Laccompagnatrice
La Direction générale de la santé (DGS) a été une sorte de fabrique de la
démocratie sanitaire. Bien sûr dans le geste inaugural quont constitué
les États généraux de la Santé, mais aussi tout au long des événements,
parfois en forme de crise, et les étapes, souvent en forme despoir, qui ont
jalonné sa patiente et tenace construction. Démocratie sanitaire, il faut
toujours rappeler ce que veulent dire ces deux mots accolés : mener des
actions, publiques ou privées, en faveur dune plus grande implication des
citoyens dans les décisions de santé, quelles les concernent individuelle-
ment ou collectivement. Cela passe par la reconnaissance des droits
individuels (information, décision partagée, consentement, accès au dossier
médical...) autant que des droits collectifs (représentation par des
associations, droit dalerte...). Cela passe aussi par le renforcement des
capacités des personnes à se saisir de leurs droits et acquérir des
compétences pour mieux vivre avec les risques et/ou la maladie. Cela passe
enfin par la recherche dautres approches institutionnelles que la
représentation : la participation et la co-construction, notamment.
Dans chacune de ces catégories, la DGS a pris sa part du fardeau, y compris par
ses crédits dintervention qui permettent de modéliser les réponses conçues et
déployées au titre de la démocratie sanitaire. Elle « coche les cases » de la
check-list de la démocratie sanitaire. Quelques exemples ? Droits individuels :
vigie gulatrice. Représentation : agrément de représentation des associa-
tions, désignation dans les instances. Renforcement des capacités : cadrage de
léducation thérapeutique du patient. Participation : reconnaissance de
lapproche communautaire, notamment dans la politique de réduction des
risques. Co-construction : appel à projet pour lautonomie en santé.
La loi du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé lui
offre dautres occasions de jalonner lévolution de la démocratie sanitaire :
installation de lUnion nationale des associations agrées en santé (UNAAS),
évolution de lInstitut pour la démocratie en santé vers un groupement
dintérêt public (IPDS).
Elle doit penser aux dés de demain.
Dabord, la construction dune feuille de route de la démocratie en santé
partagée par tous. Principes et modalités de la démocratie en santé, dune
part, distribution des rôles, dautre part. Croire que nous progresserons sans
cette clarication est un leurre. On laisse sinstaller une sorte dimpensé qui
trouble autant quil décourage, notamment quand les nancements étiques
contredisent les ambitions politiques.
Ensuite, le rééquilibrage de la démocratie en santé. Essentiellement
construite autour de normes, lois et décrets, elle doit être maintenant
surtout activée autour de laction : renforcement des capacités, participation
et co-construction. Le futur groupement dintérêt public consacré à la
démocratie en santé, dont la Direction générale de la santé sera
nécessairement LA composante de premier rang, peut en être laiguillon.
Enn, le puissant bouleversement induit par le numérique. Nous sommes
encore loin de lHabeas corpus numérique que les patients attendent,
le projet de loi pour une République numérique reste sur ce point en retrait.
~Liens dintérêts : lauteur déclare navoir aucun lien dintérêt
en rapport avec larticle.
ÉDECINE
MÉDECINE Octobre 2016 7
ÉDITORIAL
Christian Saout
Secr
etaire g
en
eral d
el
egu
e du CISS
(Collectif Interassociatif Sur la Sant
e)
10, villa Bosquet
75007 Paris
Photo aimablement fournie
p
ar l'auteur
Christian Saout
DOI: 10.1684/med.2016.98
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