le contexte de la guerre
Pour comprendre pourquoi l’impact sur la population est si important, il nous faut
expliquer comment la Seconde Guerre mondiale est perçue avant la rafle du 6 février 1944.
Comme on le sait, la Seconde Guerre mondiale débute en septembre 1939. L’ordre de
mobilisation entraîne des bergnolands1 sous les drapeaux. Ainsi, le village de 500 habitants
perd déjà de sa population active.
En 1940, au mois de juin, c’est la débâcle pour les troupes françaises et c’est aussi les
premières incertitudes pour les familles des soldats. En effet quand la France signe l’armistice
les proches de soldat n’ont alors aucune nouvelle. Le village de Brénod se retrouve alors en
zone libre et les premiers soldats démobilisés rentrent dans leurs foyers. Peu de temps après,
les premières lettres des prisonniers de guerre parviennent et les familles sont ainsi fixées.
Quinze hommes resteront prisonniers en Allemagne durant le conflit, ils sont dans des zones
rurales semblables à Brénod, ils sont bien traités, peuvent recevoir et envoyer du courrier.
Deux ne reviendront jamais. Cependant on voit la cruauté de l’Histoire dans une famille, une
mère (grande-tante de mon grand père) qui a déjà perdu son mari durant la Première Guerre
mondiale voit ses deux fils prisonniers de guerre et doit alors assumer seule sa ferme.
Passé le choc de la défaite et de l’instauration du régime de Vichy, le village ne subit
pas les stigmates de la guerre. Il va accueillir en 1941 les chantiers de jeunesse qui remplacent
sous le régime de Vichy l’année de conscription et sont appelés aussi l’armée de l’armistice.
Le camp de Brénod comptera près de 200 jeunes. Le camp dépend du centre de Jujurieux à
une vingtaine de kilomètres. Les jeunes sont « blanchis » et portent tous la même tenue. Ils
marchent au pas et montent les couleurs. A Brénod, ils font du bucheronnage et débitent du
bois pour faire du charbon de bois qui sera utilisé
dans les gazogènes.
En 1942, le débarquement des Alliés en
Afrique du Nord va déclencher l’occupation
complète de la France. Ainsi Brénod voit passer
des convois de blindés allemands dans ses rues.
C’est le premier contact avec les troupes du
Reich.
L’occupation complète de la France va provoquer la chute du régime de Vichy. Ainsi,
l’Allemagne prend le contrôle et va alors instaurer le STO2. Les jeunes Français de 20 ans
sont envoyés en Allemagne pour travailler dans des usines. Entrainant la fin des chantiers de
jeunesse.
Cependant l’instauration du STO va provoquer un refus des jeunes Français d’aller en
Allemagne. La seule solution pour eux est alors de prendre la fuite et de se cacher pour éviter
les arrestations par les gendarmes. A Brénod il existait déjà de petits foyers de résistants. Ces
hommes se cachaient et faisaient des « coups de mains » dans les chantiers de jeunesse pour
se ravitailler. Le STO va générer un afflux massif de jeunes volontaires. La Résistance est
alors composée de nombreux jeunes et d’anciens officiers de l’ancienne armée française. De
plus elle compte dans ses rangs des « locaux » et une grande majorité de personnes du
département. En effet, le plateau d’Hauteville-Brénod va accueillir des foyers de résistants car
la région est montagneuse et il existe de nombreuses fermes isolées pour se cacher. A Brénod
1 Habitants de Brenod
2 Service du Travail Obligatoire