Contemporary
Mathematics
Volume
174,
1994
La
fonction
L p-adique
de
Kubota-Leopoldt
BERNADETTE PERRIN-RIOU
RESUME.
Depuis
sa
construction
jusqu'a
Ia
demonstration
de
Ia
"conjec-
ture
principale"
par
Mazur-Wiles
puis
par
Kolyvagin
et
Rubin,
Ia fonc-
tion
de
Kubota-Leopoldt
a
longuement
ete
etudiee.
Plus
generalement,
parallelement
aux
fonctions L complexes des motifs
et
aux
conjectures
de
Bloch-Kato
sur
leurs
valeurs,
on
peut
essayer
de
comprendre
ce
que
sont
les fonctions L
p-adiques
des
motifs
(ou
des
representations
p-adiques
geometriques),
comment
exprimer
les
conjectures
sur
leurs valeurs speciales,
les
conjectures
principales
([Pa],
[Pb]).
II
est
alors
nature)
de
voir
ce
que
cette
etude
generate
donne
sur
Ia fonction
de
Kubota-Leopoldt,
c'est
ce
que
j'ai
voulu faire
dans
Ia
note
qui
suit.
J'y
reprends
ce
qui
est
connu
sur
Ia fonction L
p-adique
attachee
a Ia
representation
de
Tate
Qp(1)
et
a
ses
"twists''
en
utilisant
les
resultats
de
[Pa].
PLAN
1.
-Rappels.
2.
-Quelques formules
sur
.Cw.
2.1. -Valeur de
.Cw
en
x-i'Tl
pour
j > 1
2.2. -Valeur de
.Cw
en
x-i'Tl
pour
j < 0
2.3. -Valeur de
.Cw
en
x-
1
"1
et
en
"1
3.
-Fonction de Kubota-Leopoldt.
3.1. -Definition.
3.2. -Valeurs de .CK-L en
x-i'Tl
3.3. -"Conjecture" principale.
4.
-Cohomologie galoisienne.
4.1. -Notations.
4.2. -Cohomologie galoisienne
et
dimensions
4.3. -Demonstrations
par
la
methode
de Kolyvagin
5.
-Conjectures sur les valeurs speciales.
1991
Mathematics
Subject Classification. 11E95, 11G40, 11R23, 11R42.
Key
words
and
phrases.
theorie
d'lwasawa,
cyclotomique,
representations
p-adiques.
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66
BERNADETTE
PERRIN-RIOU
1.
Rappels
1.1.
On
fixe
une cloture algebrique Q de Q et on note
GQ
= Gal(Q/Q).
Soit p un nombre premier impair
et
m un entier premier a p. Dans la suite, F
designe une extension finie abelienne de Q de conducteur
met
d'ordre premier
a p
et
on pose G =
Gal(F
/Q).
On note
Foo
=
F(J-Lp"""
),
Fn
=
F(J-Lpn+t)
ou
J-Lpn+l
est le groupe des racines pn+1-iemes de l'unite. Ainsi,
Qoo
est la
z;-
extension cyclotomique de Q,
Foo
=
FQ
00
,
Goo
= Gal(Foo/ F)
~
Gal(Q
00
/Q)
et
Gal(Foo/Q) =
Goo
x
G.
On pose A = Zp[[G
00
Jl,
A[G]
= Zp[[Gal(Foo/Q)Jl =
Zp[G]
®A. Soit
Qp(l)
= Qp®zp
l~J-Lpn+t
et x le caractere cyclotomique de
GQ
:
n
si
(est
une racine de l'unite d'ordre une puissance de
pet
siTE
GQ,
T(
=
cx(-r).
Pour
tout
entier
j,
on note Qp(j)
la
representation abelienne de
GQ
de caractere
xi.
On
choisit un systeme compatible de racines pn+l_iemes de l'unite = ((n)
qui soit une base de
Zp(l)
, ainsi (0 est d'ordre p,
et
une racine de l'unite a
d'ordre m.
Si est un caractere de G, on note Q(€) le corps des valeurs de
et
Z[€]
son
anneau d'entiers. Si M est un Zp[G]-module, on note
M<e>
= {x
EM®
Zp[€]
tel que
Tx
= €(T)x}
Sip
est un caractere (abelien) de
GQ,
on note
€(p)
E
{±}
le
signe de p(c) ou c
est une conjugaison complexe de
GQ.
On
note 1
le
caractere trivial. Enfin, si p
est un caractere d'ordre fini de
GQ
de conducteur M
et
si
(3
est une racine de
l'unite d'ordre
M,
on pose
G(p,
(3)
=
-rEGal(Q(I'M
)/Q)
1.2.
On
pose
Fn,p
=
Fn
®Q
Qp
et
p(T)T((3).
Hi(Fn,p, Zp(j)) =
EBvipHi(Fn,v,
Zp(j)),
Z~,p(F,
Zp(j)) =
l~
Hi(Fn,p,
Zp(j)).
n
Par
la theorie de Kummer, z.;,,p(F,Zp(l)) est isomorphe
ala
limite projec-
tive pour les applications .normes
du
complete p-adique des
Fn~p·
II
contient
z.;,,p(F,Zp(l)) =
l~UFn,p
ou
UFn,p
est le complete p-adique du groupe des
n
unites de
Fn,p·
Pour j quelconque, on a
et
on pose
i:.0,p(F,Zp(j)) = Z:.0,p(F,Zp(l))
®Zp(j
-1).
En utilisant la dualite locale, on montre facilement que
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LA
FONCTION
DE
KUBOTA-LEOPOLDT
67
ou
M1
"'
M2
signifie qu'il existe un homomorphisme
M1
-+
M2
a noyau
et
conoyau finis. On a Ia suite exacte de A-modules due a lwasawa
-1
1
0-+
Zoo,p(F,
Zp(1))-+
Zoo,p(F,Zp(1))-+ E9vlpZp-+ 0
ou encore, en tordant
par
Zp{j-
1)
0-+
Z~,p(F,
Zp(j)) -+
Z~,p(F,
Zp(j)) -+
E9vipZp(j
-1) -+
0.
Rappelons que
Z~,p(F,
Zp(j))
et
Z~,p(F,
Zp(j)) sont des A-modules de rang
[F
:
Q)
dont
le
sous-module de torsion est isomorphe a
E9vlpZp(j).
lis sont de
plus munis d'une action de
G.
Le A[G)-module
z~,p(F,
Zp{i)) est alors de rang
1 (composante
par
composante). On note
Tw
: A -+ A l'operateur induit
par
T
1-+
x(r)r
et
Tw1,Qp(j)
l'operateur de twist :
Z~,p(F,
Zp(j))
~
Z~,p(F,
Zp(j)) ®
Zp{1)
~
Z~,p(F,
Zp(j + 1))
induit
par
(xn mod
pn+
1)
1-+
(xn®(n mod pn+l)
et
note aussi
Tw
ou x
1-+
x®f.
1.3.
Le rp-module filtre Dp(Qp(j)) associe a
Qp(j)
sur
Qp
est canoniquement
Qp
muni
d'un
endomorphisme bijectif
cp
=
p-;
et
de Ia filtration
Filk D (Q ( ')) =
{Dp(Qp(j))
si k
:5
-j
p
pJ
0
'k
.
Sl
>
-J
.
On
note Dp(Zp(j))
le
reseau canonique
Zp
de Qp.
On
note
e_;
Ia base canonique
de Dp(Qp(j)) (et de Dp(Zp(j))) : on a cpe-; =
p-;e_;.
On a alors un isomor-
phisme canonique Dp(Qp(j))-+ Dp(Qp(j + 1)) donne
pare
......
e®e_1·
On
pose
Dp(Qp(j))p = F
®QP
Dp(Qp(j))
~
E9vlpFv
® Dp(Qp(j)).
Si
Op
est l'anneau des
entiers de
F,
on pose
Dp(Zp(j))o,
= Op®zpDp(Zp(j)). Soit u l'endomorphisme
de Frobenius absolu:
il
agit sur
Ia
plus grande extension abelienne non ramifiee
en p
par
u(/3)
=
f3P
pour toute racine de l'unite
/3
d'ordre premier a p.
II
agit
en particulier sur F ; on prolonge I 'endomorphisme
cp
en
un
endomorphisme
u-semi-lineaire de Dp(Qp(j))p.
Si
K est une extension finie de
Qp
, soit
expQp(;)
=
expK,Qp(;)
: K ® Dp(Qp(j))-+ H1(K, Qp(j))
l'exponentielle de Bloch-Kato ([B-K90), [F-P91, I)). L'image de
expK,Qp(;)
est
par
definition le Qp-espace vectoriel
H}(K,
Qp(j)) : on a
H}(K,Qp(1)) =
Qp
®zp
UK
et
expK,Qp(
1
) est !'application exponentielle usuelle ;
H}(K,
Qp) = Homzp (Gal{Knr /
K),
Qp)
ou Knr est Ia plus grande extension non ramifiee de
K,
H}(K,
Qp(j)) est nul
pour j < 0
et
H}(K,Qp(j))
= H1
(K,Qp(j))
pour j >
1.
On
note
H}(K,Zp(j))
l'image reciproque de
H}(K,
Qp(j)) dans H1(K, Zp(j)).
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68
BERNADETTE
PERRIN-RIOU
On
pose r.(1 +
T)
=
(1
+
rp:<-r)
pour r E
Goo
ou
Test
une indeterminee. On
fait agir A sur 1 + T
par
prolongement
par
linearite
et
continuite. Si f E A , soit
G(T)
Ia solution dans Qp[[T]]®Q,.
Dp(Qp(j))F
de !'equation
(1-cp)G
=
f.(l
+T)
ou
cp
est l'endomorphisme a-semi-lineaire tel que
cp(h(T)
®d)=
h((1 +
T)P-
1)
®
cp(d)
pour
h E Qp[[T]]
et
dE
Dp(Qp(j))p.
Rappelons que E = ((n) est
un
systeme
compatible de racines de l'unite.
On
pose
E~,Q,.(j)(f)
=
(1
®pcp)-(n+l)(G)((n
-1)
E Qn,p
®Q,.
Dp(Qp(j))F.
Si
w E
z.;,,p(Zp(j)
), on note wn son image dans H1
(Fn,p,
Zp(j))
; on designe par
(A
®z,.
Dp(Zp(j))oF).i;=O
le noyau
de
g
~--+
xi(g)
modulo l'image
de
(1-
pia)
avec g E A ®z,.
Dp(Zp(j))oF.
1.4.
THEOREME. (A)
Pour
tout
j
2::
1,
il
existe
un
unique
isomorphisme
tel que le diagramme
suivant
soit
commutatif
(A
®z,.
Dp(Zp(j))oF).i;=O
s~.Q,.<;>
1
(j-1)1
expFn,p.Qp(j)
z.;,,p(F,
Zp(j))/
EBvlp
Zp(j)
1
avec H1
(Fn,p,Zp(j))'
= H1
(Fn,p,Zp(j))/H
1
(Foo,p/Fn,p,Zp(j))
et
ou
l'applica-
tion
verticale de droite se deduit de la projection naturelle ;
(B) On a
Tw
1,Q,.(i) o OQ,.(j),J o Tw ® e1 =
-OQ,.(Ht),Ht.
La partie (A) pour j = 1 est due a Coleman.
Le
theoreme complet est
demontre dans [Pa]. 1
La relation (B) est fondamentale dans Ia suite
et
permet de passer de Qp(1)
a
Qp(j).
On deduit
du
theoreme que pour
tout
j E Z,
il
existe
un
unique isomorphisme
OQ,.(j),j:
(A
®z,.
Dp(Zp(j))oF).i;=O-+
Z!x,,p(F,
Zp(j))/
EBvlp
Zp(j)
1
La
formulation
un
peu
differente
de
celle utilisee
pour
les
courbes
elliptiques
dans
(Pc)
vient
de
ce
que
Ia
representation
V =
Qp(j)
suffit a
obtenir
I'
existence
et
l'unicite
de
OQ,.{i),j =
Ov,j
et
que
l'on
n'a
pas
besoin
d'agrandir
A
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LA
FONCTION
DE
KUBOTA-LEOPOLDT
69
telle que
Twt,Qp(i)
o
OQp(j),;
o
Tw
®
et
= -OQp(i+l),i+l .
1.5.
Posons
tQp(j)
= Dp(Qp(j)), tzp(j) = Dp(Zp(j)) si j
~
0 (resp. = 0 si
j
~
0). Pour toute place
vjp,
on a une suite exacte [B-K90)
0--+ H0
(F
11
, Qp(j))--+ Dp(Qp(j))F,
--+
Dp(Qp(j))F, $
Fv
®
tQp(i)
--+
H}(Fv,Qp(j))--+ 0
ou la seconde application est donnee
par
x
~---+
(1-
cp)x
$ x mod Fil0.
On
pose
ou
liP
est la valeur absolue normalisee
par
!PIP
=
p-
1
et
oil [: J designe l'indice
generalise : si M1
et
M2 sont des Zp-modules de type fini tels que Qp ® M1 =
Qp
®M2,
on a
avec tors(Mi) le sous-module de torsion de Mi et MI =
Mdtors(Mi)
pour i =
1,
2.
Une consequence facile
du
theoreme precedent (dans
sa
version locale) est
que pour j
~
1,
on a
(theoreme de Bloch
et
Kato, [B-K90)). L'idee de la demonstration est la sui-
vante:
posons
X=
(A
®zp
Dp(Zp(j))p,/).;=o, Y =
Z~,v(F,Zp(j))/Zp(j).
On
a
un
isomorphisme
Xaoo
~
Ya
00
Le
Zp-module
Xaoo
(resp.
Yaoo)
est egal
a Dp(Zp(j))oF (resp. H}(Fv,Zp(j))), a un groupe fini pres que l'on calcule
exactement,
et
la
Heche
F
11
®Dp(Zp(j))--+
H}(F
11
,
Qp(j))
qui se deduit de
Xaoo
~
Yaoo
est egale a
(j-
1)!
expF,,Qp(j)•
1.6.
La
loi
explicite de reciprocite s'enonce de la maniere suivante : on note
[,
)Dp(Qp(j))
la forme bilineaire naturelle Dp(Qp(j))F x Dp(Qp(1 -
j))F
--+
Fp
etendue
par
linearite a
eta
On note
<,
>n,Qp(j) !'application de dualite :
(somme des accouplements locaux pour vlp) et
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