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AVANT. Avant d’êtreemmenéaubloc opératoire,Bruno aété douchéetasubi plusieurs analyses.
CHIRURGIE. Bruno est opéré par cœlioscopie. Cette technique permet au chirurgien d’intervenir sans ouvrir l’abdomen du patient. Il manœuvreàl’aide de trocarts et d’unecaméra, introduits dans de petites incisions.
PENDANT. De longues minutes s’écoulent avant que Bruno, allongé sur la table d’opération, ne soitpleinementanesthésié. APRÈS. Bruno met une heureàouvrir les yeux, et restesonné un moment.
Opéré le matin, de retour chez soi le soir
7heures
Bruno (*), âgé de 77 ans,atout intérêt à
êtrematinal. Il va subir le premier acte
chirurgical de la journée.Une hernie in
guinale.Son opération est programmée en
ambulatoire, depuis un mois et demi. Dé
barqué àl’hôpital à7heures,ilad’abord
été douché, avant une batterie d’analyses :
température, tension, constantes vitales.
Le personnel soignant lui aadministré un
calmant afin qu’il soit le plus détendu
possible.Ets’est assuré auprès de ses pro
ches qu’il ne serapas seul, àdomicile,à
son retour de l’hôpital. «Enambulatoire,
il doit toujours yavoir une personne avec
le patient, la nuit quisuit l’opération », ex
plique l’infirmièred’astreinte.
La chambredans laquelle le septuagé
nairepatiente aleteint blanc livide,bien
plus que lui dont les joues sont légère
ment rosies.Iln’est pas inquiet, se tourne
les pouces –ausens proprecomme au fi
guré –etbouge légèrement les pieds,plai
sante au sujet de son bracelet :«Ils ont
mis mon nom et ma date de naissance,
pour ne pas se tromper.»
Ce n’est que 45 minutes après son arri
vée que le brancardier viendraenfin le
chercher pour le conduireaubloc.Ilat
tendraencoreune petite demiheuredans
la salle dite d’accueil, auprès d’autres ma
lades,simplement recouverts d’une blou
se et d’une couverture. Régulièrement, le
personnel du bloc passe pour prendredes
nouvelles de chacun des patients,séparés
les uns des autres par une sorte de para
vent blanc.Pendant ce temps,l’équipe
préparelasalle d’op.Jusqu’à ce qu’enfin,
le futur opéré entre… ■
(*) Il s’agit d’un prénom d’emprunt.
Allongé sur la table d’opération, Bruno est d’abordpris
en charge par l’équipe d’anesthésie.Électrodes,perfusions,
il est vite raccordé àtout un tas de fils.«Elle est toujours
là, votrehernie ?»,taquine le chirurgien, qui fait les cent
pas dans le service en attendant d’êtreàpied d’œuvre.
L’équipe est d’humeur badine.Petit tacle de l’infirmier
anesthésiste (Iade) àl’interne de sa spécialité :«Tuvas de
voir prendrel’escabeau », en référence àsapetite taille.On
sent la sympathie qui les unit. Sans pour autant qu’ils per
dent le patient de l’œil. À8h20, ce dernier ferme les yeux,
mais peine àvraiment s’endormir.L’infirmier tireréguliè
rement sur ses paupières pour vérifier qu’il est inconscient,
avant de l’intuber,cinq minutes après.
Unefois Bruno sédaté, son corps est désinfecté par une
aidesoignante.Sous l’effet de la bétadine®, sa peau tire
sur le rouge brique.Pendant ce temps,l’Ibode (infirmière
de bloc opératoire) préparelekit de chirurgie :pinces à
clamper (servant àfermer les vaisseaux pour stopper l’hé
morragie), scalpels,solutions diverses,etc.Une fois le chi
rurgien équipé, il ne reste que les champs stériles àposer.
Le praticien effectue son premier acte chirurgical à8h38:
il implante une aiguille dans le ventredupatient, et diffuse
du gaz carbonique pour lui gonfler l’abdomen. Avant de le
raser àl’endroit où il pratiquerales incisions.«Pour être
chirurgien, il faut avoir la célérité des barbiers », s’amuse
til.Leseptuagénaireest opéré par cœlioscopie.Peu inva
sive, cette technique permet àl’équipe médicale de ne pas
ouvrir le ventre. Le chirurgien effectue trois petites en
tailles pour passer les trocarts,sortes de longues tiges qui
sont introduites àtravers la paroi de l’abdomen de Bruno
et grâceauxquelles il va pouvoir opérer.Lapremièreinci
sion, de onzemillimètres,sertàinsérer la caméra. Le mé
decin effectuerason intervention en fonction de ce qu’il
verrasur l’écran auquel elle est reliée.Les deux autres cou
pures ne sont que de cinq millimètres.Elles permettent
d’introduireune pince et un scalpel miniatures,qui vont
disséquer la hernie.Untravail d’une précision extrême.
Unefois cet ouvrage effectué, il ne reste qu’à positionner
et fixer une prothèse.L’intervention en tant que telle
n’auraduré qu’une quinzaine de minutes.L’opération ter
minée,les trois entailles sont refermées par des agrafes,
sur lesquelles sont disposés des pansements.
Si aucune complication ne s’est présentée lors de l’inter
vention, le réveil est plus dur pour Bruno qui, une fois l’ab
domen nettoyé par les soignants,nereprend toujours pas
conscience.Unpeu trop de stress,d’après l’Iade.Etl’une
des drogues injectée pour l’opération que son corps peine,
àl’évidence,àéliminer.Iltente de le stimuler,mais n’ob
tient qu’une «petite réponse ». Àl’extérieur,d’autres mala
des attendent leur chirurgie.Plusieurs personnes s’activent
déjà àpréparer la salle pour le suivant. L’infirmier appelle
la salle de réveil pour l’informer de l’arrivée de Bruno.Une
bouteille d’oxygène,àlaquelle il est relié, est fixée au lit. Il
quitte la salle d’opération, encoreintubé. ■
8h15
Entreson entrée dans la salle de réveil et le mo
ment où il reprend conscience,une heuretout
juste se seraécoulée.Régulièrement, une infirmiè
re tente de le ranimer.Elle l’appelle,lui tapote le
front. «Iln’y apas vraiment de tendances dans la
durée que prend le réveil. Ça dépend du métabo
lisme de chacun », expliquetelle.Elle ne peut pas
l’extuber,aurisque qu’il ne parvienne pas àrespi
rerseul. Àproximité, une petite dizaine de per
sonnes émergent tour àtour de leur anesthésie.
Ce n’est qu’à 10 heures que Bruno se réveille.
D’un seul coup.D’abordlevisage crispé par l’ef
fort, il tente de reprendresouffle.Puis tout son
corps se remet ensuite àbouger.Aumoment de
l’extubation, il al’air sonné, perdu même,lamain
tenue par celle,rassurante,del’un des membres
de l’équipe soignante,qui tente de le réorienter.
Il reste sous oxygène,diffusé par le biais d’un
cordon nasal, et ne demande s’il abien été opéré
et si tout s’est bien passé qu’au bout de quelques
minutes.Bruno ne quitterapas la salle de réveil
avant une bonne heure, le temps pour l’équipe de
s’assurer que toutes ses constantes vitales sont
correctes.Deretour dans le service de chirurgie
ambulatoire, il seraencoreune fois ausculté, dans
l’aprèsmidi, avant de pouvoir quitter hôpital. ■
Reportage réalisé par
Laurenne Jannot(textes) et Florian Salesse (photos)
9h05
Organisation.Sauf urgences, la programmation du bloc opératoire se fait sur la semaine,avec
lesopérations sous anesthésie généraledulundiaujeudi,enambulatoire ou avechospitalisa-
tionclassique. Le vendredi est réservé aux autres actes, notamment ceux ne nécessitant
qu’une anesthésie loco-régionale.Chaquechirurgienades vacations, sur lesquelles il est auto-
risé àprogrammerdes opérations,les autres journées étantconsacrées àlaconsultation. Le
programme doit être terminé avant le jeudi, 14 heures, pour validation. Il est vérifié une der-
nière fois le vendredi après-midi, jour où sont répartis lespersonnels soignants d’astreinte sur
les différentes opérations.
Spécialités.Le bloc du centre hospitalier, qui draine notamment lespersonnes âgées qui font
des chutes, fait beaucoup de traumatologie. Dans le domaine digestif,laquantité d’opérations
de chirurgie bariatrique (de l’obésité) est importante.Enorthopédie,l’essentiel des actes est
concentrésur le bas du corps (hanche,fémur) ainsi que sur l’épaule et le poignet.Les actes
chirurgicaux relevant de la neurologie, de l’ophtalmologie et de l’oto-rhino-laryngologie (ORL),
du facial et du rachis (colonnevertébrale) ne sont pas pratiqués àl’hôpital d’Auxerre.
Iade/Ibode.Les infirmiers anesthésistes (Iade) et de bloc opératoire (Ibode)diplômés d’Étatsui-
ventune formation spécifique,sur concoursetcomplémentaire àcelle dispensée en Institut de
soins infirmiers (IFSI).Celle-ci est de deux ans pour les Iades, qui exercent dans lesdomaines
de l’anesthésie-réanimation, de la médecine d’urgenceetdelaprise en charge de la douleur.
Le cursus est de 18 mois pour lesIbodes, qui exercent ensuite au sein d’une équipe en bloc
hospitalier, en étroite collaborationavec le chirurgien.
■LE FONCTIONNEMENT DU BLOC OPÉRATOIRE
■LE BLOC OPÉRATOIRE EN CHIFFRES
15.600
C’est,approximativement, le nombre
d’actes chirurgicaux (comprenant les
anesthésies)qui ont été pratiqués
en 2011 au centre hospitalier d’Auxerre.
8.700
Parmi les actespratiquésen2011,
c’est, approximativement, le nombre
d’actes opératoires.
6.900
Parmi les actespratiqués, c’est,
approximativement, le nombre
d’anesthésies pratiquéesen2011.
70
Le blocemploie 70 agents paramédicaux.
35
Le nombredechirurgiens en exercice
au bloc :11anesthésistes,15pour le bloc
central, deux gastro-entérologuesetsept
en gynécologie-obstétrique.
7
C’est le nombredesalles d’opérationau
seindubloc général :deux salles pour la
chirurgie orthopédique,deux pour la
chirurgie généraleetdigestive,une pour
l’urologie et la chirurgie vasculaire, une
pour les endoscopies et coloscopies,la
dernièreest réservéeaux actes de
cardiologie.
4
C’est le nombredesalles d’opération
qu’il yaura au sein du blocgynécologie-
obstétrique du futur pôlemère-enfant,
dont une seraréservée pour les
césariennes.Elles ne sont que de deux
dans l’actuelle maternité.
2
C’est le nombre de blocs au CHA:unbloc
général et un bloc gynécologie-obstétrique.
Ce dernier déménagera au moment
de l’ouverture du pôlemère-enfant.
Il n’y aura alors plus qu’une salle de réveil,
àlajointure desdeux blocs,contre deux
auparavant.