ANESTHESIE PEDIATRIQUE PAR UN ANESTHESISTE NON PEDIATRE 107
L’abdomen sans préparation et surtout l’échographie sont des examens de débrouillage
sensibles et rapides à obtenir. Ils ont modifiés les approches diagnostiques et thérapeu-
tiques. La sémiologie clinique reste bien entendu primordiale, notamment dans les grands
tableaux septiques ou occlusifs. La rapidité d’intervention est alors un facteur impor-
tant pour la survie et la morbidité de ces urgences. Comme on le voit encore en 1980;
37 % des enfants présentant un tableau d’appendicite aiguë sont morts, avant qu’une
intervention chirurgicale n’ait pu avoir lieu [2]. Il est licite de faciliter l’intervention,
tout en débutant une réanimation efficace en se focalisant sur les différents points rap-
portés dans le tableau I.
1.2. CONDITIONNEMENT PREOPERATOIRE
1.2.1. ANTIBIOTHERAPIE PROPHYLACTIQUE ET CURATIVE
Le traitement antibiotique se différencie peu de celui de l’adulte. En effet, les
germes en cause sont sensiblement les mêmes à pathologie équivalente [6]. L’étude
bactériologique des appendicites et des péritonites appendiculaires montrent des cultu-
res souvent polymicrobiennes avec une flore comprenant une prédominance
d’escherichia coli (77 %), de bactéroïdes fragilis (55 %), de streptocoque faecalis (35 %),
de pseudomonas (22 %) et autres germes (16 %) [6].
Les BGN et Cocci G+ sont donc les principaux agents pathogènes en cause, suivis
dans une moindre mesure par les germes anaérobies. Dans le cadre de l’antibioprophy-
laxie les données classiques s’appliquent tant en terme de choix de molécules que de
durée du traitement (ex: amoxycilline + acide clavulanique). Les posologies sont pro-
pres à la pédiatrie en milligramme par kilogramme, sans dépasser les doses unitaires
des adultes dans tous les cas (Tableau III).
En curatif et devant des tableaux graves (intensité, retard diagnostic, importance de
la péritonite, signes septicémiques...) une bithérapie est recommandée : une bêtalacta-
mine et un aminoside sont une association logique (Tableau III). La durée de la bithérapie
est variable mais au moins supérieure à 2 jours, sans dépasser 5 jours d’aminoside. La
durée totale du traitement sera classiquement prolongée sur des arguments d’évolution
clinique et biologique comme la numération des leucocytes et la mesure de la CRP,
encore très populaire en pédiatrie.
La culture bactérienne peropératoire est un élément important pour le suivi des
patients surtout lors des sepsis graves, lorsque les enfants ont été exposés à un traite-
ment antibiotique récent [5] et chez l’enfant immunodéprimé. L’isolement d’une bactérie
résistante suite à la pression de sélection d’une antibiothérapie antérieure sont particu-
lièrement à craindre en pédiatrie. En effet, la pharmacopée de ville est riche en différente
formes orales d’ampicillines ou de céphalosporines de deuxième et troisième généra-
tion largement utilisées pour différentes affections de la sphère ORL si communes chez
l’enfant, augmentant le risque de sélection d’un germe résistant [7]. Un écouvillon et
une culture du pus sur des flacons d’hémocultures permettent en postopératoire d’adapter
secondairement le traitement antibiotique grâce à l’antibiogramme. Une allergie aux
bêtalactamines fait préférer une trithérapie lors d’un syndrome septique abdominal
(Tableau III).
1.2.2. HYPOVOLEMIE
L’hypovolémie est souvent associée aux urgences digestives de l’enfant. La pre-
mière cause est une carence d’apport dont l’enfant est d’autant plus sensible qu’il est
d’un plus jeune âge. La seconde est liée aux pertes induites par l’hyperthermie, des
vomissements, un syndrome diarrhéique ou un troisième secteur intra-abdominal. Les
signes cliniques sont classiquement dominés par la constance de la tachycardie asso-