un certain regard Muguette Jacquaint, députée « Quelle aventure humaine ! » Après six mandats, Muguette Jacquaint vient d’annoncer qu’elle ne se représenterait pas aux prochaines législatives. Suppléante de Jack Ralite dès 1973 et députée en 1981, lorsque ce dernier a été nommé au gouvernement Mauroy, cette femme de convictions, ouvrière, militante et mère de famille s’est toujours fait un honneur, au sein de l’hémicycle de l’Assemblée nationale, de se faire l’écho des préoccupations des habitants de La Courneuve et d’Aubervilliers. Une vie qui se confond avec ces deux villes. « Toute ma vie, je me suis efforcée, d’être au plus près des gens et de leurs préoccupations quotidiennes. Je suis certaine que c’est cela “faire“ de la politique. Ma vie de députée a été une véritable aventure humaine. Qui aurait pu penser que la petite ouvrière de Sonolor aurait maintes fois l’occasion d’apostropher un ministre de la République ? Qui aurait pu penser que la petite albertivillarienne qui a été obligée d’abandonner son cartable à l’âge de 15 ans, aurait un jour, l’honneur de travailler avec des femmes et des hommes de valeur, comme Jack Ralite ? Mais avouons-le être député, c’est astreignant, c’est prenant, mais c’est enrichissant. Faire remonter à l’Assemblée nationale les demandes, les besoins de la population que vous représentez c’est aussi une fierté. (Pour la petite histoire, l’Assemblée nationale m’a classée 18 e sur 577 députés pour le nombre d’interventions que j’ai pu effectuer). Représenter mes deux “terres“ que sont La Courneuve et Aubervilliers, c’est une charge, mais c’est aussi un honneur. Ce sont deux villes attachantes, fortes de multiples solidarités, de luttes, de joies mais aussi de peines. «Ma vie de femme militante s’est constamment enrichie au contact des autres» Une vie militante qui a démarré très tôt. A 15 ans, forcée d’arrêter mes études, (mes parents ayant considérés que comme fille je n’avais pas besoin de Il faut toujours mettre en avant la place de l’être humain dans la société bagages), j’ai travaillé à Poivresage à Pantin et j’ai adhéré aux Jeunes filles de France (ex-Jeunesse communiste), et à 16 ans j’ai rejoints le Parti communiste français. Je vendais l’Humanité à la criée et je peux vous assurer que ça partait comme des petits pains. En 1973, l’on m’a désigné comme suppléante de Jack Ralite et c’est en 1981, lorsque que ce dernier a été nommé ministre de la Santé du gouvernement de gauche de Pierre Mauroy, que je suis devenue députée. Ce fut une période historique, mais avec le temps on peut dire, sans amertume, que l’on s’est trop “reposé“ sur la délégation de pouvoir. La dynamique a quelque peu perdu de sa force. J’ai été réélue à chaque fois. Ajoutons que dès 1977, je fus élue conseillère municipale, puis adjointe de James Marson. 33, avenue Gabriel-Péri - 93126 La Courneuve Cedex Tél. : 01 49 92 61 40 - Fax: 01 49 92 62 12 Web : www.ville-la-courneuve.fr Regards 227.indd 16 Je me suis tout de suite investie dans la lutte pour les droits des femmes et à l’égalité des chances. Ce combat doit se poursuivre, car l’égalité entre les hommes et les femmes n’est pas respectée, notamment au niveau des salaires et avec les discriminations à l’embauche. Et puis, comment peut-on rester sans rien faire en voyant les violences faites aux femmes. Le patriarcat a la peau dure et il y a même une tentative de régression. Il nous faut être toujours aux aguets et lutter, toujours lutter. Ne jamais baisser les bras. D’autant, qu’à l’heure actuelle, nos gouvernants s’attaquent, sans pudeur, à toutes les conquêtes sociales, depuis le Front populaire et la Libération. et ce n’est pas être archaïque, comme le prétendent nos libéraux de tous bords, que de défendre le Code du travail, les Courriel : [email protected] Directeur de la publication : Gilles Poux Directeur de la communication : Philippe Caro Conception éditoriale et graphique : Anatome Rédacteur en chef : Dominique Duclos Maquette : Nadège Rouland et Farid Mahiedine services publics qui appartiennent à la Nation, le bien social que sont le travail, la santé, les retraites, l’enseignement, l’énergie… Il faut toujours mettre en avant la place de l’être humain dans la société et la redistribution des richesses qui va forcément avec. Ce sont les seuls combats qui vaillent. après les législatives prévues en 2007, je continuerai mon chemin de citoyenne, de femme militante. Bien sûr, j’aurai un peu plus de temps pour mes proches, mais je continuerai à me battre pour transformer cette société, avec le plus grand nombre. Je ne serai pas à la retraite, je pense que je serai toujours cette femme politique qui agit contre les injustices de toutes sortes. Et j’entends bien y prendre toute ma place. « Propos recueillis par éric Bacher Rédaction : éric Bacher, Marie-Hélène Ferbours, Yann Lalande Photos couverture : Claire Malen Toutes photos : Laurent Rothan sauf mentions spéciales Impression : Public Imprim Publicité : Médias & publicité - A. Brasero : 01 49 46 29 46 Ce numéro a été imprimé à 18 000 exemplaires sur papier recyclé 22/11/06 9:03:32