male, sans effraction de la lésion, à distance des éléments nobles,
et ne laissant pas de séquelles. Dans les autres cas, la biopsie chi-
rurgicale est préférable.
Quelle partie de la tumeur faut-il biopsier ?
C’est à ce moment que la pluridisciplinarité de la prise en charge
prend toute sa valeur. Le radiologue, l’anatomopathologiste et le
chirurgien tumorologue pourront déterminer avec l’étude du scan-
ner, de l’IRM et éventuellement de la radiographie standard, la
zone de la tumeur la plus propice à biopsier. On évitera ainsi les
biopsies en zone de nécrose, de fibrose réactionnelle ou d’héma-
tome. L’examen extemporané peut être utilisé. Il ne sert qu’à
confirmer que la biopsie a ramené un tissu pathologique, mais il
n’autorise en aucun cas à porter un diagnostic définitif permet-
tant un traitement chirurgical immédiat.
Quelle technique de biopsie ?
Biopsie partielle à l’aiguille
Cette technique ne correspond pas à une biopsie tissulaire, mais
plus à une ponction cellulaire sans rentabilité dans les sarcomes
des tissus mous.
Biopsie partielle au trocart
Si la biopsie au trocart sous contrôle tomodensitométrique est
séduisante du fait de son innocuité et de son faible coût, elle se
heurte à deux problèmes :
– elle ne permet pas toujours d’avoir un diagnostic de certitude
sur le caractère malin de la lésion et sur la nature du sarcome. Il
s’agit cependant d’une technique intéressante, puisque la
recherche génétique est en période de détermination de la carto-
graphie génique des sarcomes. Cela permettra dans l’avenir
d’avoir une certitude diagnostique sur un fragment biopsique pau-
cicellulaire par l’étude des anomalies génétiques ;
– le deuxième écueil est la nécessité absolue d’une collaboration
étroite entre le radiologue interventionniste et le chirurgien tumo-
rologue pour déterminer le trajet de la biopsie, car celui-ci est
invisible et comporte un risque de greffe tumorale sur son trajet.
Ce risque est grandement limité par un point de ponction et un
trajet décidés par le chirurgien, par le tatouage indélébile du tra-
jet de biopsie, par une instrumentation adaptée avec une canule
protectrice du trocart de biopsie. Cette biopsie se fait sous anes-
thésie locale avec un trocart de taille suffisante (16 gauges) (figure
2). Il faut ramener plusieurs carottes tissulaires. La localisation
du site de prélèvement au sein de la tumeur doit être discutée sur
l’IRM. En cas de doute ou de difficulté, l’examen extemporané
confirme la présence de tissus analysables. La biopsie au trocart
est la technique la plus raisonnable dans les sarcomes rétro-péri-
tonéaux, où les tumeurs non sarcomateuses pouvant bénéficier
d’une simple chimiothérapie sont fréquentes. Elle est toujours
possible en première intention dans les sarcomes des membres,
avec un taux de positivité de 95 % entre les mains d’un anato-
mopathologiste entraîné. Le grading, plus difficile à évaluer sur
un petit fragment, ne peut être déterminé que dans 60 à 80 % des
cas. D’où la nécessité parfois, après discussion pluridisciplinaire,
de recourir à la biopsie partielle chirurgicale.
Biopsie partielle chirurgicale
L’abord chirurgical reste actuellement la technique la plus ren-
table quand elle est effectuée par le chirurgien tumorologue qui
enlève la tumeur. Il permet un examen macroscopique du tissu
tumoral, et donne suffisamment de matériel à l’anatomopatholo-
giste pour effectuer les divers examens cytologiques et génétiques,
déterminer le type de sarcome et éventuellement le grade. Cette
technique permet aussi de constituer des banques de tissus, indis-
pensables aux recherches à venir. La loi “droit devant, direct sur
la tumeur” est un dogme qu’il convient parfois d’adapter. Seul le
chirurgien tumorologue est apte à indiquer quelle est la meilleure
voie d’abord pour une biopsie. Il doit se placer en situation d’exé-
rèse carcinologique de la lésion pour la déterminer (figure 3).
L’élément le plus déterminant dans sa décision est la situation des
éléments nobles, vaisseaux et nerfs. Une exérèse carcinologique
peut nécessiter une voie d’abord à l’opposé de la voussure tumo-
rale dans le but de contrôler en premier lieu un axe vasculo-
nerveux. La biopsie devra alors se faire de telle façon que la
tumeur puisse être enlevée par cette voie sans risquer de conta-
miner l’espace cellulo-graisseux périvasculaire ou nerveux. Par-
fois, l’exérèse nécessitera plusieurs voies d’abord et le choix de
La Lettre du Rhumatologue - n° 322 - mai 2006
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Tumeurs osseuses et des tissus mous
Figure 2. Biopsie au trocart avec canule protectrice.
Figure 3. Incision de biopsie (flèche) comprise dans l’incision de l’exérèse
carcinologique.