horreur, son recul depuis son point haut de 2014 ne les aura que marginalement aidés.
La faute en revient au défaut structurel de compétitivité hexagonale, mélange de produits milieux de
gamme – de moindre qualité, en moyenne, que ceux de l’Allemagne – et d’un coût du travail
longtemps resté trop élevé.
Conséquence: un profil de croissance des exportations heurté, qui s’améliore au gré des grandes
commandes navales et aéronautiques, mais cale dès qu’un élément vient gripper la machine. Cette
année, ce furent les lourds problèmes d’approvisionnement d’Airbus par son fournisseur Zodiac
Aerospace et les récoltes catastrophiques de céréales, le tout dans un contexte de fort
ralentissement du commerce mondial.
Deseffetsbénéfiquesànuancerpourlazoneeuro
En théorie, un euro qui baisse doit pouvoir donner un petit coup de fouet aux exportations
européennes en améliorant leur compétitivité. «C’est une bonne nouvelle pour la zone euro alors
que la croissance est encore très molle et inférieure à son potentiel et que la politique monétaire n’a
pas de marge pour en faire beaucoup plus», juge Agnès Bénassy-Quéré, professeure à Paris
School of Economics.
Un remède dont les effets bénéfiques doivent pourtant être nuancés. «Avec l’atonie du commerce
mondial, il ne faut pas en attendre des miracles», souligne ainsi Christian Parisot, économiste chez
Aurel BGC.
Par ailleurs, la baisse de la monnaie unique est plutôt défavorable aux consommateurs: en
renchérissant le prix des produits importés, comme l’énergie, elle rogne le pouvoir d’achat des
ménages. D’autant que cette dépréciation intervient en même temps qu’une remontée des cours du
pétrole.
Lesdommagescollatéraux
La hausse du billet vert et la remontée des taux américains est de nature à compliquer la donne
pour les marchés émergents. Certaines devises ont déjà enregistré des reculs brutaux comme la
livre turque, qui a chuté de 10% face au dollar en novembre, ou le yuan qui aatteint un plus bas
depuis huit ans.
Une menace, car les entreprises des pays émergents – notamment en Chine – sont souvent
lourdement endettées en dollar. Une hausse du billet vert renchérit le coût de leur dette et risque de
peser sur leur capacité de remboursement.
De surcroît, la hausse des taux américains rend ces régions moins attractives. «Les capitaux
investis dans les pays émergents en dollars vont préférer aller se recycler aux Etats-Unis», explique
Christopher Dembik.
En Chine, les autorités essaient déjà de lutter contre des sorties massives de capitaux. «Une haute
volatilité des taux de change, associée à des risques potentiels de poursuite des hausses des taux
d’intérêts» et de fuite de capitaux, «c’est la recette pour une crise bancaire et monétaire dans les
pays émergents», s’est inquiété, début décembre, la chef économiste de l’OCDE, Catherine Mann.
Une autre victime de l’envolée du dollar pourrait être… les Etats-Unis eux-mêmes. Si elle se
confirme, la hausse du billet vert pourrait entamer la compétitivité des exportateurs américains et
creuser encore le déficit commercial. Finalement, souligne Agnès Benassy-Quéré, «un dollar fort
risque de contrarier ce sur quoi Donald Trump a été élu: une baisse des importations et une
réindustrialisation du pays».