Regard d’ESPERANCE N°238 - Septembre 2009 Regard sur notre temps En Hollande, des milliers d’oies sauvages sont massacrées... par la faute d’écologistes ! En Hollande, les oies sauvages sont une espèce totalement protégée… C’est pourquoi des milliers sont gazées chaque année: 109000 l’ont été en 2008. (A titre de comparaison, la chasse française en prélève 20000 par an.) A ces gazages hivernaux, il faut ajouter les destructions estivales: tirs, avec prime de 5 € par oie abattue; capture des oiseaux en mue – qui ne volent pas et sont éliminés à coups de bâton ou au gaz; engrillagement des zones de refuge des oisons (non volants), afin qu’ils meurent de faim; stérilisation des œufs par injection ou aspersion de produits toxiques… Bref, une vraie protection de la nature, un authentique respect de la vie animale! Ce scandale écologique a une raison financière: les dégâts agricoles provoqués par les oies sauvages aux Pays-Bas ont atteint 16 millions d’euros en 2008! Et la cause en est aussi «écologique»: ce sont des pressions écologistes qui ont conduit le gouvernement néerlandais à interdire la chasse aux oies sauvages, avec pour conséquence immédiate une explosion des effectifs de l’espèce: on recensait 500000 oies cendrées dans le nordouest de l’Europe en 2006, et 800000 déjà en 2008. De plus, l’abondante nourriture fournie par une agriculture intensive, et l’absence de chasse, ont incité un nombre croissant de ces braves anatidés à ne plus entreprendre leur traditionnelle migration, et à nicher donc sur place… Et voilà comment l’on en arrive à un paradoxe aussi insensé qu’horrible: le massacre par tous les moyens d’une espèce animale protégée! Le fait mérite réflexion, car il est très symptomatique des dérives que peut receler notre époque… Dérives d’une «écologie des villes», irresponsable, émotionnelle et irrationnelle, ou pire: idéologique et sectaire, qui peut se substituer à une protection de l’environnement réfléchie, raisonnée, maîtrisée… et alors – ô combien – nécessaire, salutaire même! Hélas, on en viendrait parfois à se demander si d’aucuns en notre époque ne rejouent pas une version «verte» de la «grande peur de l’an mil»… Mais au-delà des légitimes préoccupations environnementales, les mêmes interrogations se posent devant l’étonnante propension de nos sociétés – pourtant censées être scientifiques et rationnelles – à être secouées par des mouvements de fonds, et de foules, sans fondements ni raison réelle. Société du déraisonnable, voire de la déraison, avatar du «tout-médiatique», du «tout-législatif», du «touttout de suite»…? En tous cas: une société où il est urgent de prendre un sain recul. S.C.