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L’ACROPOLE
L'Acropole en pratique (mise à jour 08/2007)
Il est possible de pénétrer sur l'Acropole en entrant par le théâtre de Dionysos, sur le té sud, ce qui peut être une
solution judicieuse : on arrive par la station de métro Acropolis visiter pour elle-même), on visite le théâtre, et de-
puis son diazoma intermédiaire, on emprunte le "péripatos" antique qui permet, en pente douce, de voir le sanctuaire
d'Asclépios (restauration en cours, bien avancée) et les autres timents du flanc sud de l'Acropole. On rejoint l'entrée
principale au-dessus de l'Odéon d'Hérode Atticus. Après la visite de l'Acropole, on peut gagner le secteur de l'Aréopa-
ge et l'agora. Cette solution n'est applicable que si l'on n'a pas voulu, ou (cela est parfois obligatoire) laisser en
consigne les sacs à dos (il y a une seule consigne, près de l'Aréopage).
L'ancien musée de l'Acropole est désormais définitivement fermé. On attend avec impatience l'ouverture du nouveau
musée, annoncée actuellement "pour le début de 2008". En tout état de cause, ce musée sera nettement plus grand et
permettra d'exposer des objets jamais montrés au public jusqu'ici faute de place dans l'ancien bâtiment. Demain sera
plus beau !
L'Acropole, un lieu stratégique
Cette colline de 156 m d'altitude, qui domine l'agglomération athénienne d'une centaine de mètres, a été
un site occupé très tôt, puisqu'on y a retrouvé des cabanes datant de 5000 av. J.-C. environ. À l'époque my-
cénienne, un palais y était installé.
Le site a été indubitablement choisi par ses premiers occupants pour ses qualités défensives : on est à
moins de 10 km de la mer, ce qui est une bonne distance, suffisamment courte pour surveiller le rivage (la
rade du Pirée) et voir arriver d'éventuels ennemis, suffisamment longue pour éviter d'être attaqué par surpri-
se. En outre, le site est escarpé, d'un accès difficile, sauf à l'Ouest : il a donc un intérêt stratégique certain.
L'Acropole, un centre religieux
Depuis le début du Ier millénaire av. J.-C., l'Acropole accueille des cultes, notamment celui d'une déesse
de la Nature et d'Érechthée, puis d'Athéna et Érechthée, ainsi peut-être que de Poséidon ; au VIIe s. est cons-
truit le premier édifice monumental, et à partir du VIe s., l'Acropole est exclusivement dédiée aux activités
religieuses, elle a définitivement perdu sa fonction politique.
Au VIe s., les Pisistratides embellissent le rocher : on construit un nouveau temple d'Athéna, plus beau
que le précédent, avec ses frontons en poros. À cette époque sont également instituées les Grandes Panathé-
nées (qui ont lieu tous les quatre ans) et les Petites Panathénées (qui ont lieu les années intermédiaires).
Les Panathénées
Cette fête, qui durait plusieurs jours et se déroulait en été, comportait différentes manifesta-
tions, notamment des concours gymniques dans un stade qui se trouvait sur l'emplacement de l'actuel Stade
Olympique (Kallimármaro, visible du haut de l'Acropole, bien caractéristique avec sa forme en U). La plus
célèbre est la procession qui partait du bout de la cité, de la " porte double " (le Dipylon) au Céramique, tra-
versait l'agora et montait sur l'Acropole, jusqu'à l'autel consacré à Zeus et à Athéna. La veille de cette pro-
cession avait lieu la " veillée sacrée ", avec course aux flambeaux, jeux et chants. À la procession prenaient
part les magistrats de la cité, suivis des citoyens en armes ou à cheval, puis les petites filles (les arrhéphores)
portant les offrandes destinées à la déesse, notamment le péplos tissé par leurs soins dont on revêtirait la
vieille statue en bois d'olivier (le xoanon) placée dans le temple d'Athéna, puis dans l'Érechthéion quand ce-
lui-ci a été construit. (La statue d'Athéna Parthénos, elle, n'a jamais fait l'objet d'un culte : c'est ce qui fait di-
re aux spécialistes que le Parthénon n'est pas un temple mais un immense trésor, c’est-à-dire un bâtiment
dont la seule fonction est d'abriter une offrande, en l'occurrence, la statue elle-même.)
Cette procession, à laquelle participait l'ensemble du corps civique, est probablement celle qui était repré-
sentée sur le Parthénon, en une frise ionique placée au-dessus de la colonnade intérieure. (cf. infra)
Histoire de l'Acropole à travers les âges
Au début du Ve s., de nouveaux travaux sont entrepris, mais l'occupation perse de la seconde guerre mé-
dique entraîne des destructions ; les statues brisées sont enfouies dans des fosses les archéologues les
trouvent, au XIXe s.
C'est Périclès qui fait exécuter un programme de grands travaux sur l'Acropole et dans toute l'Attique (au
cap Sounion, à Rhamnonte, à Éleusis, sur l'Agora…). Il s'agissait alors de donner à Athènes des monuments
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à la mesure de sa puissance politique, à une époque où son impérialisme lui permettait de dominer une bonne
partie du monde grec. Il est certain que c'est la position hégémonique d'Athènes qui lui a donné les moyens
financiers de construire pareil ensemble de monuments : c'est en effet avec les fonds de la Ligue de Délos,
dont ils avaient pris la tête, que les Athéniens ont financé ces constructions. On a pu dire aussi que Périclès
avait voulu donner du travail à ses concitoyens : cette idée est sujette à caution, car on a retrouvé beaucoup
de non-Athéniens parmi les ouvriers et les artistes qui ont pris part à la construction.
À la fin de l'Antiquité, à partir du Ve s., le Parthénon est consacré au culte chrétien, ce qui a permis de le
conserver en excellent état jusqu'à la fin du XVIIe s. Entre-temps, après la Quatrième Croisade et avec l'oc-
cupation franque, à partir de 1205, l'Acropole est rendue à sa fonction initiale de lieu d'observation et de dé-
fense : elle redevient une citadelle. Au XVe s, lorsque la Grèce tombe sous la domination ottomane, les
Turcs transforment le Parthénon en mosquée, puis ils en font leur poudrière ; en 1687, les Vénitiens, sous la
conduite de Morosini, bombardent cette poudrière, réduisant le Parthénon à peu près à l'état dans lequel il se
trouve aujourd'hui, à une différence près : les décors sculptés étaient encore en place, pour la plupart. Moro-
sini a voulu en emporter une partie, Lord Elgin une autre, au tout début du XIXe s. : en 1801, muni d'une au-
torisation du Sultan, il emporte en Angleterre tout ce qu'il peut des sculptures du Parthénon, ainsi qu'une Ca-
ryatide de l'Érechthéion. Ces vestiges sont aujourd'hui exposés au British Museum, à Londres.
Pour en savoir plus
• Sur l'hostilité des Athéniens aux grands travaux de Périclès : Plutarque, Vie de Périclès 12-16.
• Marie-Christine Hellmann, L'architecture grecque, Paris, Le Livre de Poche, coll. Références, 1998.
• B. Holtzmann et A. Pasquier, L'art grec, Paris, École du Louvre, 1998.
• Roland Martin, L'art grec, Paris, Le Livre de Poche, 1994 pour l'édition française.
• L. Bruit-Zaidman et P. Schmitt-Pantel, La religion grecque, Paris, A. Colin, coll. Cursus, 2e éd. 1999.
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ES PRINCIPAUX MONUMENTS DE L
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CROPOLE
I
L
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P
ROPYLÉES
C'est l'entrée monumentale de l'Acropole. Elles sont l'œuvre de l'architecte Mnésiclès, qui les a refaites au
Ve s. (Elles existaient depuis le VIe s.) Elles ne comportent aucun décor sculpté, car ce n'est qu'un passage,
qui ne nécessite pas de grands raffinements décoratifs.
Ce bâtiment devait remplir une fonction précise (marquer la limite de l'espace sacré, donner au fidèle le
sentiment qu'il pénétrait dans un espace proprement religieux) en tenant compte des contraintes matérielles
(étroitesse de l'espace, déclivité du terrain). Pour répondre à cette fonction, il se devait d'être monumental et
imposant, ce qui posait problème au vu du terrain qui lui était réservé.
Les deux façades (l'une tournée vers l'extérieur, l'autre vers l'intérieur de l'Acropole), de style dorique,
sont identiques à des façades de temple, mais l'architecte ne disposait pas de la place suffisante pour mettre
en longueur le nombre de colonnes habituel (6 colonnes en largeur impliquent 12 ou 13 colonnes en lon-
gueur, d'après les proportions ordinairement respectées dans l'architecture grecque) avec l'entrecolonnement
nécessaire pour éviter l'accumulation des colonnes dans un espace réduit, et l'effet de masse qui en aurait ré-
sulté. D'où le recours à des colonnes ioniques, plus élancées (puisqu'elles ne s'élargissent pas vers le bas),
pour avoir le nombre de colonnes voulu et éviter une surcharge inesthétique, en un mot, pour respecter
l'harmonie des proportions. En outre, pour compenser la dénivellation, l'architecte a eu recours à des colon-
nes de différentes hauteurs.
II
L
E TEMPLE D
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THÉNA
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IKÈ
(=
A
THÉNA VICTORIEUSE
)
C'est un temple de style ionique, amphiprostyle. Sa taille est adaptée à l'étroitesse de la plate-forme sur
laquelle il est construit. Callicratès en fut l'architecte ; le temple fut construit dans la seconde moitié du Ve s.
Il abritait une vieille statue en bois (un xoanon) représentant une victoire qui, contrairement à l'habitude,
n'avait pas d'ailes, d'où son nom de Victoire Aptère : on dit que les Athéniens lui avaient coupé les ailes pour
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que la Victoire ne s'envole plus et qu'elle reste à tout jamais chez eux.
La frise représente la bataille de Platées (seconde guerre médique). C'est la première fois qu'une frise re-
présente un sujet non mythologique ; c'est une autre manière d'honorer une divinité, en lui dédiant une vic-
toire.
Une œuvre remarquable: la Victoire détachant sa sandale. Ce relief faisait partie du parapet du temple.
On enlève ses chaussures avant de pénétrer dans un espace sacré tel que la zone autour de l'autel ; cette Vic-
toire pourrait être une desservante du culte. Les ailes, qui sont lisses, étaient peintes. Cette œuvre manifeste
une nouvelle tendance de la sculpture, à l'époque classique : le style "riche", un certain maniérisme qui utili-
se l'artifice bien connu du drapé mouillé, laissant largement deviner les formes du corps qu'il recouvre (noter
que l'on voit même le nombril à travers le vêtement.)
III
L'É
RECHTHÉION
(illustrations page suivante)
Construit entre 421 et 406, il est luvre de Callimaque et occupait l'emplacement du principal lieu de
culte de l'Acropole depuis l'origine ; il abritait notamment la vieille statue d'Athéna Poliade, celle qui faisait
l'objet du culte des Panathénées (le xoanon, i.e. le tronc à peine dégrossi constituant la statue primitive, répu-
tée "tombée du ciel" et "non faite de main d'homme").
Sa forme très particulière et complexe répond aux multiples fonctions que remplit ce bâtiment, qui abrite
plusieurs sanctuaires (Athéna, Poséidon) et que jouxte un enclos abritant différentes reliques : tombes
d'Érechthée et de Cécrops, olivier sacré d'Athéna, puits d'eau de mer, trace du coup de trident de Poséidon
sur le rocher, ainsi que différents autels. En outre, il fallait s'adapter à l'irrégularité du sol. Il comprend trois
parties :
1) le corps principal au centre : il est consacré aux cultes d'Athéna et de Poséidon (partie Ouest à Poséi-
don, partie Est à Athéna ; lorsque le bâtiment a été transformé en église, les chapelles intérieures ont été dé-
truites). Noter la différence de niveau selon qu'on regarde cette partie depuis l'Ouest ou depuis l'Est : de l'Est,
on a l'impression d'avoir en face de soi un bâtiment à un seul niveau ; depuis l'Ouest, on se rend compte que
ce niveau est en fait un " premier étage " ; de l'Ouest, on voit aussi des demi-colonnes engagées dans la faça-
de, sorte de trompe-l'œil. Des deux étages, l'un est au niveau de la tribune des Caryatides, l'autre au niveau
du portique Nord.
2) le portique Nord : c'est l'entrée de la cella d'Érechthée. Noter l'ornementation ionique très riche, la frise
en marbre bleu d'Éleusis, le plafond à caissons.
3) la tribune des Caryatides au Sud : c'est de que les prêtresses d'Athéna suivaient la procession des
Panathénées ; elle est établie au-dessus du tombeau de Cécrops et se distingue par les six statues-colonnes
féminines qui en supportent le toit. (Les statues en place sont des copies).
Ces statues jouent le même rôle qu'une colonne. L'essentiel, du point de vue architectural, est qu'elles
soient suffisamment solides pour soutenir le toit. Les attitudes sont donc choisies pour que la ligne générale
reste la verticale ; d'autre part, la partie la plus fragile, car la plus fine, d'une telle statue est bien sûr le cou,
qui offre un possible point de cassure. Pour renforcer cette partie sans donner au cou un volume exagéré et
disgracieux, les Caryatides ont d'épaisses chevelures ramenées en grosses tresses sur la nuque : cet artifice
permet de concilier beauté plastique et exigences architecturales. On notera en outre qu'il n'y a pas deux sta-
tues qui soient exactement semblables. Elles avancent un pied comme pour se mettre en marche, opposant le
dynamisme de leur allure au caractère statique de la pierre dont elles sont faites.
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ÉRECHTHÉION
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IV
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E
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ARTHÉNON
Avant la construction du Parthénon de Périclès, l'emplacement était occupé par l'Hécatompédon (c’est-à-
dire un bâtiment de 100 pieds de long) en tuf, depuis les années 570, puis par un premier Parthénon en mar-
bre, qui fut ravagé par les Perses en 480.
De tous les édifices de l'Acropole, c'est - en apparence - le moins complexe et le moins original ; mais la
réalité est tout autre. Il fut construit entre 447 et 432, Phidias en fut le maître d'œuvre et le chef-sculpteur, et
Ictinos l'architecte.
C'est un bâtiment construit entièrement en marbre du Pentélique (en marbre massif et non simplement
recouvert d'un stuc de marbre) : le Pentélique est une montagne toute proche d'Athènes, il était donc facile de
se procurer la matière première ; c'est aussi le plus grand édifice dorique achevé (certains temples de Sicile
sont plus grands, mais n'ont jamais été couverts, ou bien leur toiture s'est rapidement effondrée) ; c'est éga-
lement le seul dont toutes les métopes aient été sculptées. Le fait de faire un bâtiment dont l'arrière était
tourné du côté par où l'on arrivait ne manquait pas non plus de hardiesse.
Le Parthénon est le résultat d'un compromis entre :
- les servitudes d'un site déjà partiellement occupé et les nouveautés du programme imposées notamment
par les dimensions de la statue qu'il devait abriter ;
- les exigences du sculpteur Phidias et de l'architecte Ictinos ;
- le respect de la tradition dorique et l'intégration d'éléments ioniques.
Ce n'est pourtant pas un temple, puisque la statue qu'il abritait, la fameuse Athéna Parthénos, œuvre de
Phidias, n'était pas une statue de culte. Le Parthénon a la forme d'un temple, mais il n'est "que" un immense
trésor, recelant une offrande colossale et somptueuse.
Cette offrande était une statue (cf. fig. 4) chryséléphantine, c'est-à-dire recouverte de plaques d'or et
d'ivoire ; étant donné son prix, comme toutes les autres statues de ce type, elle a disparu il y a bien long-
temps ! Cette statue était assez massive, plus large que la moyenne (une copie en marbre, et de taille réduite,
se trouve au Musée National d'Athènes) ; les dimensions du Parthénon ont été calculées pour que la statue ne
semble pas trop à l'étroit dans sa cella. Elle représentait une Athéna armée tenant une victoire dans sa main :
on a pu dire que, outre une œuvre d'art c'était aussi un monument de propagande, dans la mesure où l'Athéna
offrant la victoire à son peuple serait comme la personnification de l'Athènes de Périclès et de son empire.
On a dit aussi que Phidias s'était représenté lui-même en Dédale, avec Périclès en Thésée à ses côtés, sur le
bouclier de la déesse. C'est parce que la statue était particulièrement imposante que le Parthénon est lui-
même plus large et plus long qu'un temple ordinaire : 8 colonnes en façade, 17 en longueur, 30 m de large
sur 69 m de long.
À ces dimensions exceptionnelles s'ajoute un refus de la ligne absolument droite au profit de la courbe :
pour éviter qu'un temple dorique n'ait l'air biscornu, il faut le faire un peu biscornu, et c'est dans le Parthénon
que les corrections optiques sont le plus systématiquement employées :
- une ligne horizontale fuyante paraît concave à lil humain : pour éviter cela, et sans doute aussi pour
mieux évacuer les eaux de pluie, le stylobate (= la base) du Parthénon est légèrement convexe ;
- des colonnes d'une certaine hauteur auront l'air de diverger dans leur partie supérieure : pour qu'elles pa-
raissent verticales, on a fait en sorte qu'elles convergent légèrement, ce qui veut dire que le Parthénon n'est
pas un parallélépipède, mais un tronc de pyramide ; pour que les colonnes ne paraissent pas se creuser à mi-
hauteur, on les a faites légèrement galbées ;
- on a fait les colonnes d'angle un peu plus épaisses que les autres, on a réduit la distance entre la colonne
d'angle et celle qui la précède, pour éviter qu'une métope ne se trouve amputée de moitié par la présence de
l'angle.
Du point de vue de la construction, cela implique que chaque bloc était taillé pour être situé à une place
précise, ce qui requérait une organisation du travail extrêmement précise et méticuleuse et, partant, coûteuse.
D'autre part, si le Parthénon est un exemple éclatant d'architecture dorique, il n'en intègre pas moins des
éléments ioniques, notamment la fameuse frise située au-dessus du mur de la cella et de la colonnade inté-
rieure, à une place d'où, à vrai dire, elle était peu visible.
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