ÉVÈNEMENT
4Santé-MAG N°16 - Mars 2013
En ce qui concerne les formes
agressives, c’est-à-dire, ces patients
qui ne répondent pas à un traitement,
complet et bien conduit, par interféron
bêta, d’une durée d’au moins un an, nous
avons des difficultés à les traiter, car les
médicaments indiqués, par exemple
le natalizumab (un anticorps monoclonal
humanisé, proposé en monothérapie,
dans les formes très actives de SEP,
avec alternance de poussées et de
rémissions, avec réduction de près de
68 % de la fréquence des poussées et
ralentissement, de l’ordre de 42 à 54%,
de l’évolution vers le handicap), est
fourni à certains CHU d’Algérie et pas
à d’autres: notre commande auprès
de la pharmacie du CHU d’Annaba
traîne depuis plus d’une année, sans
explication aucune.
D’autres molécules, fort intéressantes,
n’ont pas, encore, obtenu l’AMM
(autorisation de mise en marché) dans
notre pays, alors qu’elles ont montré,
ailleurs, leur efficacité (ex: Fingolimod,
en gélules).
Quelle est la prévalence de la sclérose
en plaques, en Algérie ?
L’Algérie est une zone de moyenne
prévalence et la répartition de la SEP
n’est pas uniforme, dans le monde. Le
nombre de patients atteints est d'autant
plus élevé que le pays considéré est
éloigné de l'équateur. Trois zones sont,
ainsi, identifiées :
La prévalence d'une maladie s'exprime,
généralement, par le nombre de
personnes atteintes, par 100.000
habitants, à une date fixée. L'incidence,
annuelle, d'une maladie est le nombre
de nouveaux cas observés, par an.
La prévalence de la SEP varie
beaucoup, en fonction de la distribution
géographique. Trois zones de fréquences
sont définies : la zone de haute
fréquence (> 30/100000 Habitants), la
zone de fréquence moyenne (entre 5 et
29/100000) et la zone de faible fréquence
(< 5/100000) (Kurtzke 2000).
L’Afrique du nord (et par conséquent le
Maghreb) est considérée comme une
zone de moyenne fréquence.
La prévalence varie entre 3.3 et 21 par
100,000 habitants, dans le Maghreb (Riad
Gouider et al). La prévalence exacte,
en Algérie, est en étude actuellement;
mais, nous pensons qu’elle se confond
avec celle du Maghreb. Le nombre de
cas de sclérose en plaques, en Algérie
est estimé entre 7 500 et 15 000. Les
neurologues rapportent 30 nouveaux
cas, par service de neurologie et par an,
en Algérie
Il y a des régions plus touchées que
d’autres. Pourquoi cette différence
géographique?
La carte, mondiale, de la prévalence
de la sclérose en plaques indique que
celle-ci est plus fréquente dans les pays
à climat tempéré que dans les pays
tropicaux (autrement dit, la sclérose en
plaques est d'autant plus fréquente que
l'on s'éloigne de l'équateur).
Dans l'Europe du nord et l'Amérique
du nord, notamment en Scandinavie et
en Écosse, ainsi qu'au Canada, on note
un taux, élevé, de sclérose en
plaques; ce qui pourrait refléter
une susceptibilité spécifique,
au sein de la population native.
L’ensoleillement est une
des hypothèses qui pourrait
expliquer ce gradient nord-
sud, par le biais du mécanisme
de la vitamine D; la prévalence
étant la plus faible dans les
pays les plus ensoleillés et
inversement. Le déficit en
vitamine D, lié à un plus faible
ensoleillement, pourrait, ainsi,
expliquer la fréquence deux à trois fois
plus élevée de la maladie, en Europe du
nord.
Vous êtes chef de service de neurologie,
à l'hôpital d’Annaba. Dispose-t-on de
bons moyens de prise en charge, dans
cette wilaya?
L’équipe médicale, bien formée, est
apte à diagnostiquer et prendre en
charge, très précocement, le patient
atteint de SEP. D’ailleurs, une
consultation, spécialisée dans les
affections démyélinisantes du SNC,
est fonctionnelle, depuis juillet 2008.
Malheureusement, le CHU d’Annaba
n’est pas, encore, équipé d’une IRM et
les patients sont contraints d’effectuer
leurs examens dans le secteur privé.
Les interférons sont disponibles, mais
de façon discontinue. Nous attendons,
toujours, les nouvelles molécules;
notamment, pour les formes agressives,
qui ne répondent pas aux interférons !
Je vous rappelle qu’au CHU de Annaba,
260 cas de SEP sont suivis, depuis juin
2008. Les patients sont originaires
d’Annaba; mais, aussi des wilayate
limitrophes (Guelma, Tarf, Skikda,
Tébessa, Souk-Ahras …).
Avez-vous un message à transmettre
aux personnes atteintes, pour mieux
vivre avec cette maladie ?
J’ai plusieurs messages à transmettre:
les patients doivent se rapprocher
de leur neurologue, pour profiter des
conseils et des avis, dont le but principal
est la préservation de la qualité de vie,
au quotidien.
La SEP touche les femmes jeunes, en
âge de procréer. Elles doivent savoir
que la grossesse est possible, mais que
le traitement de fond est interrompu
durant cette période et qu’après
l’accouchement, une nouvelle poussée
peut survenir.
Il est, donc, conseillé de programmer
sa grossesse avec l’équipe médicale. La
reprise du traitement de fond ne se fera
qu’après le sevrage, si la mère allaite
son enfant. Le bébé d’une femme SEP
n’est pas plus exposé aux risques de
malformations qu’un autre. La pilule
contraceptive n’a aucun retentissement
sur la maladie, ou sur son évolution.
La chaleur (le bain maure) peut
engendrer le phénomène d’Uhthoff. Il
s’agit d’un blocage de l’influx nerveux
au niveau des fibres nerveuses;
ce qui entraîne la réapparition de
signes neurologiques, mais de
façon transitoire. Il ne s’agit pas
d’une nouvelle poussée: une douche
fraîche fait disparaître les signes
neurologiques.
En cas de véritable poussée (augmen-
tation, soudaine, des signes et symp-
tômes, liés à la SEP), il faut consulter,
immédiatement, le neurologue, pour
un traitement (bolus de corticoïdes).
La kinésithérapie, adaptée à chaque
patient, est bénéfique dans la SEP.
Des associations de malades, at-
teints de SEP, existent en Algérie:
il faut s’en rapprocher. Les aidants
(parents et conjoints) doivent adhérer
à ces associations, pour mieux com-
prendre et aider, plus efficacement,
les patients
Prévalence de la SEP au Maghreb:
entre 3,3 et 21 par 100 000 habitants
Zone de faible prévalence:
< 5 personnes atteintes pour 100 000 habitants
Zone de moyenne prévalence:
entre 5 et 30 personnes atteintes pour 100 000
habitants
Zone de forte prévalence:
> 30 personnes atteintes pour 100 000 habitants
Non connue