GEI/DONNER : une étude comparative syntaxique et sémantique en mandarin, français Notre étude porte sur GEI/DONNER en langues chinoise (mandarin) et française. Nous nous attachons à décrire des constructions dans les deux langues en relation avec des frames (cadres) sémantiques (cf. Croft 2009) cherchant à dégager une matrice de domaine du concept. L’hypothèse soulevée dans Croft (2009) selon laquelle les propriétés les plus typiques du sens concret permettent de « dériver » des sens « étendus » est ici explorée. La notion d’orientation permet de relier en mandarin certaines constructions apparemment disjointes, mais qui contiennent toutes GEI : (i) verbe donner ; (ii) préposition marquant une relation attributive de type à, pour, et parfois agentive par dans les constructions causative ; (iii) modalité passive. GEI/ DONNER est un verbe de transfert ce qui explique que cette dimension d’orientation soit concrète d’un point de vue sémantique (cf. en français donner sur la cour) ou syntaxique comme dans la construction passive en chinois avec l’ordre des mots : (PATIENT) GEI, AGENT. La dimension de DIRECTION apparaît donc comme centrale à la fois dans le sens concret de DONNER/GEI, des constructions typiques datives, (donner quelque chose à quelqu’un, AGENT, GEI, OBJET INDIRECT, OBJET DIRECT) et comme préposition de tranfert: « act of transfer, manner of transfer, instrument of transfer, precondition of transfer » (Liu 2006). DONNER en français est largement utilisé en tant que verbe support. GEI verbe support n’existe pas en chinois. Par ailleurs, GEI en chinois est utilisé comme marqueur de permission « permissive marker » (Liu 2006): (1) Zhangsan gei Lisi xian huijia. Zhangsan give Lisi first go.home ‘Zhangsan allowed Lisi to go home first.’ DONNER en français s’emploie comme semi auxiliaire de causation/factitif équivalent à faire dans les constructions infinitive, donner à penser. GEI en chinois s’emploie comme construction passive en tant que marqueur d’AGENT : (2) Zhangsan gei Lisi Zhangsan give Lisi ‘Zhangsan got hit by Lisi.’ da hit le. PERF (3) Moshuiping gei didi dafan encrier donner frère renverser ‘l’encrier a été renversé par mon frère’ (Paris 1989 :12) le perf Nous illustrons ces constructions à travers des corpus comparatifs chinois, français. Nous nous proposons une investigation des différentes constructions dans des corpus qui représentent différentes dimensions culturelles. Nous examinons : (i) un corpus de quotidiens Beijing News qui illustrent l’utilisation du langage actuel quotidien en mandarin ainsi que le journal Le Monde en français. Beijing News est un journal on-line, né avec la collaboration de deux groups éditoriaux de régions différents, donc qui utilise une langue Chinoise le plus possible « standard », sans spécifique inflexions dialectal; (ii) la bible comme représentant d’une culture codifiée (pour la traduction chinoise, on réfère à la bible « New International Version NIV ») ; (iii) une collection de contes pour enfants, légendes populaires, liées au mites et traditions chinoise, qui représentent davantage la culture populaire et un langage simplifié correspondant dans l’apprentissage du langage à des constructions de base, concrètes, destinées aux enfants (cf. Morgensten et Chang 2012). References Croft, W. 2009. Connecting Frames and Constructions: A Case Study of Eat and Feed. Constructions and Frames 11: 7-28. Liu, Feng-His. 2006. Dative Constructions in Chinese. Language and Linguistics : 7.4, 863-904. Morgenstern, A., Chang N. 2012. Talking about giving. Interactive scaffolding of language and conceptualization. Autour du verbe. Colloque international en l’honneur de Claude Delmas. 21-22 septembre 2012. Sorbonne Nouvelle – Paris 3. Newman, John. 1993. A cognitive grammar approach to Mandarin Gei. Journal of Chinese Linguistics 21.2 : 313-336. Paris, Marie-Claude. 1989. Sens et Don en Mandarin. Une approche de ‘gei’ en semantique grammaticale. In Linguistique Générale et Linguistique Chinoise. Collection ERA 642. Université Paris 7 : 61-80. Willems, Dominique. 2005. «La complémentation verbale dans le texte : le cas du verbe donner . In Grammatica, Hommage à Michael Herslund. Berne: Peter Lang.