Epreuve de synthèse de documents (3h) - Admission en 2ème année Exemple de sujet : La décroissance est-elle une perspective d'avenir ? Document n°1 La décroissance n'est pas porteuse d'espoir Corinne Lepage, députée européenne et présidente de CAP 21 Article paru dans Le Monde du 21.08.10 Si l'écologie politique décide d'être le porteur de la décroissance et d'un projet défini comme avant tout anticapitaliste et antilibéral, alors elle ratera le coche de l'Histoire qui propose au monde multiple de l'écologie politique d'être le passeur d'une civilisation à une autre, et ce grâce à un projet de transition. Les drames climatiques de l'été ont une fois de plus illustré ce que sera le monde du changement climatique avec ses tragédies individuelles et ses risques collectifs. Pour autant, le prochain sommet sur le climat à Cancún s'annonce très mal ! Certes, les menaces économiques font planer les plus grands doutes sur la reprise. La faiblesse de la création d'emplois, la persistance d'un chômage à deux chiffres et touchant, dans le monde entier, les jeunes de plein fouet rendent très pessimiste. Et pourtant, la transformation du système financier apparaît des plus modestes. Mais le projet d'une décroissance, même qualifiée de prospère (ce qui est un oxymore du même ordre qu'une croissance durable), ne peut aucunement fédérer nos concitoyens et constituer un projet porteur d'espoir. D'ailleurs, les décroissants l'abandonnent progressivement. Dans un ouvrage, Prospérité sans croissance. La transition vers une économie durable (De Boeck, "Planète en jeu", 248p., 17euros), Tim Jackson, de la Commission du développement durable du Royaume-Uni, propose d'abandonner le terme et l'idée pour proposer un autre modèle, proche de ce que j'ai appelé l'évolution soutenable. Plusieurs changements sont nécessaires : il faut avant tout passer d'un modèle économique à deux dimensions (travail et capital) à un modèle macroéconomique à au moins trois dimensions, introduisant le principal facteur de rareté issu de la finitude de notre planète. Il est également indispensable de modifier notre rapport au travail. Dans le système actuel, le travail est avant tout un coût de production qu'il convient de réduire pour les entreprises, et le moyen d'assurer son existence, qu'il convient donc de conserver coûte que coûte, pour le travailleur. En prenant la dimension sociale du travail comme un des éléments d'existence dans une société, on ajoute une nouvelle valeur à ce travail. Le travail devient une valeur sociale centrale du modèle macroéconomique qu'il faut à tout prix préserver, développer, voire partager. Mettre l'emploi au cœur des politiques permet de poser les questions de revenu disponible et de statut des individus dans la société. Mais il implique aussi de changer le rapport à l'entreprise et cesser les amalgames entre les entrepreneurs et le casino de la finance. Il faut enfin changer notre manière de consommer pour aller vers un acte raisonné où le service rendu, à savoir la satisfaction du besoin réel, et la façon dont ce produit ou ce service est obtenu sont les principaux paramètres du choix. La macroéconomie soutenable redonne au politique son rôle et ses droits, celui d'un investisseur de long terme, cependant que le capitalisme évolue vers un capitalisme entrepreneurial. Dans cette conception, l'idée de décroissance a disparu et laisse une place à l'innovation et au progrès, à la recherche d'un bien-être collectif, à de nouvelles activités en lien avec le territoire et la réhabilitation de l'entreprise en lieu et place de l'ingénierie financière. A l'écologie politique de porter ce projet comme un projet de transition, qui respecte la réalité mais nous met en ordre de bataille pour un projet collectif capable de résoudre les contradictions dans lesquelles nous sommes plongés. A titre individuel, partagés entre les contraintes du quotidien et la prise de conscience des changements du monde. Mais aussi, à titre collectif, tiraillés entre les nécessités du court terme et de la compétition internationale (qui existe même si on ne peut que regretter la compétition entre Etats), et du long terme, de la justice intra et intergénérationnelle. Notre vocation est de pousser à la construction, avec nos concitoyens et non dans des cénacles partisans quels qu'ils soient, d'un projet qui propose des solutions concrètes aux besoins de notre pays. Nous devons, coûte que coûte, réconcilier le possible et le souhaitable, faute de quoi nous rendrons impossible le souhaitable et détestable le possible. C'est ici et maintenant que nous pouvons y parvenir, en nous dotant de nouveaux instruments de mesure, en dehors du PIB, en particulier sur l'évolution de l'emploi et celle du patrimoine collectif, humain et environnemental. Ils permettront de mesurer la soutenabilité, la santé, le bien-être, l'éducation… Ces instruments permettront aussi de changer l'évaluation des politiques publiques, de reconvertir les industries du XXe siècle et de favoriser le tissu des PME et non des "champions nationaux". Nous faisons le contraire ! Ils permettront enfin d'aborder la question de la dette en différenciant l'investissement (y compris dans la plus grande richesse qui soit : les humains) du fonctionnement. Nous devons faire du "bien-vivre" un objectif partagé qui repose sur la sécurité humaine. L'intégrité de la personne ne se divise pas et inclut la santé, la protection contre les risques naturels et technologiques, les accidents de la vie autant que la protection indispensable contre les violences en tous genres, à commencer par celles faites aux femmes. Cette société de transition que nous devons porter, qui rend possible le souhaitable, n'est envisageable que dans le cadre d'une gouvernance publique et d'entreprise profondément rénovée, dans une République à laquelle nous sommes fiers et heureux d'appartenir, dans la reconquête de l'espoir d'une vie meilleure. Document n°2 La réflexion sur la décroissance, seul moyen de libérer l'avenir Par Alain Gras, professeur de socio-anthropologie des techniques à l'université Paris-I et Philippe Léna, directeur de recherche à l'Institut de recherche Article paru sur Lemonde.fr, le 26.08.10 Nous ne doutons pas un instant des convictions écologistes de Corinne Lepage, qu'elle a démontrées à maintes reprises, parfois avec courage, y compris contre son propre camp politique. Sa charge contre la décroissance est néanmoins révélatrice des contradictions incontournables dans lesquelles s'enferment ceux qui, même parfaitement conscients des limites de la planète et des dangers que fait courir à la biosphère ce qu'on appelle le "développement économique", n'acceptent pas de remettre sérieusement en cause les mécanismes et l'idéologie qui sont à l'origine de la crise actuelle. Cela les amène à chercher désespérément un moyen de concilier le changement radical dont ils perçoivent l'urgence avec la perpétuation des valeurs structurantes de la société actuelle (compétitivité, "progrès", rentabilité…). Nous connaissions déjà le "développement durable", la "croissance verte" et maintenant nous avons la "macroéconomie soutenable" et la "société de transition". Après avoir traité d'oxymore, c'est-à-dire de contradiction dans les termes, la notion de décroissance prospère et, fort justement, celle de croissance durable, Corinne Lepage vante les bienfaits de la macroéconomie soutenable "qui redonne au politique son rôle et ses droits". Dans cette conception, ajoute-t-elle, "l'idée de croissance a disparu, laissant la place à l'innovation et au progrès". Sustainable en anglais se traduit aussi bien par durable que par soutenable. Les deux termes étant donc équivalents, Madame Lepage se trouve elle aussi prise au piège de l'oxymore : la notion de croissance durable serait absurde selon elle, mais cette macroéconomie qui pense le "capitalisme entrepreneurial" dans le cadre du marché libéral avec sa croissance aurait l'avantage d'être soutenable c'est-à-dire durable ! On a du mal à saisir la cohérence du propos. On se demande comment le programme plein de bonnes intentions de Corinne Lepage parviendrait à marier le travail pour tous ("partagé", selon ses termes), la prise en compte de la finitude et de la rareté, un revenu disponible final décent pour tous, la protection contre toutes les insécurités, le "mieux vivre", sans débrancher la machine à créer de la valeur et des inégalités, machine qui nous a conduits là où nous sommes, et sans restreindre ce qu'H. Daly appelle le throughput (flux de matière et d'énergie venant de l'environnement et y retournant sous forme de déchets une fois passé par le processus de productionconsommation). A quoi il faut ajouter l'impérieuse nécessité de diminuer l'empreinte écologique de l'humanité tout en accueillant 3 milliards de nouveaux terriens, et une consommation croissante pour environ 7 milliards d'entre eux. Comment cela sera-t-il possible ? UNE AUTRE CONSOMMATION Corinne Lepage soutient que "l'innovation et le progrès" nous sauveront dans ce cadre macroéconomique soutenable, or c'est précisément la succession ininterrompue des générations de tous nos appareils, que l'on jette après chaque nouveauté, qui constitue le fonds de commerce de la croissance. Quant au progrès, comment peut-on encore faire vivre, à l'intérieur de la pensée écologique, ce vieux mythe désuet et fourre-tout de l'optimisme béat ? Certes, un fort investissement technologique peut diminuer l'empreinte écologique par unité de produit, mais ce gain, en général tout à fait insuffisant, sera annulé par l'effet rebond d'une consommation croissante per capita (rappelons que même le simple statu quo actuel – ou état stationnaire – n'est pas soutenable). Du reste, l'ouvrage de Tim Jackson (par ailleurs excellent), cité par Corinne Lepage, nous rappelle opportunément que "la vision du progrès social qui nous meut – fondée sur l'expansion permanente de nos désirs matériels – est fondamentalement intenable". La "transition", dans cette version anglaise du mot d'origine française, chez Rob Hopkins notamment (fondateur du mouvement pour la transition), ne s'oppose pas à la décroissance, elle l'accompagne. Madame Lepage semble ignorer ce qu'écrivent les décroissants français depuis fort longtemps, ainsi que les nombreux ouvrages parus récemment sur la question, ou encore les revues qui théorisent la décroissance, comme Entropia, ou informent de manière plus polémique sur les mouvements en cours, tel le journal La Décroissance. A la lecture de ce texte nous sommes frappés par les réticences que montrent certains politiciens et intellectuels, pourtant engagés, à associer la menace bien réelle d'une fin possible à l'idéologie et aux pratiques du système économique mondial, et en particulier au modèle libéral. Il est vrai qu'une autre consommation, fondée sur la sobriété et la délibération démocratique à propos des choix technologiques et des productions à éliminer ou à développer sonnerait le glas de la société néolibérale. Est-ce la nécessité d'exorciser cette perspective qui conduit les tenants d'une "autre croissance" à montrer une telle ardeur et une telle créativité dans les formules ? La capacité humaine à projeter un avenir meilleur, la conscience que tout se transforme, ne nous semble plus devoir passer par la notion éculée de progrès. Cette dernière a surtout servi à faire accepter comme inéluctables des changements qui profitaient à une minorité. Une tout autre vision du monde reste à construire, la contestation des objectifs actuels de l'économie par la réflexion sur la décroissance le permet. Document n°3 L'obscure lubie des objecteurs de croissance Par Pierre-Antoine Delhommais Chronique parue dans Le Monde du 29 juillet 2006 Au-delà des grands classiques - protection sociale, flexibilité du marché du travail, chômage des jeunes, dette publique -, un thème économique inédit pourrait émerger lors de la campagne présidentielle. Celui de la décroissance, doctrine en vogue. L'économie, nous dit-elle, a besoin, pour croître, de ressources énergétiques. Or, celles-ci étant limitées, la croissance est un non-sens. Il faut de toute urgence opter pour la décroissance économique, seule voie pour sauver la planète de la folie des hommes. "Chacun comprend qu'une croissance infinie est matériellement impossible dans un monde fini", affirme dans son programme le Parti de la décroissance, né en avril 2006, et qui organise, cet été, plusieurs marches prosélytiques. Car il s'agit de remettre dans le droit chemin les pauvres pécheurs consommateurs. "La décroissance est d'abord une désintoxication, une désaliénation, un désencombrement." Les objecteurs de croissance, comme ils aiment à se surnommer, bénéficient de la puissance médiatique de quelques-uns d'entre eux, comme José Bové, Yves Cochet, Nicolas Hulot ou Hubert Reeves. Ils profitent aussi de la perte de vitesse, chez les altermondialistes, du combat contre le libéralisme, moins mobilisateur depuis que ce dernier n'est plus incarné par les Etats-Unis mais par des pays émergents comme la Chine, l'Inde ou le Brésil. Apparemment d'une grande simplicité, le concept de décroissance repose en réalité sur des fondations philosophico-scientifiques complexes, voire obscures. "Nous analysons l'économie comme un système de transformation de matière et d'énergie régi par les lois de la physique, et non comme une machine à mouvement perpétuel conduite par des forces exogènes, avec la monnaie pour unique médium", explique un de ses maîtres à penser, Robert Ayres, qui préconise de mesurer production et échanges en joules plutôt qu'en dollars. Les "décroissants" se proclament humanistes, mais ils ne croient pas en l'homme. Leur pessimisme leur fait dire que l'humanité ne sera pas assez inventive pour trouver des énergies de substitution au pétrole ni assez raisonnable pour éviter un désastre écologique. Mais ils laissent à son sort le milliard d'êtres humains qui vit avec moins de 1 dollar par jour. Si les économistes ne croient plus à l'idée, dominante dans les années 1960, selon laquelle une croissance forte est une condition suffisante pour vaincre la pauvreté, ils s'accordent en revanche pour dire que la progression du PIB est une condition nécessaire. "Il est impossible de faire reculer la pauvreté s'il n'y a pas de croissance économique", résume Humberto Lopez, coauteur du rapport de la Banque mondiale "Poverty Reduction and Growth : Virtuous and Vicious Circles". "Une politique de réduction de la pauvreté sans croissance n'est pas viable, ajoute l'économiste Pierre Jacquet. Pour produire des biens publics et promouvoir des objectifs sociaux, il faut un flux de ressources nouvelles, et donc de la croissance." En Chine, le nombre de personnes très pauvres est passé, grâce au boom économique, de 377 millions en 1990 à 173 millions en 2003. Selon certaines simulations, l'extrême pauvreté y sera éradiquée dans quinze ans si le PIB continue à progresser au même rythme. Le scénario catastrophe par excellence pour les objecteurs de croissance. Au-delà des préoccupations écologiques légitimes qui sont les siennes, il faut prendre la doctrine de la décroissance pour ce qu'elle est, une théorie élaborée par des individus habitant des sociétés prospères. Une lubie de gosses de riches parfaitement égoïstes. Mais cela va généralement ensemble. Document n°4 Les axes d’une croissance durable Par JEAN MATOUK Economiste Article paru dans Libération, le 30 juillet 2010 Le monde peut-il trouver une croissance durable, sans trop de gaspillage de ressources, ni trop de pollution de notre «Terre Patrie» (Edgar Morin) ? Certains pensent que non et qu’il convient de prôner la décroissance. Economiquement et politiquement irréaliste ! Il faut un minimum de croissance pour répondre aux besoins sociaux, vieillissement, santé, éducation. Voici donc quelques principes d’une croissance ralentie, mais «soutenable», une «utopie directrice» pour gouvernements un peu moins hantés par la prochaine élection. Devenir des écocitoyens «Le sauvetage de la planète commence avec moi, dans mes achats, mes comportements quotidiens.» C’est la contrainte «kantienne» d’une croissance soutenable. Nos enfants sont déjà plus convaincus que nous de nos devoirs. Encore faut-il transformer ces connaissances écologiques en savoir véritable par un enseignement obligatoire. Ensuite, progressivement, par conviction réciproque, nous changerons nos habitudes. Administrations, entreprises et même ménages, nos décisions d’achat et d’investissement sont précédés de calculs économiques plus ou moins formalisés. Ceux-ci doivent avoir désormais leurs doubles écologiques : bilans ressources et effluents, notamment carbone. Pour que ce bilan écologique devienne aussi impératif que le bilan économique, la fiscalité doit être remodelée avec, par exemple, une «taxation au carbone ajouté». Produire où l’on consomme Depuis deux siècles, on produit de plus en plus loin d’où l’on consomme. On transporte aussi de l’énergie électrique sur des centaines de kilomètres avec une déperdition massive, alors que des énergies potentielles locales ne sont pas utilisées. Si la mondialisation des échanges apporte des avantages, d’autres productions doivent être impérativement relocalisées. D’abord celle des aliments, près des agglomérations : retour des jardins «ouvriers» près des villes ou, même, comme à Chicago, en leurs centres, sur des friches industrielles, voire sur les toits ; multiplication des associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap) pour court-circuiter les réseaux commerciaux qui étranglent les agriculteurs ; mais aussi, dans les pays émergents, réintroduction massive des cultures vivrières paysannes à la place des cultures d’exportation. Il faudrait subordonner les actuels rachats massifs de terres dans ces pays à cette contrainte. Enfin, produire le plus d’énergie possible, sous toutes les formes durables, à où elle est consommée, en ne faisant appel que marginalement à l’électricité de centrales. A cet égard, le gigantesque projet Desertec - électricité solaire saharienne transportée de l’Arabie saoudite au Maroc et en Europe - est totalement disqualifié. Habiter où l’on travaille C’est le principe complémentaire du précédent. Tous les projets d’investissements productifs devraient être accompagnés de projets parallèles d’habitat pour ceux qui y produiront. Il s’agit évidemment de diminuer les besoins de transport privés comme publics pour le travail. Dans certains pays comme la France, les déserts ruraux pourraient être repeuplés pour peu que l’Etat organise l’«irrigation» informatique haut débit du territoire qu’exige la production intellectuelle, sur laquelle nous devons nous recentrer. Dans les pays émergents et pauvres, le développement est lié aux usines, mais le principe s’applique tout autant, avec la nécessité de développer les habitats nécessaires en évitant les erreurs que nous avons commises au XXe siècle dans nos «cités». Il faut également revenir à une urbanisation plus dense. Le «mitage» actuel des campagnes autour des villes est coûteux économiquement et écologiquement très coûteux pour la collectivité. Ces zones pourraient être réallouées, au moins partiellement, à l’agriculture maraîchère ou l’élevage biologiques pour l’alimentation directe des citadins, et l’habitat, les commerces et les services repensés en hauteur. Exclure du marché santé et éducation La santé est de plus en plus coûteuse, ce qui exclut des soins un nombre croissant de citoyens. Paiement à l’acte, absence de prévention, hygiène de vie et alimentation déplorable et, surtout, confusion de la recherche, de la fabrication et de la vente au sein des seuls laboratoires pharmaceutiques poussent irrésistiblement à la hausse des coûts. Paiement par capitation, enseignement obligatoire de l’hygiène de vie, contraintes fortes sur l’industrie agroalimentaire, séparation de la recherche et de la fabrication des médicaments : la puissance publique doit impérativement imposer ces inflexions à un système qui déraille.Quant à l’éducation, elle est l’outil plus indispensable que jamais d’insertion économique et de développement culturel dans tous les pays, dont les nôtres puisque la production intellectuelle doit être notre créneau. Maîtriser les inégalités L’application de ces principes a une conséquence probable : un taux de croissance ralenti. Les investissements en matériel «vert» ne compenseront pas la baisse des transports ou les moindres consommations de ressources diverses. Une croissance sobre est plus lente. C’est bon pour l’atmosphère de la planète, mais quid de l’emploi ? Comment financer le social ? Réponse, au moins partielle : par une réduction drastique des inégalités, dans la distribution primaire et la redistribution des revenus. Les sommes récupérées, pour les entreprises et les Etats, favoriseront l’investissement donc l’emploi, y compris l’emploi public qui n’est pas vicié à la base si sa productivité est maintenue égale à celle du secteur privé. Mais la réduction des inégalités a une autre vertu. Les «riches» définissent, pour une grande part, le «modèle» de consommation et leurs moyens leur permettent de placer la batte toujours plus haut, entraînant des gaspillages croissants. La réduction des inégalités est, à cet égard, le plus important principe fondateur d’une croissance durable.