4
Bien entendu il s’agit d’une affaire exceptionnelle, mais
elle peut exprimer quelque chose de votre travail et de
votre vie.
C’est François Touchais qui dirigeait l’enquête concernant
la mort de Laëtitia, il se souvient : « Ce sont de très grosses
journées, de très grosses semaines, très intenses. Moi, je
répartis le boulot. Il y a plusieurs ateliers, avec des
responsables pour chaque atelier. Est-ce qu’il y a un acte
de complicité ou pas ? […]
La photo de Laëtitia est accrochée au mur de la cellule
d’enquête. Cette photo, c’est le fil conducteur, le lien. Il ne
faut pas qu’il y ait un seul jour où les gars se demandant
ce qu’ils font là […]. On ne dort pas beaucoup. Le peu de
temps qu’on a pour se reposer, on continue d’y penser. Le
soir, dans notre mobil-home, on en parle et, quand on se
couche, on y pense encore » p. 106-107.
« A la division ‘’Atteinte aux personnes’’ de la Section de
Recherche d’Angers, Frantz Touchais et ses collègues ne
s’arrêtèrent pas beaucoup. Leur quotidien, ce sont les
viols, les enlèvements d’enfants, les tentatives
d’assassinat, les meurtres. Bien sûr, cela crée un hiatus
avec la vie de famille. Quand on rentre à la maison après
des mois de travail, entre épuisement, visions d’horreur et
sentiment du devoir accompli, on retrouve le menu tracas
de la vie quotidienne. On s’en occupe, parce que c’est la
vie, mais on a envie de dire à sa femme : ‘’Te plains pas,
les tiens ils sont au lit et ils dorment.’’ Pourtant, en
l’absence de mari, ce sont bien les épouses qui font tenir
la famille. Elles acceptent de partager leur homme avec la
cause » p.362-363.