S1 : Les vacances
Lecture
A la plage
1 — Masson voulait se baigner. Nous sommes descendus tous les trois et Marie s'est immédiatement
jetée dans l'eau. Masson et moi, nous avons attendu un peu. Lui parlait lentement et j'ai remarqué qu'il
avait l'habitude de compléter tout ce qu'il avançait par un « et je dirai plus », même quand, au fond, il
n'ajoutait rien au sens de sa phrase. À propos de Marie, il m'a dit : « Elle est épatante, et je dirai plus,
charmante. » Puis je n'ai plus fait attention à ce tic parce que j'étais occupé à éprouver que le soleil me
faisait du bien. Le sable commençait à chauffer sous les pieds. J'ai retardé encore l'envie que j'avais de
l'eau, mais j'ai fini par dire à Masson : « On y va ? » J'ai plongé. Lui est entré dans l'eau doucement et
s'est jeté quand il a perdu pied. Il nageait à la brasse et assez mal, de sorte que je l'ai laissé pour
rejoindre Marie. L'eau était froide et j'étais content de nager. Avec Marie, nous nous sommes éloignés et
nous nous sentions d'accord dans nos gestes et dans notre contentement.
2 — Au large, nous avons fait la planche et sur mon visage tourné vers le ciel le soleil écartait les
derniers voiles d'eau qui me coulaient dans la bouche. Nous avons vu que Masson regagnait la plage
pour s'étendre au soleil. De loin, il paraissait énorme. Marie a voulu que nous nagions ensemble. Je me
suis mis derrière elle pour la prendre par la taille et elle avançait à la force des bras pendant que je
l'aidais en battant des pieds. Le petit bruit de l'eau battue nous a suivis dans le matin jusqu'à ce que je
me sente fatigué. Alors j'ai laissé Marie et je suis rentré en nageant régulièrement et en respirant bien.
Sur la plage, je me suis étendu à plat ventre près de Masson et j'ai mis ma figure dans le sable. Je lui ai
dit que « c'était bon » et il était de cet avis. Peu après, Marie est venue. Je me suis retourné pour la
regarder avancer. Elle était toute visqueuse d'eau salée et elle tenait ses cheveux en arrière. Elle s'est
allongée flanc à flanc avec moi et les deux chaleurs de son corps et du soleil m'ont un peu endormi.
Marie m'a secoué et m'a dit que Masson était remonté chez lui, il fallait déjeuner. Je me suis levé tout de
suite parce que j'avais faim, mais Marie m'a dit « Viens dans l'eau ». Nous avons couru pour nous étaler
dans les premières petites vagues et nous avons fait quelques brasses .
3 — Quand nous sommes revenus, Masson nous appelait déjà. J'ai dit que j'avais très faim. Le pain était
bon, j'ai dévoré ma part de poisson. Il y avait ensuite de la viande et des pommes de terre frites. Nous
mangions tous sans parler. Masson buvait souvent du vin et il me servait sans arrêt. Au café, j'avais la
tête un peu lourde et j'ai fumé beaucoup. Masson, Raymond et moi, nous avons envisagé de passer
ensemble le mois d'août à la plage, à frais communs. Marie nous a dit tout d'un coup : « Vous savez
quelle heure il est? Il est onze heures et demie. » Nous étions tous étonnés, mais Masson a dit qu'on
avait mangé très tôt, et que c'était naturel parce que l'heure du déjeuner, c'était l'heure où l'on avait faim.
Je ne sais pas pourquoi cela a fait rire Marie. Je crois qu'elle avait un peu trop bu. Masson m'a demandé
alors si je voulais me promener sur la plage avec lui. « Ma femme fait toujours la sieste après le
déjeuner. Moi, je n'aime pas ça. Il faut que je marche. Je lui dis toujours que c'est meilleur pour la santé.
Mais après tout, c'est son droit. » Marie a déclaré qu'elle resterait pour aider Mme Masson à faire la
vaisselle. La petite Parisienne a dit que pour cela, il fallait mettre les hommes dehors. Nous sommes
descendus tous les trois.
4 — Le soleil tombait presque d'aplomb sur le sable et son éclat sur la mer était insoutenable. Il n'y
avait plus personne sur la plage. Dans les cabanons qui bordaient le plateau et qui surplombaient la mer,
on entendait des bruits d'assiettes et de couverts. On respirait à peine dans la chaleur de pierre qui mon-
tait du sol. [...] Nous nous sommes dirigés vers l'eau et nous avons longé la mer. Quelquefois, une petite
vague plus longue que l'autre venait mouiller nos souliers de toile. Je ne pensais à rien parce que j'étais à
moitié endormi par ce soleil sur ma tête nue.
D'après Albert Camus – L'étranger
LEC.MLB -Français CM p. 1 1ère période
Expliquer les mots : visqueux / visqueuse – faire quelques brasses – le soleil tombait d'aplomb –
insoutenable – un cabanon – faire quelques brasses -
Préciser les idées :
- Retrouver les passages qui montrent qu'il fait chaud.
- Pourquoi n'y a-t-il plus personne sur la plage ?
- Pourquoi fallait-il mettre les hommes dehors ?
Grammaire
Les mots et les lettres
Le sable commençait à chauffer sous les pieds.
Explications : L'exemple au-dessus est une phrase de huit mots. Le mot « commençait » se prononce en
trois fois « com-men-çait » : il a trois syllabes. La syllabe « com » est composée de trois lettres. C et M
sont des consonnes. O est une voyelle, une lettre qui peut se prononcer seule, contrairement aux
consonnes. Une syllabe contient au moins une voyelle.
« sous » est un mot d'une seule syllabe. Les deux voyelles O et U ensemble forment un seul son. Cela
arrive souvent en Français.
Une phrase est un groupe de mots formant un sens complet. Elle commence par
une majuscule et finit par un point.
Les mots sont composés de syllabes et écrits à l'aide des lettres de l'alphabet.
a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z (a e i o u y sont les voyelles, les
autres les consonnes)
Remarque : Le mot « sable » a deux syllabes « sa-ble ». En réalité, on prononce « sabl... » et pas « sa-
bleu ». En Français, le -e final est souvent « muet ». On ne l'entend presque pas.
On ne peut couper un mot en bout de ligne qu'entre deux syllabes.
Les espèces de mots
Le petit bruit de l'eau battue nous a suivis dans le matin
Explication : Quand on met les phrases au pluriel certains mots changent, d'autres pas.
Il y a 9 espèces de mots.
Les mots invariables sont les mots qui ne changent pas au pluriel (de, pour,
doucement ...). Les mots variables changent au pluriel.
Les mots variables sont : le nom, l'article, l'adjectif, le pronom et le verbe
Les mots invariables sont : l'adverbe, la préposition, la conjonction et l'interjection
Remarque : Cette description raisonnée de la langue française est traditionnelle. Depuis, une autre
description est possible, qui remplace « article » par la famille des déterminants.
Exercices (oraux ou écrits)
3) Réécrire les mots suivants en séparant les syllabes (ex: passager --> pas-sa-ger)
1. habitude – compléter – épatante – charmante – phrase – respirer – pelle – toilette – signifier – rester
4) A l'aide de vos souvenirs de l'année dernière, écrivez un N sous les noms, AQ sous les adjectifs
qualificatifs et un V sous les verbes conjugués (les verbes conjugués à deux mots sont soulignés)
Il est entré dans l'eau doucement et s'est jeté quand il a perdu pied. Il nageait à la brasse et assez mal,
de sorte que je l'ai laissé pour rejoindre Marie. L'eau était froide et j'étais content de nager. Avec
Marie, nous nous sommes éloignés et nous nous sentions d'accord dans nos gestes et dans notre
contentement.
LEC.MLB -Français CM p. 2 1ère période
Conjugaison
Le verbe
On respirait à peine dans la chaleur de pierre qui mon tait du sol.
De loin, Masson paraissait énorme. Marie m'a dit « Viens dans l'eau ».
Nous avons couru pour nous étaler dans les premières petites vagues.
Explication : La chaleur montait du sol ; Marie et l'auteur ont couru ... Les verbes 'montait' et 'avons
couru' disent ce qui se passe, ce qui se fait : l'action de la phrase. Masson paraisssait énorme. Le verbe
'paraissait' dit ce qui est : l'état des choses.
Le verbe dit ce que font, ou ce que sont, les personnes, les animaux, les choses
De loin, Masson paraissait énorme. Marie m'a dit « Viens dans l'eau ».
Nous avons couru pour nous étaler dans les premières petites vagues
Explication : Ce texte raconte une histoire passée. Quels sont les mots qui nous font comprendre que
cette histoire est passée ? Les verbes indiquent le temps de la phrase. Ils se conjuguent ; 'paraissait' est à
l'imparfait, 'viens' est au présent, 'avons couru' est au passé composé : c'est un temps à deux mots, un
temps composé : avons est l'auxiliaire, couru est le participe passé.
Le verbe se conjugue : il change de forme pour indiquer quand se passe l'action.
Les verbes, aux temps simples ont un seul mot, aux temps composés : 2 mots.
On respirait à peine dans la chaleur de pierre qui mon tait du sol.
Il peut y avoir plusieurs verbes conjugués dans une phrase. On dit alors qu'elle
contient plusieurs 'propositions'
De loin, Masson paraissait énorme. Marie m'a dit « Viens dans l'eau ».
Explication : Le verbe 'paraissait' indique que Masson avait l'air très gros. Le verbe 'a dit' indique que
Marie a parlé. Le verbe 'Viens' donne un ordre, et un ordre, c'est assez impératif ! La conjugaison utilise
plusieurs modes, selon l'utilisation que l'on veut faire du verbe ; indiquer des faits : mode indicatif.
Donner un ordre : mode impératif. Annoncer une chose possible : mode conditionnel ...
La conjugaison française contient 4 modes conjugués (indicatif, impératif,
conditionnel, subjonctif) et 2 modes non-conjugués (participe et infinitif).
Nous apprendrons 19 temps cette année. Voir le tableau, à la page suivante.
Remarque : Nous ne verrons pas le conditionnel passé deuxième forme ni l'infinitif passé, mais nous
aurons toute même une bonne idée de la totalité de la conjugaison.
Exercices
5) Retrouver les verbes conjugués du premier paragraphe ; dites s'ils sont des verbes d'état ou des
verbes d'action.
6) Souligner les verbes conjugués du troisième paragraphe
LEC.MLB -Français CM p. 3 1ère période
Tableau de la conjugaison française
Temps simples Temps composés
Mode Indicatif
Présent : Je chante Passé composé : J'ai chanté
Imparfait : je chantais Plus que parfait : J'avais chanté
Passé simple : je chantai Passé antérieur J'eus chanté
Futur simple : je chanterai Futur antérieur : J'aurai chanté
Mode impératif
Présent : Chante ! Passé : Aie chanté
Mode conditionnel
Présent : Je chanterais Passé : j'aurais chanté
Mode subjonctif
Présent : que je chante Passé : que j'aie chanté
Imparfait : que je chantasse Plus que parfait : que j'eusse chanté
Mode participe
Présent : chantant Passé : chanté
Mode infinitif
Chanter
Remarque : Les participes et l'infinitif ne se conjuguent pas. L'infinitif, c'est le nom du verbe.
Exercices
7) Retrouver les verbes du texte suivant. Les souligner d'un seul trait s'ils sont conjugués, de deux
traits s'ils ne sont pas conjugués ( infinitifs et participes)
Au large, nous avons fait la planche et sur mon visage tourné vers le ciel le soleil écartait les derniers
voiles d'eau qui me coulaient dans la bouche. Nous avons vu que Masson regagnait la plage pour
s'étendre au soleil. De loin, il paraissait énorme. Marie a voulu que nous nagions ensemble.
8) (* difficile) Retrouver les verbes du dernier paragraphe. Les écrire à la marge -et les souligner-,
dire alors l'infinitif du verbe, et si vous les reconnaissez son mode, puis son temps.
Ex : tombait : verbe tomber, indicatif imparfait
LEC.MLB -Français CM p. 4 1ère période
Vocabulaire - Rédaction
A la plage
Les premiers jours furent éblouissants. Nous passions des heures sur la plage, écrasés de chaleur,
prenant peu à peu une couleur saine et dorée, à l'exception d'Elsa qui rougissait et pelait dans d'affreuses
souffrances...
Dès l'aube j'étais dans l'eau, une eau fraîche et transparente où je m'enfouissais, où je m'épuisais en des
mouvements désordonnés pour me laver de toutes les ombres, de toutes les poussières de Paris. Je
m'allongeais dans le sable, en prenais une poignée dans ma main, le laissais s'enfuir de mes doigts en un
jet jaunâtre et doux ; je me disais qu'il s'enfuyait comme le temps...
F. Sagan : Bonjour tristesse Julliard
Expliquer les mots : écrasés de chaleur – Elsa rougissait et pelait.
Préciser les idées : Sens propre / sens figuré - Se lave-t-elle vraiment de la poussière de Paris ? Non,
elle s'est lavée avant de venir en vacances. Elle ne peut pas laver une ombre. Il s'agit d'une image. Elle
nous fait comprendre qu'elle oublie ses soucis, sa fatigue de sa vie à Paris. Elle utilise « poussières »
dans un sens figuré. Au sens propre, « Je me lavais des poussières du chantier.» signifie qu'on prend
une douche.
Le plaisir de la Lecture
Souvent, ils transportaient leurs livres et une couverture sur la longue pelouse en pente qui s'étendait
devant la maison. De là, on voyait toute la plaine et, dans le fond, Renaix, ses usines, ses cheminées. Le
train passait au bas de la pelouse... Ils ne bougeaient pas...
Autour d'eux régnait le bruyant silence des journées d'août : la tondeuse de la pelouse, un cri très loin, le
ronronnement d'un camion, une rumeur qui leur semblait monter des pages de leur livre. Les après-
midis très chauds, ils s'installaient sous un grand saule pleureur dont les branches retombaient autour
d'eux. Ils ne voyaient plus le monde qu'à travers le feuillage vert eau. Au-dessus d'eux, la maison, la
terrasse de gravier où Fritz poussait sa brouette, les glycines. Devant, la pelouse, la passerelle au-dessus
de la rivière, le paon qui se promenait. Derrière, le bois de mélèzes. Ils lisaient sérieusement, sans
distractions, prenaient des notes, discutaient l'intrigue, s'indignaient lorsqu'un personnage leur paraissait
trop bête.
F. Marceau : Bergère légère. Gallimard.
Vocabulaire
Un préfixe est une partie du début d'un mot, qui en modifie le sens
Un suffixe est une partie de la fin d'un mot, qui en change le sens
ex : insoutenable : in – souten – able // préfixe – radical - suffixe
Explication : Jaunâtre : Le jaune est une jolie couleur. Le sable jaunâtre est terne, moins beau, moins
jaune. « -âtre » est un suffixe péjoratif.
Le suffixe « -âtre » est un suffixe péjoratif.
Remarque : Le suffixe -âtre s'applique principalement aux adjectifs de couleur.
9) Transformer ces jolies couleurs en couleurs plus ternes : rouge – jaune – vert – bleu – rose -noir
– blanc -
10) Appliquer le suffixe -âtre à ces mots : doux – beau – une vilaine belle-mère est une ...
LEC.MLB -Français CM p. 5 1ère période
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